Effeuillage
La stratégie définit le type de machine

Ludovic Vimond
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Entre l’effeuilleuse à dépression et la version pneumatique, le choix se définit en fonction du travail souhaité.

La stratégie définit le type de machine
Certaines effeuilleuses pneumatiques permettent de choisir entre un effeuillage sur une hauteur de feuillage importante et un travail intensif sur une plus faible hauteur, en changeant l'orientation des têtes à double flux. Crédit : Collard

L’effeuillage de la vigne peut s’effectuer sur une large période, de la chute des capuchons à la vendange. « À l’origine, la mécanisation de la vendange a été développée pour mécaniser l’effeuillage prévendange, il y a une quarantaine d’années en Champagne, remémore Yannick Collard, dirigeant de la société Collard. C’est ainsi qu’est née l’effeuilleuse pneumatique. Par la suite, d’autres régions viticoles s’y sont intéressées et les viticulteurs ont découvert les bienfaits de l’effeuillage précoce, aussi appelé effeuillage en vert ». Ce dernier est aujourd’hui le type d’effeuillage le plus couramment pratiqué, même si l’effeuillage juste avant vendange continue d’avoir ses adeptes. « Pour la vendange manuelle, l’effeuillage améliore la visibilité sur les grappes, explique Cyril Zehner, de Pellenc. En dégageant les feuilles, cela diminue le nombre de grappes oubliées et augmente les débits de ramassage de 30 %, réduisant la charge de main-d’œuvre et facilitant la récolte à la maturité optimale ». Mais certaines exploitations viticoles récoltant à la machine sont également adeptes de l’effeuillage prévendange, afin de limiter les déchets verts dans les bennes des machines à vendanger.

Aspiration ou pneumatique

Aussi, sur le marché des effeuilleuses, il existe deux grandes familles : les machines pneumatiques, aussi appelées à air pulsé, et les modèles à aspiration. Alimentées par une centrale pneumatique, les premières se composent de buses montées sur support rotatif soufflant de l’air à une pression plus ou moins élevée vers la vigne, déchiquetant les feuilles au passage. Cette pression est notamment définie par la section de la buse et se décide en fonction du stade de la vigne. Lorsque le feuillage est tendre, une pression moindre suffit.

Les effeuilleuses à aspiration ont un fonctionnement sensiblement inverse, par dépression. Des tambours rotatifs percés sont placés au contact du feuillage. L’aspiration fait se coller les feuilles contre ce tambour, qui les éloigne des grappes et les élimine par section ou pincement (arrachement). Le mécanisme par contact nécessite l’usage d’un palpeur ou une conduite minutieuse, pour trouver un bon compromis entre effeuillage efficace et pénétration limitée dans le volume foliaire, afin de ne pas endommager la récolte.

Le choix de l’une ou l’autre des solutions va dépendre du travail souhaité. L’effeuilleuse pneumatique peut intervenir dès la chute des capuchons floraux, débarrassant de ces derniers les grappes et limitant les risques de botrytis. Période la plus délicate pour l’effeuillage, la fermeture de grappe peut marquer l’arrêt de l’utilisation de certaines machines pneumatiques, avant une éventuelle reprise en prévendange. « Mais avec les bons réglages, certains utilisateurs de nos dernières générations, parviennent à effeuiller à cette période critique sans blessure », explique Yannick Collard. L’intensité d’effeuillage dépend de la vitesse d’avancement, du débit et de la section des buses, ainsi que de l’orientation des têtes d’effeuillage sur les modèles à double-flux d’air. Ces derniers peuvent réaliser deux passages en un sur une faible hauteur de végétation.

Des interventions à des stades différents

Pour utiliser l’effeuilleuse à aspiration, il faut attendre une dizaine de jours après la chute des capuchons. « Mais on peut l’employer plus tardivement dans la saison, jusqu’à la véraison, notamment pour les cépages rouges, explique Cyrille Fournier, commercial chez Ero. Pour des usages plus tardifs, il est préférable d’être délicat avec les machines à aspiration, si l’on ne souhaite pas prendre le risque d’abîmer les grappes ». Dans cette situation, l’effeuillage sera très partiel - ces machines ne permettent pas quoi qu’il en soit un effeuillage à blanc - mais pourra convenir à bon nombre de viticulteurs.

Le débit de chantier dépend davantage de l’intensité d’effeuillage souhaitée que de la technologie choisie : les vitesses oscillent généralement entre 1,5 et 5 km/h. Côté tarif, l’avantage est aux machines à aspiration, qui débutent entre 12.000 et 15.000 euros pour un modèle demi-rang. Mais selon les besoins et les caractéristiques du tracteur, les prix peuvent fortement varier.

La turbine des modèles pneumatiques se montre aussi gourmande en puissance. Compter selon les marques 30 à 40 ch par rang pour une machine pneumatique, contre 12 à 15 ch pour une version à aspiration.