Ruralité
Ruralité : Le réel impact du Covid sur les territoires ruraux

France Stratégie (ex-Datar) a récemment publié une note d’analyse intitulée « Exode urbain : une mise au vert timide ». Les spécialistes étudient le phénomène post-Covid qui a incité certains urbains à rejoindre les villes plus petites ou des zones rurales. Mais il n’y a pas de bouleversement majeur. 

Ruralité : Le réel impact du Covid sur les territoires ruraux

Oui le phénomène d’exode urbain au profit du monde rural a bien existé après le Covid, mais pas avec l’ampleur espérée ou perçue. Telle est schématiquement résumée l’analyse de France Stratégies qui, « voulant en avoir le cœur net », s’est appuyé sur deux sources de données : les inscriptions scolaires (de la maternelle au lycée) et les prix de l’immobilier. Des chiffres complétés avec ceux de l’emploi salarié. Ces chiffres tiennent compte du contexte socioéconomique comme le ralentissement de la croissance démographique ; que les inscriptions scolaires sont structurellement en baisse à l’échelle du pays ou encore que la hausse des prix de l’immobilier diffère selon les territoires.

Pour les spécialistes de France Stratégie, « le résultat le plus net de l’analyse (…) concerne les inscriptions scolaires du premier degré ». C’est en effet dans les zones rurales que l’évolution différentielle apparaît la plus favorable et dans les pôles des métropoles qu’elle est la plus défavorable, Paris compris ou non. Les relevés statistiques rapportent ainsi que les grands centres urbains (Paris et grandes métropoles) ont en moyenne perdu -0,95 % d’inscriptions en premier degré (école maternelle et élémentaire) entre la période avant Covid et la période après-Covid. Comme un effet de vase communicant, ce sont les villes moyennes (VM) et les petites aires d’attraction des villes moyennes (AAV) qui ont vu ce nombre augmenter ; de +0,15 % à +0,39 % pour les VM et de +0,54 % à +0,84 % pour les AAV. Quant aux communes rurales, les inscriptions en premier degré augmentent de +1,34 %. Le phénomène se réplique à quelque chose près pour l’enseignement du second degré.

Nouvelles possibilités

Côté prix de l’immobilier, ceux-ci augmentent sur tout le territoire (+4,6 %) avec une hausse plus marquée au profit des couronnes des villes moyennes et des couronnes des métropoles. À l’inverse, les prix diminuent à Paris (-3,13 %), dans le cœur des métropoles (-1,90 %) et de petites villes (-1,24 %) ainsi qu’en zones rurales (-1,32 %). C’est, pour ces dernières, « le signe peut-être d’une disponibilité plus grande du foncier », note l’étude de France Stratégie. Pour affiner cette étude, l’organisme qui dépend du Premier ministre a étudié l’impact de l’emploi sur les territoires ruraux car « les nouvelles possibilités qu’offre le télétravail - du moins pour une certaine frange de la population - constituent (…) un facteur de changement de comportement qui joue en faveur des migrations résidentielles », précisent les analystes. Concrètement, ce sont les métropoles de Paris, Lyon et Toulouse, où les emplois de bureau et les professions intellectuelles sont surreprésentés qui « auraient fourni » le plus de candidats à l’exode urbain. Gare toutefois à cet éloignement d'un jour, les grandes entreprises font marche arrière sur le télétravail, non pas en raison de la hausse de productivité, mais constatant une baisse de la créativité née des échanges sur le lieu de travail.

En conclusion et en faisant deux focus sur les villes moyennes et la Nouvelle-Aquitaine, France Stratégie confirme que le terme d’« exode urbain » paraît excessif pour expliquer le phénomène de « mise au vert » après l’épisode Covid. L’organisme qui préfère parler de « desserrement des cœurs de métropoles » vient ainsi corroborer d’autres études réalisées un peu en amont comme celle de la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu Territoires) publiée en février dernier.