Qualité des eaux
Une nette amélioration mais des efforts à poursuivre

Françoise Thomas
-

L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (RMC) a proposé un point le lundi 21 novembre sur la qualité des eaux en Bourgogne Franche-Comté et sur le Grand Est. Si le directeur général de l’agence s’est montré plutôt encourageant sur les résultats, il n’a pas non plus caché qu’il reste encore beaucoup à faire et à préserver.

Une nette amélioration mais des efforts à poursuivre
La prise de conscience générale de ces dernières décennies a conduit à une vraie amélioration de la qualité des eaux.

« Quand on dit beaucoup, c’est beaucoup ! », insiste Laurent Roy pour qualifier l’amélioration de la qualité des eaux en Bourgogne Franche-Comté (BFC) et le Grand-Est (GE). Le directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (RMC) a présenté, avec François Rollin, le directeur de la délégation de Besançon, le nouveau rapport sur l’état des eaux des bassins-versants Méditerranée, représentant « un quart des eaux françaises ».
Au niveau de ces deux régions, BFC et GE, les résultats sont cependant en dessous de la moyenne nationale. En cause, « une plus importante artificialisation des cours d’eau », soulignent les intervenants.
Ainsi en BFC-GE, sont jugés en bon état 26 % des cours d’eau (contre 51 % sur la zone RMC), et 83 % des eaux souterraines (contre 90 % sur la zone RMC).

Le cas des pesticides

D’où la mise en place d’actions à plusieurs niveaux et notamment en collaboration avec les agriculteurs. « Les pesticides sont omniprésents, souligne Laurent Roy. On les retrouve dans 98 % des cours d’eau et 62 % des eaux souterraines », sont quantifiées, respectivement, 280 et 61 substances phytosanitaires différentes. Ainsi, des partenariats sont mis en place notamment au niveau des zones de captage d’eau. Dans le Jura, sur une aire d’alimentation de 52 ha, dont 42 ha de SAU, se trouvent deux exploitations en polyculture élevage. Le programme d’action de l’agence a visé à remettre en herbe, dès 2017, 100 % de la zone (contre 69 % en 2014). Depuis 2018, les molécules posant problème ne sont plus détectées.
Dans le même ordre d’idée, et dans le cadre de la problématique nitrate, focus cette fois sur une aire d’alimentation de 80 ha dans les Vosges, impliquant neuf exploitants. « Les actions menées avec eux, ont permis le développement des surfaces de prairies, la maîtrise foncière et le développement des Cipan ». Résultat : une baisse significative des teneurs en nitrate qui sont passées de 55 mg-l en 2012 à 30 mg/l en 2021, passant en dessous du seuil limite de la norme eau potable.

Des eaux plus surveillées

Il ne faut malgré tout pas perdre de vue que les analyses se sont multipliées de façon exponentielle ces dernières années. « En 1990, nous faisions moins de 18.000 analyses par an, rappelle Laurent Roy, nous en sommes actuellement à plus de 5 millions chaque année ».
Si 25 paramètres étaient mesurés en 1990, il y en a désormais 1.300. Et dans ce domaine, comme ailleurs : plus on cherche, plus on trouve. Sans oublier, non plus par ailleurs, la forte inertie de ces substances : même interdites et non utilisées depuis des années, elles continuent de s’infiltrer dans les sols. « On retrouve plus de 500 substances dans les cours d’eau », rappellent les intervenants.

Des eaux nettoyées

En parallèle, la prise de conscience générale de ces dernières décennies a conduit à une vraie amélioration de la qualité des eaux. Que ce soient au niveau des substances actives utilisées, dont beaucoup qui se sont révélées particulièrement nocives à la biodiversité ont été interdites (la lessive et ses phosphates…), ou que ce soit au niveau du traitement des eaux rejetées, les efforts étaient nécessaires et paient aujourd’hui. « Avant, les eaux étaient reversées directement dans l’environnement. Depuis, il y a un traitement des affluents et la multiplication des stations d’épuration », tiennent à relater les représentants de l’agence.

À regarder de près les chiffres et les courbes, il se constate en effet une division par quatre entre 2008 et 2017 de la toxicité due aux micropolluants organiques, « entraînant donc une nette diminution jusqu’en 2017 ». Puis s’ensuit une nouvelle « explosion » de ces pollutions s’expliquant par le nombre beaucoup plus important à partir de 2017 du nombre et de la variété des molécules suivies.

Retrouver du volume

S’il faut agir sur la qualité des eaux, il convient, l’a rappelé Laurent Roy, d’agir également sur sa quantité.
Là encore, des efforts doivent encore être faits puisqu’« en BFC-GE, 19 % des rivières ont un régime altéré ».
De même, « 42 % des rivières sont cloisonnées par des seuils ou des barrages », autant d’ouvrage perturbant l’écoulement des eaux, des poissons et des sédiments, ce qui a forcément des conséquences en aval avec, par exemple et en l’espace de seulement quelques années, « sept fois moins de sable rejeté par le Rhône en Méditerranée ».
Là aussi, sur ce sujet qui se révèle souvent délicat et source de tension entre les différentes parties, des solutions existent. « Nous devons continuer d’expliquer pourquoi les obstacles sont un problème pour les rivières, insiste Laurent Roy, pour autant nous ne cherchons pas à tout supprimer ».
L’agence RMC reconnaît ainsi qu’il faut agir en prenant en compte les différents enjeux locaux et constate qu’au final, deux tiers des équipements sont équipés et seulement un tiers est arasé. Là encore, la communication et le dialogue priment.

Exemple de travaux de réhabilitation de rivière