Dossier sécheresse, Zones Vulnérables, ÉGAlim, prix des broutards...
L’État doit prendre ses responsabilités !

Face à l’accumulation des dossiers problématiques et au dialogue de sourds sur un certain nombre de sujets avec les pouvoirs publics au niveau national et régional (Dreal notamment, lire page 2), la FDSEA et les JA de Saône-et-Loire se sont mobilisés le 28 janvier devant la préfecture. Cette manifestation s’est conclue sur un échange avec le préfet et le directeur de la DDT venus à la rencontre de la centaine de manifestants. Retour. 

L’État doit prendre ses responsabilités !

Premier sujet abordé, il s’agit du report inadmissible du dossier de demande de reconnaissance en calamités sécheresse de notre département. Sur ce point, le président de la FDSEA, Christian Bajard, dénonçait un retard inacceptable, avec surtout pour conséquence, des trésoreries d’exploitation qui se tendent encore un peu plus. La présidente des JA, Marine Seckler, renchérissait en soulignant les difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes agriculteurs qui viennent de s’installer.

Pour parler d’avenir, Luc Jeannin, secrétaire général de la FDSEA, insistait sur l’importance d’avoir une véritable politique de gestion des risques dans la future Pac, à l’heure où les outils existants montrent leurs limites, qu’il s’agisse du fonds de calamités ou des outils assurantiels.

Comprenant l’inquiétude, le préfet se voulait toutefois rassurant sur le fond, soulignant que « le dossier (calamités, NDLR) paraît solide et qu’il insistera auprès du ministère de l’Agriculture pour mettre en avant la spécificité de notre département avec une répétition de trois sécheresses successives ». À ce propos, mardi, le député Rémy Rebeyrotte faisait savoir que le ministre de l’Agriculture, par retour de courrier, s’engageait à suivre ce dossier.

Enfin, le préfet de Saône-et-Loire insistait également sur la « nécessité d’avoir une réflexion sur les usages de l’eau », soulignant d’ailleurs que « le sujet est devant nous ». Une réunion était d’ailleurs programmée ce jeudi 4 février.

Stop au dogmatisme

Autre motif fort d’inquiétude, il s’agit du projet d’extension des Zones vulnérables qui toucherait en l’état très fortement l’Autunois et le Charolais. Sur ce point, Benoit Regnault, secrétaire général de la FDSEA, montait au créneau et soulignait l’aberration de la situation sur la zone charolaise avec « une baisse du nombre de vaches, ces dernières années, une hausse des surfaces toujours en herbe, une extensification et malgré tout une production jugée responsable des mauvais résultats d’analyses ». Et surtout des secteurs sur lesquels on ne voit pas de leviers agricoles possibles ! Face à cette impasse, Luc Jeannin alertait sur de probables réactions virulentes d’éleveurs ; compréhensible avec l’accumulation des sécheresses et la crise de la filière bovine.

De plus, Benoit Regnault dénonçait également vivement la différence d’approche entre les deux agences de l’eau, soulignant que sur « Loire Bretagne on avait en moyenne entre trois et six mesures seulement par point… avec utilisation du fameux percentile 90 ! ». Il ajoutait, « on ne s’oppose pas aux zones vulnérables en tant que telles, mais on s’oppose au fait qu’une zone extensive soit classée juste pour une vision dogmatique et uniquement parce que c’est la tête de bassin » ; et de laisser d’ores et déjà entendre que des recours seraient intentés en cas de classement de ces secteurs extensifs. En conclusion, il saluait le travail technique réalisé avec l’agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse grâce à l’expertise de la chambre d’agriculture, pour tenir compte de l’impact des sécheresses sur les résultats d’analyse.

ZNT, glyphosate, phytos...

Autre problématique sur laquelle la profession peine à faire entendre ses arguments de bon sens, il s’agit de la question phytosanitaire et notamment du glyphosate. Sur ce point, Patrice Fortune, président de l’Union Viticole 71 rappelait que la profession ne défend pas à tout prix une utilisation du glyphosate, mais qu’il faut que des alternatives existent en cas de suppression. Il ajoutait que si certains points ont été pris en compte dans les avis de l’Anses (vignes en pente, sols caillouteux notamment), le compte n’y est pas pour ce qui concerne les vignes étroites qui sont une des spécificités de notre vignoble bourguignon.

Bien d’autres sujets ont pu être débattu et à l’heure du retour, une chose restait sûre dans cette vague d’incertitude, la profession sera très attentive aux réponses qu’elle exige.

Thibault Laugâa

Prix du broutard et ÉGAlim : le préfet relance des initiatives en département

La problématique des prix du broutard était le dernier sujet abordé. Sur ce point Guillaume Gauthier, président de la section Bovine de la FDSEA, dénonçait les aberrations de la situation actuelle, « avec des broutards qui ont perdu 25 centimes et pourtant un export en pleine progression ». De plus, les surstocks de JB accumulés lors du premier confinement ne sont plus et les stocks sont revenus à leur niveau habituel ; pourtant les prix n’ont pas augmenté. Et il ajoutait : « le ministre de l’Agriculture a engagé beaucoup de choses, mais maintenant il faut taper du poing sur la table ! ». Et d’ajouter, « sur le label ça doit aller très vite maintenant ! Alors que les objectifs du plan de filière étaient d’atteindre 40 % de volumes vendus en label, on est à peine à 2 % ». Il appelait aussi les éleveurs à se rendre en GMS pour faire remonter les informations à Interbev sur la présence de Label en magasins afin qu’Interbev vérifie s’il y avait bien des contrats avec ces enseignes. De son côté, le préfet s’engageait à décliner localement la « feuille de route de Lezoux » mise en place par le ministère. Des rencontres seront programmées prochainement en département tant avec les opérateurs de la filière qu’avec les GMS.