Pas seulement réservé au crédit-bail, l’augmentation des acquisitions de matériel en "full service" contribue toutefois à son essor. En incluant l’entretien et la garantie dans le contrat de location, il permet de fixer un coût d’utilisation aux machines agricoles.

Le leasing porté par le succès du "full service"

Louer sa machine agricole en leasing et y ajouter un contrat de maintenance forfaitisé. Cette formule appelée « full service » connaît un vrai succès au sein de la Ferme France, et participe à l’essor du leasing (location) auquel il est souvent associé. « Ce n’est pas systématique et assez minoritaire, mais c’est en croissance », explique Philippe Beaumont de BPCE Lease. « Le full service se développe beaucoup depuis deux ou trois ans, observe Emmanuel Thierry, directeur commercial chez le concessionnaire Lecoq. Surtout auprès des ETA, et ceux qui renouvellent beaucoup leur matériel. Comme ça, ils fixent leurs coûts ». « Attention à la confusion entre full service et crédit-bail, prévient Stéphane Chapuis, chef du service Agroéquipement Environnement Économie à la FNcuma. De tels services sont également possibles en achat classique ».

Les concessionnaires voient aussi l’intérêt. « Le leasing permet d’ajouter des services annexes, en plus de la solution de financement », souligne Charles-Henri Guespereau, directeur commercial de CNH Industrial Financial Services. Cela ne se limite pas au contrat de maintenance, à l’extension de garantie. « Dans le futur, il y aura plein d’autres services. Exemple : des abonnements à l’agriculture de précision, pour le guidage du matériel ».

Une solution « pour être tranquille »

Le cas de Johann Morin, agriculteur et négociant à Saint-Péravy-la-Colombe (Loiret), illustre cette tendance. Chef d’exploitation sur près de 30 ha de céréales, condiments, pommes de terre, il est aussi co-gérant d’Allium Beauce Company (ABC). Le négoce d’oignons, à trois associés en SARL, travaille avec 70 producteurs sous contrat. Tous ses tracteurs sont en location. Soit 18 au total, qui assurent une partie des travaux au champ sur 600 ha et le transport des oignons jusqu’au site de transformation d’ABC à Patay. « Il nous faut 18 tracteurs au pic de l’activité pour transporter la récolte avec un même nombre de camions », explique Johann Morin. « L’intérêt de la location, c’est d’avoir du matériel neuf, estime-t-il. Mes tracteurs ont tous moins de 2.000 heures. Peu de risque de tomber en panne. Leur coût d’utilisation est fixé dans le contrat de leasing. Le full service m’apporte la tranquillité : en cas de panne, la réparation est assurée dans les deux heures, le remplacement sous 36 heures ». Et peu importe s’il n’est pas propriétaire. À ses yeux, le tracteur n’est « qu’un outil de travail ».

Cet exploitant va jusqu’à louer à son tour ses machines quand elles ne sont pas utilisées. « Une autre partie de l’année, cinq tracteurs servent à recharger des oignons, les 13 autres n’ont plus d’utilité sur la SARL. Alors on fait de la location à l’extérieur ». ABC a un contrat de location de 18 tracteurs sur cinq ans, chacun ayant une utilisation annuelle de 400 heures à 500 heures « J’ai 7.700 heures de tracteur à occuper, calcule-t-il. Mon contrat autorise la relocation. Parce que seuls 5.000 heures sont nécessaires à l’entreprise : 3.500 heures à la récolte, 1.500 heures l’hiver pour aller chercher des stocks ». Les heures restantes vont à la location extérieure, auprès des agriculteurs du groupement, de clients du concessionnaire ou de producteurs voulant essayer un tracteur d’une certaine puissance.