Incendie à l'usine du Smet 71
Incendie du bâtiment de tri du Smet 71 : "pas de solution immédiate" pour la filière compost

Florence Bouville
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Le samedi 18 mars, en début d’après-midi, le bâtiment de tri du Syndicat mixte d’études et de traitement des déchets a pris feu, à Chagny. Dominique Juillot, président du Smet 71, cherche déjà de nouveaux centres d’enfouissement, pour continuer de traiter les déchets des habitants sans problème. La méthanisation et la production de compost ne reprendront pas avant un an. Cet accident tombe mal pour les agriculteurs, au vu de la hausse des prix des amendements organiques.

Incendie du bâtiment de tri du Smet 71 : "pas de solution immédiate" pour la filière compost
Chargement de compost sur la plateforme Ecocea, avant l'incendie du 18 mars, à Chagny.

Depuis 2015, l’unité de tri-méthanisation-compostage Ecocea permet de récupérer et de traiter la partie organique des ordures ménagères. Du biogaz et du compost normé NFU 44-051 sont ainsi produits, issus de la valorisation de 50 % des déchets entrants. La coopérative Bourgogne du Sud, principal acheteur du compost, est actuellement en train de faire le point sur les alternatives possibles. Il reste encore « des volumes disponibles pour pallier le très court terme », déclare Lionel Borey, président de la coopérative Bourgogne du Sud, en partie rassuré de la situation. Mais les stocks de compost épargnés par l’incendie vont s’épuiser très vite. « Ce sont entre quinze et dix-huit mille tonnes de compost qui n’existeront pas cette année », précise Dominique Juillot. La plateforme pourrait produire du compost en y intégrant une plus grosse part de déchets verts, mais cela modifierait grandement sa valeur ajoutée agronomique. L’équipe d’Ecocea songe également à extraire les matières fermentescibles des ordures ménagères sans qu’elles aient à traverser la chaîne de traitement complète. Dans ce cas, une petite quantité de biogaz et de compost serait au moins produite. Mais rien de comparable avec une année classique.

Le traitement des biodéchets est de plus en plus au cœur des politiques publiques. En particulier depuis la parution de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Seulement, les débouchés agricoles ne sont jamais réellement mis sur la table. Pourtant, une vraie question se pose : « les biodéchets, qu’est-ce qu’on en fait derrière ? », souligne Dominique Juillot. Les producteurs doivent être davantage mêlés aux discussions et débats collectifs. « Ce n’est pas qu’un problème agricole, c’est un problème global », ajoute-t-il. D’ailleurs, le président du Smet 71 milite pour que la directive européenne interdisant l’épandage de compost issu d’ordures ménagères ne puisse être votée. Ce décret s’appliquerait à partir de 2027, « donc c’est demain ». Le compost est aujourd’hui plus qu’utile aux agriculteurs locaux, faut-il encore le rappeler. Depuis l’accident, Dominique reçoit de nombreux coups de fil remplis d’inquiétude. Malheureusement, à la question « comment va-t-on faire ? », il n’a pas encore de certitudes.