Section avicole de la FDSEA
Nombreux sujets d’inquiétude pour la section avicole de la FDSEA …

Marc Labille
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Les sujets d’inquiétude ne manquent pas pour les éleveurs de volailles de Saône-et-Loire : montée des importations, explosion des coûts de production, menace sur l’étiquetage fermier-plein-air, influenza aviaire… Chahutée par la mondialisation, la filière avicole doit rester mobilisée.

Nombreux sujets d’inquiétude pour la section avicole de la FDSEA …
Les éleveurs avicoles de la FDSEA ont aussi abordé le sujet du photovoltaïque avec l’intervention de David Duclary, de la Chambre d’agriculture qui a évoqué le cas particulier des panneaux voltaïques au sol faisant office d’ombrières sur les parcours de volailles.

L’assemblée générale de la section avicole de la FDSEA a eu lieu le 24 février dernier à la ferme de Jalogny. Présidée par Loïc Lacroix, éleveur de volailles et de bovins à Neuvy-Grandchamp, la réunion a débuté par un point de conjoncture présenté par Cécile Chuzeville, animatrice de la section et responsable du service syndical à la FDSEA.

Première viande consommée dans le monde et seconde en France, la volaille a le mérite d’être plébiscitée par les consommateurs. Mais la hausse persistante des importations a de quoi inquiéter les producteurs français. Une volaille sur deux consommée en France provient de l’étranger. En un peu plus de vingt ans, la part d’import est passée de 25 à 45 % et fin 2022, les volailles étrangères ont fortement progressé dans la consommation nationale. La raison de ces quelque deux milliards de volailles importées est leur prix. Ces viandes d’importations sont très demandées par la restauration hors domicile et la transformation qui ne jurent que par les prix le plus bas. Contraints par des exigences qui pèsent sur leurs coûts de production, les éleveurs français ont du mal à répondre à cette course au moins disant. La flambée des coûts de production fin 2022 n’a fait qu’aggraver la situation. « Des élevages se montent en Espagne où ils utilisent de la farine animale » tandis que « l’Ukraine va re exporter des volailles… », informait-on. La grippe aviaire qui a durement frappé les capacités de production de l’ouest du pays est aussi une explication de cette montée de l’import.

Baisse du pouvoir d’achat des ménages

Dans ce contexte inflationniste, on assiste à un recul des mises en place de volailles label rouge (- 10 % par rapport à 2021 et – 15 % par rapport à 2020). Cette baisse touche toutes les volailles de qualité (pintades, canards, bio, AOP…) et elle est une conséquence de l’impact de la grippe aviaire. Ce recul pâtit aussi de la baisse du pouvoir d’achat des ménages. En effet, les consommateurs se rabattent sur des gammes moins qualitatives… La Bourgogne est cependant la seule région de France à ne pas avoir baissé ses abattages avec un volume de volailles standard maintenu.

 

En ce début d’année, la section avicole est mobilisée contre la révision des normes de commercialisation européennes. La Commission Européenne prévoirait en effet un changement de règles dans l’étiquetage des modes d’élevage des volailles. Il s’agirait purement et simplement de supprimer ce qui permet aux consommateurs d’identifier les modes d’élevage des volailles. En clair, avec la suppression des mentions « fermier – élevé en plein-air et fermier – élevé en liberté », c’est la fin de la filière volailles fermières française.

Le projet de la Commission Européenne…

Comme les responsables de la FDSEA et de la section avicole l’ont argumenté dans un courrier adressé aux parlementaires de Saône-et-Loire, « la France – plus grand producteur européen de volailles alternatives (AOC, label, bio) », avec « 20 % de volailles bénéficiant d’un accès extérieur », est « le pays le plus concerné » par cette réforme. La suppression des normes existantes risquerait de voir se multiplier des « mentions fantaisistes » poussées par le seul marketing, sans aucun contrôle. Cela aboutirait à un « brouillage de l’information des consommateurs », lesquels seraient orientés vers les « moins disant ». Pour les défenseurs de la filière fermière, la Commission Européenne programmerait ainsi la disparition d’ici 5 à 10 ans des productions fermières françaises avec la perte de 5.000 éleveurs et 10.000 emplois à la clé… Interpellés par ces arguments, les parlementaires ont immédiatement répondu à la lettre de la FDSEA et de la section avicole et le Ministère vient de faire un communiqué qui semble tempérer quelque peu les inquiétudes de la profession… Mais sans la vigilance des éleveurs et de leurs représentants syndicaux, ce projet de la Commission Européenne serait passé, alerte Louis Accary, membre du bureau de la Confédération Avicole Française et co-signataire du courrier. Derrière cette réforme défavorable aux productions fermières, il y a la pression des pays de l’Europe du Nord – Allemagne en tête – qui rêvent d’imposer « du poulet standard plus » à la place du label, informait Louis Accary.

Influenza aviaire : dans l’attente de la vaccination

L’influenza aviaire hautement pathogène ou grippe aviaire était le thème d’actualité de la seconde partie de réunion. Valérie Kroely-Garin, de la DDPP 71 a fait le point sur une crise qui inquiète les éleveurs de volailles. Le dernier épisode en date de cette influenza « H5N1 » comptait à ce jour en France 298 foyers concentrés à 85 % en Pays-de-Loire et Bretagne. « En 2022, nous nous sommes retrouvés face à une situation épidémiologique très particulière », expliquait Valérie Kroely-Garin. Jusqu’alors, la maladie était plutôt hivernale alors que cette année, une très forte mortalité est survenue pendant tout l’été, rapportait l’intervenante qui en déduisait « qu’une endémisation de la maladie était à craindre avec une circulation dans la population sauvage résidentielle ». La France se retrouverait alors sous une double menace : « celle de l’introduction d’un nouveau virus par les migrateurs et la contamination par la faune sauvage locale… ». Si c’est bien dans l’Ouest que la grippe aviaire fait le plus de dégâts, la plupart des régions métropolitaines sont touchées et depuis l’été dernier, des cas sont apparus dans les départements limitrophes et en Saône-et-Loire avec des contaminations constatées sur des cygnes, bernache, aigrette et même mouette rieuse avec conséquences sur des élevages… En cas de suspicion d’influenza aviaire hautement pathogène, c’est tout un protocole de mesures de gestion qui est appliqué par l’administration. La première étape est un « arrêté de mise sous surveillance » (AMS) qui place l’élevage « sous cloche » ce qui signifie son « blocage total ». Si la suspicion est confirmée, alors « un arrêté préfectoral de déclaration d’infection » est pris dans les plus brefs délais. Pour l’élevage concerné, cela signifie l’euthanasie, sous l’autorité de l’administration, de tous les volatiles et l’élimination de leurs cadavres. Le protocole implique l’évacuation et l’assainissement des fumiers, une enquête épidémiologique pour établir les liens éventuels avec d’autres élevages. Des mesures spécifiques s’imposent aussi pour le nettoyage et la désinfection des bâtiments et du matériel… La DDPP indemnise tout ce qui est lié à l’abattage des animaux, à l’élimination de leurs produits, frais vétérinaires, d’équarrissage, d’analyse… Les pertes économiques annexes sont également prises en charge par la DDT. Un zonage s’applique au voisinage de l’élevage concerné avec trois périmètres de 3, 10 et 20 km. Pour les élevages de ces zones, des mesures de confinement, restrictions de mouvement s’appliquent… Très lourdes, contraignantes et complexes, ces mesures évoluent régulièrement, reconnaissait Valérie Kroely-Garin. Pour les élevages en plein-air (label ou AOP), c’est une épée de Damoclès qui les menace constamment avec le risque de devoir fermer les animaux. Une contrainte qui risque de se répéter avec la présence de l’influenza dans la faune sauvage locale, s’inquiétaient les responsables de la section avicole. Malgré les indemnisations, « certains éleveurs se retrouvent dans des situations financières très compliquées », signalait Louis Accary. Sans oublier l’impact psychologique d’un tel évènement. La meilleure réponse à la menace de grippe aviaire est la biosécurité, insistait Valérie Kroely-Garin. On attend aussi beaucoup de la vaccination. À l’échelle de la France et de l’Europe, il y a une nouvelle volonté d’aboutir sur ce dossier de la vaccination, indiquait l’intervenante. Mais la mise au point d’une stratégie vaccinale est compliquée. Il faut trouver le bon vaccin, le faire fabriquer aux laboratoires et il faudra mettre au point un moyen pour distinguer les vaccinés des malades, expliquait Valérie Kroely-Garin.