Abreuvement en bâtiment
Des solutions pour se passer de l’eau du réseau pour l'abreuvement des animaux en bâtiment

Marc Labille
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Dans des élevages de plusieurs centaines d’animaux, la consommation d’eau représente une charge conséquente. Et les sécheresses renforcent la nécessité de trouver des solutions pour être plus autonomes en eau. 

Des solutions pour se passer de l’eau du réseau pour l'abreuvement des animaux en bâtiment
Confrontés à des factures d’eau de plus en plus conséquentes, des éleveurs réalisent sur leurs exploitations des aménagements pour s’affranchir du réseau d’eau potable.

En novembre dernier, la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire avait organisé un rallye consacré à l’abreuvement des animaux. Le sujet était sensible au sortir d’un nouvel été chaud et sec et dans le contexte du changement climatique. Plusieurs élevages ont présenté leurs solutions pour se passer du réseau d’eau potable. Des exemples avec des ressources en eau différentes. À Écuisses, Guillaume Perrot de l’EARL Ovibov a installé un système de récupération des eaux de pluie et réalisé un captage de sources avec réserves.

Récupération des eaux de pluie

Le système de récupération des eaux de pluie concerne un bâtiment d’élevage récent couvert de 1.600 mètres carrés de toiture. L’eau issue des chéneaux coule dans un regard puis descend à travers une canalisation enterrée jusqu’à une réserve d’eau aérienne d’environ 1,40 m de profondeur. Cette bassine sert pour les sécheresses. Guillaume y puise de l’eau directement pour abreuver les bêtes au pré.

L’éleveur a aussi capté trois sources à 250 m en contrebas de ses bâtiments. Ces eaux sont recueillies dans une cuve enterrée de 10.000 litres. Une pompe immergée les remonte après qu’elles aient été filtrées à travers une grille. Cette eau, dont la qualité est jugée bonne, alimente l’abreuvement à l’intérieur du bâtiment. Un surpresseur permet de compléter l’alimentation avec de l’eau de la ville le cas échéant. Ce système satisfait Guillaume Perrot qui devait payer environ 5.000 € d’eau par an auparavant. La qualité de l’eau est convenable et la quantité est abondante en hiver. Par contre, ce captage s’est révélé tout juste suffisant en été, confie l’éleveur qui signale que les sources se sont taries à deux reprises l’été dernier. Une cuve de réserve supplémentaire serait la bienvenue ; soit une cuve tampon au sein même du bâtiment, soit une cuve de récupération des eaux de pluie de la toiture.

Le montant total de l’investissement s’élevait à un peu plus de 27.000 € dont un tiers pour la partie récupération des eaux de toiture. Pour ce dernier équipement, Guillaume Perrot a bénéficié d’une aide du Département s’élevant à 80 % du montant. Il a aussi été aidé par la Communauté Urbaine Le Creusot-Montceau (captage de source) ainsi que par FranceAgriMer (pompage).

Captage de source

À Ciry-le-Noble, Pierre-Étienne Fuet a profité d’un captage de source pour alimenter en eau un bâtiment d’élevage et des prés avec une autonomie proche de 100 %. La motivation principale de cet équipement était économique. L’éleveur devait débourser 3.500 € par an pour la consommation d’eau de l’un de ses compteurs. À cela s’ajoutait un manque de pression dans la conduite d’où une alimentation en eau insuffisante dans le bâtiment, notamment lorsque les vaches s’abreuvaient au moment des repas.

Le captage se trouve en contrebas de la ferme, de l’autre côté de la Route Centre Europe Atlantique (RCEA). La source avait été préservée grâce à un drain au moment de la création de cette route express dans les années soixante. Ce captage alimente une cuve enterrée de 15 mètres cubes. De là, l’eau est remontée jusqu’au bâtiment d’élevage grâce à une pompe. La canalisation et l’alimentation électrique de la pompe passent sous la RCEA à travers un ancien passage d’eaux pluviales. La canalisation débouche dans un local situé au centre de la stabulation principale de cent vaches allaitantes. L’eau y est filtrée. Un bac de 500 litres sert de réserve tout en assurant une pression suffisante dans le réseau. Cette réserve permet de faire face lorsque les vaches se mettent toutes à boire après le pansage, indique Pierre-Étienne Fuet. L’eau de la ville est toujours disponible. Elle alimente le chauffe-eau de sorte à avoir une eau de qualité optimale pour certaines opérations, par exemple les césariennes, indique l’éleveur. Au total, l’aménagement comprenant le captage, la cuve, la remontée d’eau jusqu’au bâtiment et le nouveau réseau d’eau représente un investissement de 37.000 €. Pierre-Etienne Fuet a pu bénéficier d’une aide de la CUCM de 7.200 €.

 

 

Analyses d’eau recommandées

Pour éviter tout risque sanitaire, la qualité des eaux destinées à l’abreuvement des animaux doit être contrôlée. Surtout quand cette eau provient d’une réserve en plein-air ou d’un toit. Des analyses d’eau régulières sont recommandées au moins une fois par an (analyses bactériologiques et chimiques). Dans l’idéal, un système de récupération des eaux de pluie doit contenir un dispositif de filtration et un système de traitement (chlore, UV, ultrafiltration…). « Pour l’abreuvement des petits veaux, on conseille l’eau de l’adduction car il faut une qualité irréprochable », précise Jacques Auclair, conseiller bâtiments à la Chambre d’agriculture. L’eau de la ville est également recommandée pour les élevages hors-sol et les ateliers de transformation, ajoute le technicien. Pour toutes ces questions liées à la qualité de l’eau, il est recommandé de consulter le GDS 71.

Procédure règlementaire : toujours consulter la DDT
Pour tout projet en lien avec l’eau, il est vivement recommandé de consulter la DDT.

Procédure règlementaire : toujours consulter la DDT

Il est vivement recommandé de signaler à l’administration tout projet visant à effectuer un forage, un captage ou une réserve d’eau. Chaque année, ce sont environ 200 signalements de travaux qui parviennent à la DDT de Saône-et-Loire. Pour être sûr de ne pas être en infraction avec la loi sur l’eau, et respecter toutes les procédures en vigueur, mieux vaut faire connaître son projet aux autorités. En Saône-et-Loire, il existe une charte en la matière qui vient d’être mise à jour. Un formulaire de signalement de travaux est accessible sur le site de la DDT, informe Bertrand Dury, expert à la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Relativement simple à renseigner, ce formulaire - que l’on retourne par mail à l’administration, déclenche une visite de l’Office Français de la Biodiversité. Ce dernier examine la situation, ses enjeux puis il émet un avis sur lequel la DDT s’appuie pour délivrer son autorisation par courrier.

Aides : évolutions à venir en 2023…

Le dispositif d’aides dans le cadre du PCAE change en 2023 avec un nouveau programme intitulé PSN. Pour l’heure, les modalités de ce nouveau plan d’aide ne sont pas encore connues. En revanche, l’aide du Département est encore en vigueur pour des récupérateurs d’eau de pluie ou tonnes à eau. Elle peut atteindre 80 % du montant avec un plafond. La demande se fait en ligne et elle est relativement simple à faire ! Depuis 2020, la CUCM attribue une aide à l’autonomie en eau. Le montant peut aller jusqu’à 40 % avec un plafond de 18.000 €.

Un guide de l’abreuvement est édité en Bourgogne Franche-Comté par le collectif ASSECC. Il est accessible sur le site de la Chambre régionale d’agriculture « bourgognefranchecomte.chambres-agriculture.fr ».