EXCLU WEB / Journée parlementaire : Pas de résilience alimentaire sans une agriculture forte

Cédric Michelin
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Comment nourrir notre population de façon adaptée et durable ? Plusieurs pistes ont été évoquées lors des deuxièmes journées parlementaires pour la résilience alimentaire des territoires organisées à l’Assemblée nationale, mi-octobre, par le Conseil national de la résilience alimentaire (CNRA). 

Venu inaugurer ces journées parlementaires, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, a commencé par poser le cadre : Bien entendu l’agriculture d’où provient l’alimentation doit être durable sur un plan environnemental. Elle doit aussi permettre de recréer du lien social, notamment à travers des dispositifs comme les projets alimentaires territoriaux (PAT) au nombre de 400 en France. Mais « il n’y a pas d’agriculture et d’alimentation durables sans durabilité économique. Car c’est la clef de voûte, la pierre angulaire du système, du producteur à l’acheteur », a-t-il insisté. « D’une manière globale la résilience alimentaire ne peut s’affranchir de la souveraineté alimentaire », a acquiescé le député Guillaume Garot (Nupes, Mayenne), président du Conseil national de l’alimentation. Plaidant pour agir sur les modes de transformation à l’image de la baisse des teneurs en sels et prônant l’éducation à l’alimentation et la lutte contre le gaspillage, il entend également agir sur la commande publique dans la restauration collective. « Il y a un champ à labourer », a-t-il glissé, suggérant aux collectivités de « mieux penser local et agir local ». La loi Egalim prévoit pourtant que les repas délivrés par la restauration collective doit contenir au moins 50 % de produits de qualité et durables et 20 % de produits biologiques. Il semble que l’on soit encore loin du compte. Notamment parce que « le nombre d’agriculteurs diminue », s’inquiète Éric Braive, Président de Cœur d'Essonne Agglomération. Pour garder les agriculteurs sur le territoire, il a créé la Ferme de l’Envol, un prototype de ferme autonome de 75 hectares, en agroécologie, sur l’ancienne base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. Elle fournit 300 tonnes de légumes par an à destination des collectivités locales mais aussi des particuliers grâce aux circuits courts.

Base lunaire

« L’innovation est aussi un levier important de la transition », a pour sa part estimé Maguelone Pontier, directrice générale du Marché d’intérêt national (MIN) de Toulouse. Elle a créé au début de l’année une pépinière alimentaire qui accueille près de 50 entreprises, autour de huit pôles dédiés à l’alimentation : produits, services, nouvelles technologies, emploi, communication, confidentialité, bien-être et sport. « Nous travaillons sur des potagers embarqués qui pourraient pousser sur une future base lunaire », a-t-elle annoncé, glissant au passage que les MIN étaient « le seul outil systémique à la disposition des collectivités territoriales ». Sur le volet recherche-innovation, Guillaume Luu, directeur des Affaires publiques d’InnovaFeed (*) Si la résilience nécessite d’agir sur les plantes, le sol (à travers l’agriculture régénératrice), les animaux et elle oblige à s’adapter au changement climatique, elle ne « peut pas s’affranchir du volet humain », a insisté Sébastien Roumegous, président et fondateur de Biosphères. « La formation des agriculteurs et des agricultrices est un des piliers de la résilience. Il faut les accompagner techniquement, dans leurs expérimentations pour atteindre la rentabilité économique sur le long terme », a-t-il soutenu. Autrement dit, l’agriculture s’affirme comme le premier maillon indispensable de la résilience alimentaire souhaitée par les pouvoirs publics. 

(*) Entreprise biotechnologique spécialisée dans l’élevage d’insectes à destination de l’alimentation animale et végétale