Carbon Agri
« Monter dans le train » des démarches carbone !

Cédric MICHELIN
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Le conseil d’administration de rentrée de la FDSEA s’est tenu à la cave de Lugny ce 28 septembre. L’occasion notamment de faire un point sur la sécheresse et le dossier loup. Élargi aux sections "animales", le sujet des démarches « bas carbone » aura un rôle majeur dans les années à venir. Avec des opportunités à saisir dans la droite ligne du rapport d’orientation de la FNSEA sur le changement climatique.

« Monter dans le train » des démarches carbone !

Était donc invitée Claire Legrand, responsable du dossier « Bas Carbone » à la FNPL (Fédération nationale de la production laitière) pour présenter la démarche portée par l’association France Carbon Agri, émanation des quatre AS animales (FNB, FNPL, FNO et FNEC). Après avoir défini ce qu’est un « Crédit Carbone », elle soulignait que cela passe auparavant par une labellisation des pouvoirs publics. Cette dernière s’obtient via la réalisation d’un diagnostic initial d’exploitation, permettant d’établir ensuite un plan d’actions sur cinq ans. Le diagnostic peut soit concerné un atelier en particulier (CAP2ER niveau 1) ou l’ensemble de l’exploitation (CAP2ER niveau 2).
L’objectif final étant de vendre les progrès de l’exploitation à une tierce partie qui veut équilibrer son propre bilan carbone. Le fonctionnement de France Carbon Agri Association (FCAA) a donc été explicité. Ainsi, d’un côté FCAA met en place des contrats tripartites : entre producteurs, porteurs de projets et FCAA. Elle gère aussi la labellisation « Bas carbone » du dossier porté par le porteur de projet (groupe d’agriculteurs, FDSEA, opérateur privé) auprès des pouvoirs publics. De l’autre côté, FCAA gère aussi la vente des crédits carbone auprès des entreprises ou collectivités intéressées par un achat de crédit carbone, et le retour vers le producteur.

Double gain ?

Avec un double gain potentiel pour les éleveurs : sur les charges économisées via l’amélioration des pratiques et du fonctionnement de l’exploitation, mais aussi par un retour lié à la vente des crédits carbone. Ainsi sur une exploitation laitière moyenne la réduction de l’empreinte carbone sur cinq ans peut s’élever à 14 %, soit une économie de 300 tonnes de carbone en moyenne via les réductions des émissions de gaz à effet de serre et via l’augmentation du stockage de carbone. En élevage allaitant, l’économie de carbone peut s’élever à 250 - 300 tonnes selon les exploitations. Avec un retour financier de 30 €/ tonne via FCAA, les montants ne sont pas négligeables.
Si tous les participants s’accordaient à reconnaître l’intérêt de la démarche, plusieurs questions étaient soulevées et notamment la difficulté à dégager des marges de progrès et donc un plan d’actions pour nos exploitations déjà les plus performantes sur le plan du carbone. D’où l’intérêt de pouvoir définir son plan d’actions soit par rapport à son exploitation, soit par rapport à une référence moyenne des exploitations d’un secteur donné. Certains exprimaient aussi la crainte que la démarche soit « détournée pour l'accès aux marchés ou pour l'étiquetage des produits » ou que les « démarches carbone » deviennent obligatoires dans la future Pac.
En conclusion, Claire Legrand rappelait que la démarche Carbon Agri reste bien volontaire. Des appels à projets sont ouverts deux fois par an, le prochain étant en décembre 2020. Elle invitait donc chacune et chacun « à saisir le train en marche » pour bénéficier du double gain permis par la démarche, sans parler de l’aspect positif en terme de communication notamment grand public.

Thibault Laugâa

Sécheresse, loup, la pression monte…

Après cette réflexion autour des « crédits carbone », place à l’actualité chaude. Sur la sécheresse, les dégrèvements sont d’ores et déjà actés pour l’ensemble du département sur les prairies (avec un taux pour l’est et un autre pour l’ouest). En parallèle, les visites « sécheresse » se poursuivent pour mettre la pression sur les élus et les pouvoirs publics pour le dossier calamité de cet automne. Enfin, FDSEA et JA sont montés au créneau auprès du ministère pour demander à accélérer la procédure de reconnaissance (réunion du CNGRA) dès le mois de décembre et sans attendre janvier 2021, afin d’obtenir des délais plus courts pour les versements calamités. Chacun est conscient de la gravité de la situation sur le département. L’inquiétude monte.
Inquiétude très forte également sur le dossier loup, l’autre sujet « chaud » du moment. Ainsi, Alexandre Saunier, président de la section ovine de la FDSEA et de la commission ovine de la chambre rappelait-il les démarches menées avec la venue du préfet référent loup mais aussi la mise en place dans des délais « très courts » de tirs de défense simples puis renforcés. Il indiquait également de manière assez directe la qualité du travail effectué par la brigade loup de l’OFB, « on n’a pas affaire à des rigolos, mais à de vrais professionnels de terrain », pour former les louvetiers et les piégeurs. S’il comprenait évidemment la colère croissante des éleveurs et leur sentiment que les démarches n’allaient pas assez vite, il soulignait qu’il faut maintenir la pression et poursuivre le « travail de fond » pour arriver à obtenir enfin ce fameux tir de prélèvement.