Un Pacte en faveur de la haie
Un engagement historique du Gouvernement

Cédric Michelin
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Le gouvernement a annoncé, le 30 septembre, un pacte en faveur de la haie doté d’un budget de 110 millions d’euros par an dès 2024. Objectif : 50.000 kms supplémentaires de haies d’ici 2030. 

Un engagement historique du Gouvernement
Le Charolais-Brionnais milite aussi pour voir inscrit son bocage au patrimoine mondial de l'Unesco.

C’est en Bretagne, une région bocagère et pionnière en matière de valorisation des arbustes que Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, accompagné de Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, a présenté le Pacte en faveur de la haie. Un pacte attendu après le rapport alarmant du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux au mois d’avril. Rapport qui déplorait qu’en dépit de toutes les mesures prises pour leur préservation 20.000 km linéaires de haies continuent de disparaître chaque année. La France compte encore 750.000 km de haies aux effets bénéfiques reconnus pour la préservation de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique. Le pacte a pour ambition de préserver les haies existantes et de planter 50.000 km de haies supplémentaires, agricoles ou non, d’ici 2030. Il s’adresse à tous les acteurs de cette « filière haie » en devenir, pépiniéristes, propriétaires et gestionnaires des haies, entreprises de valorisation du bois-énergie, organismes de conseil.

Sept millions de tonnes de C02 

Le premier objectif est bien sûr de restaurer la biodiversité. Les haies sont des refuges pour les espèces sauvages, en particulier les pollinisateurs. Leur réseau constitue une trame verte nécessaire à ces espèces. Elles permettent de réduire l’érosion des sols, procurent un effet brise-vent et anti-sécheresse. Elles ont des atouts agronomiques indéniables.

Ce pacte devrait permettre de stocker 7 millions de tonnes de carbone dans les haies et les sols en 2030. Son budget, inscrit dans le cadre de la planification écologique, est de 110 millions d’euros par an, qui s’ajoute aux financements publics déjà existants. Un observatoire de la haie va être créé afin de remédier aux connaissances lacunaires des haies implantées en France et d’assurer un suivi qualitatif et quantitatif. Des filières de graines et plants adaptés, d’origine locale, seront développées.

Les régions mobilisées 

Pour inciter les propriétaires à planter et entretenir leurs haies, la mise en place de filières de valorisation des produits de la haie, afin de répondre aux besoins en biomasse, sera favorisée. L’objectif étant d’aboutir à la création d’ateliers bois-énergie rentables dans les exploitations agricoles ou autres. Dans ce cadre, les démarches de labellisation de la gestion durable des haies seront encouragées. Le conseil et l’expertise seront renforcés et même professionnalisés pour aider les propriétaires et les gestionnaires qui souhaitent développer leur linéaire de haies. Les chambres d’agriculture et les associations seront chargées de ces actions. La formation à la gestion de la haie fera son entrée dans les lycées agricoles. Ce pacte national sera décliné par territoire en s’appuyant sur les régions. D’ici fin novembre, 25 actions seront développées en feuilles de route pour être opérationnelles dès début 2024. Pour Marc Fesneau, « la haie est un symbole fort de réconciliation possible de tous les acteurs autour des enjeux de la transition écologique….. Avec ce pacte, l’État propose aux agriculteurs, associations environnementales, chasseurs, entreprises, de travailler ensemble pour arrêter la perte du linéaire et replanter des haies ». Sarah El Haïry a rappelé que « restaurer un paysage ponctué de haies, c’est la défense d’une identité bocagère, d’une ponctuation dans les grands espaces agricoles ».

En Saône-et-Loire, le Département n'avait pas attendu pour agir, puisque le conseil départemental avait fortement abondé le dispositif régional de soutien aux projets de plantations « Bocages et Paysages »

Satisfaction des organisations environnementales 

Ce pacte a été qualifié « d’historique » par l’Afac-agroforesterie, organisme qui fédère 235 associations de défense de la haie et de l’arbre champêtre, et initiateur de « l’Appel de la haie » en février dernier. S’adressant aux ministres, son président, Philippe Hirou, a souligné que cette volonté de l’État « permet de rompre avec un processus engagé depuis les années soixante. M. Pisani, votre prédécesseur, avait d’ailleurs regretté ensuite l’erreur de cette politique », a-t-il déclaré avant de saluer le niveau des moyens annoncés. « 110 millions d’euros par an jusqu’en 2030. Ce n’est pas rien ! Mais cela nous donne une grande responsabilité de réussir ».