Les brèves du 3 avril 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 3 avril 2023

Les brèves du 3 avril 2023

Grandes cultures/S-métolachlore : Fesneau persiste et signe dans une tribune

Annoncée durant le congrès de la FNSEA, sa volonté de revenir sur la procédure d’interdiction de l’herbicide S-métolachlore a suscité de vives critiques (voir ci-dessous) : le ministre de l’Agriculture persiste dans une tribune publiée le 1er avril sur son compte Twitter, assumant son choix au nom de la « souveraineté alimentaire ». Dans son texte, Marc Fesneau assure que l’expertise ou le rôle de l’Anses « n’ont jamais été remis en cause » et justifie sa position par « la synchronisation et la cohérence nécessaires » avec le calendrier européen, sans se prononcer sur les risques sanitaires liés à cet herbicide. Utilisé surtout sur maïs et sur colza, ce produit verra son autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l’UE expirer le 31 juillet. Sur la base de l’avis de l’Efsa rendu le 28 février, la Commission européenne ne devrait pas proposer sa ré-autorisation. Dans une lettre à l’Anses qu’il a également rendue publique sur Twitter, le ministre explique qu’une décision d’interdiction de la Commission européenne pourrait ne pas intervenir avant novembre 2024, soit « jusqu’à deux ans après la fin de l’utilisation au niveau français », jugeant un tel décalage « peu compréhensible ».

 

Grandes cultures/S-métolachlore : les critiques fusent après l’annonce de Fesneau

Après que Marc Fesneau a annoncé au congrès de la FNSEA sa volonté de revenir sur la procédure d’interdiction de l’herbicide S-metolachlore engagée par l’Anses, l’ONG Générations Futures avait immédiatement dénoncé un « scandale en matière de protection de la santé publique et de l’environnement » alors que l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) a classé cet herbicide comme « substance cancérigène suspectée » en juin dernier. Plusieurs élus socialistes et écologistes ont déploré une atteinte à l’indépendance de l’Anses. L’eurodéputé (Renaissance) Pascal Canfin, cité par Le Monde, a souligné que la science était « maintenant très claire concernant cet herbicide » et que la priorité était « de travailler aux alternatives pour les agriculteurs, pas de mener des combats du passé ». Le 29 mars, devant le congrès du syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, le ministre avait annoncé avoir demandé à l’Anses de revenir sur sa volonté d’interdire les principaux usages du S-métolachlore. L’Anses, mandatée pour évaluer et autoriser ou non les pesticides, avait annoncé le 15 février engager une procédure de retrait concernant cet herbicide. « Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d’une agence ».

 

Machinisme : CNH rachète le spécialiste du guidage Hemisphere pour 175 M$

Le constructeur CNH Industrial (Case IH, New Holland) rachète Hemisphere, spécialiste du positionnement par satellites, a-t-il annoncé le 30 mars. Chiffrée à 175 millions de dollars, l’opération doit aboutir « au cours du troisième trimestre 2023 », selon un communiqué repéré par nos homologues de Réussir Machinisme. Elle intervient après l’acquisition en 2021 de Raven Industries, autre entreprise du guidage. CNH complète ainsi ses « solutions automatisées et autonomes pour l’agriculture et la construction ». L’américain Hemisphere continuera de fonctionner comme une entité autonome dans ses activités aux États-Unis, au Canada et en Australie, précise le groupe. Son expertise et son réseau seront intégrés aux produits et services des marques CNH. Le catalogue s’élargit ainsi à des systèmes électroniques et solutions logicielles, y compris des puces de circuits intégrés et circuits imprimés, le traitement de radiofréquence, des algorithmes de navigation et de correction par satellites. Cette opération reste soumise à l’aval des actionnaires chinois d’Hemisphere, aux approbations réglementaires en Chine.

 

Eau : Météo-France met en ligne ses projections régionales sur les disponibilités

Météo-France lance un nouveau portail, DRIAS-Eau, pour visualiser l’évolution des ressources hydrologiques au cours du siècle en fonction du réchauffement climatique, a-t-il annoncé le 30 mars, au lendemain de l’annonce du plan Eau du gouvernement. Ce portail, élaboré dans le cadre d’un projet européen en collaboration notamment avec l’institut de recherche Inrae, comprend « un ensemble de données hydrologiques (sur le) climat futur, basées sur les différents scénarios du Giec et permet de visualiser, sous forme de cartes, l’évolution de la ressource en eau au plus près des territoires, à court, moyen et long terme », indique Météo-France dans un communiqué. Les données disponibles sont notamment des simulations sur le débit des cours d’eau sur près de 850 points du réseau métropolitain, sur l’évapotranspiration, l’humidité des sols, l’équivalent en eau du manteau neigeux (le stock d’eau potentiellement disponible au moment de la fonte), le drainage (la quantité d’eau qui s’infiltre dans le sol) ou encore le ruissellement (l’eau que le sol ne retient pas et qui s’écoule vers les cours d’eau). Le portail s’enrichira d’ici à l’été 2024, avec des données concernant les eaux souterraines et de nombreuses autres données sur d’autres cours d’eau du territoire.

 

Plan eau : Jadot critique un « plan qui maintient l’ébriété », en particulier en agriculture

L’ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a qualifié le 30 mars de « plan qui maintient l’ébriété » la stratégie de gestion de l’eau présentée la veille par Emmanuel Macron. « C’est la fuite en avant : en fait ce n’est pas un plan de sobriété, c’est un plan qui maintient l’ébriété dans la consommation de l’eau dans notre pays », a déclaré l’eurodéputé sur Franceinfo. Pour tenter de mieux gérer cette ressource menacée par les sécheresses, le chef de l’État a dévoilé jeudi un « plan de sobriété » qui concerne tous les secteurs économiques et les particuliers, tout en ménageant les agriculteurs. Yannick Jadot a critiqué ce choix : « Mettre de côté le secteur (l’agriculture) qui l’été consomme 80 % de l’eau, c’est quand même un déni absolu des réalités ! ». Alors même que M. Macron présentait son plan, a rapporté M. Jadot, « vous avez le ministre de l’Agriculture qui va à la FNSEA, qui est le syndicat qui défend aussi une forte ébriété en eau, et dit + on a gagné ! Vous n’aurez rien à faire ! » Marc Fesneau s’est félicité jeudi devant le congrès du premier syndicat agricole de l’absence d'« effort supplémentaire » demandé aux agriculteurs. « On est dans un système qui est totalement dingue », a estimé l’écologiste, rappelant que « 94 % de notre agriculture n’est pas irriguée ».

 

Tunisie : face à la sécheresse, Tunis impose des restrictions dans l’utilisation de l’eau

Les autorités tunisiennes ont annoncé le 30 mars des restrictions dans l’approvisionnement et l’utilisation de l’eau potable pour l’agriculture et les particuliers dans le pays, frappé par la sécheresse, afin de préserver les faibles réserves de ses barrages. « Au vu de la fréquence des années de sécheresse, ce qui a eu un impact négatif sur les réserves des barrages au point d’atteindre un niveau (de faiblesse) sans précédent", le ministère de l’Agriculture, des Ressources en eau et de la Pêche a décidé d’interdire jusqu’à fin septembre l’utilisation d’eau potable dans l’irrigation agricole et des espaces verts, le nettoyage des rues et des espaces publics, selon un communiqué. Pas question non plus pour les particuliers d’arroser leur jardin ou de nettoyer leur voiture avec l’eau du robinet. Selon la même source, la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) pourra procéder sans préavis à l’arrêt de l’alimentation et à l’engagement des poursuites judiciaires contre les contrevenants qui risquent de six jours à neuf mois d’emprisonnement et des amendes de 60 à 1.000 dinars (18 à 300 euros).

 

Ours : la population des Pyrénées progresse légèrement en 2022

La population d’ours bruns détectés dans la chaîne des Pyrénées s’élevait à 76 individus en 2022, selon un rapport annuel de l’Office français de la biodiversité (OFB) rendu public le 30 mars. « L’analyse des données […] nous permet d’estimer, sur l’ensemble du massif des Pyrénées, l’Effectif minimal détecté (EMD) pour 2022 à 76 individus dont au moins un ours est mort au cours de l’année », écrivent les auteurs du rapport. L’ours mort en 2022 a été retrouvé à Melles (Haute-Garonne). Il s’agissait d’une femelle « et l’autopsie a permis d’exclure toute origine humaine et d’émettre l’hypothèse d’une altercation avec un autre ours, suivie d’une chute mortelle » dans un canyon, selon la même source. En 2021, l’Effectif minimal retenu des ours, c’est-à-dire le chiffre définitivement établi, avait été de 74. En 2022, l’OFB a notamment comptabilisé « au minimum huit portées, totalisant 13 oursons de l’année ». L’examen des classes d’âge montre « que la population est majoritairement composée de jeunes individus dont 83 % ont moins de 10 ans ». Pour l’association Pays de l’ours, « la population d’ours dans les Pyrénées n’est toujours pas viable » et elle réclame de nouveaux lâchers. En 2022, le nombre d’attaques d’ours sur le cheptel domestique dans les Pyrénées françaises est resté globalement stable par rapport à 2021, « passant de 333 à 331 attaques dont 4 vaches adultes », relève encore l’OFB.

 

Pommes : stocks en recul de 11 % sur un an, à cause de la canicule 2022

À fin février, les stocks de pommes étaient en repli de 11 % sur un an, selon une note d’Agreste diffusée le 29 mars. Ils étaient en recul de 2 % par rapport à la moyenne quinquennale. Toutes les variétés sont concernées par cette baisse (-16 % pour la Gala, -18 % pour la Golden, -20 % pour la Granny Smith), exceptée la Pink Lady (+67 %). Cette diminution des stocks est due à la canicule qui a provoqué des défauts sur les fruits, ainsi que des plus petits calibres. À l’inverse, les prix des pommes sont supérieurs à ceux de l’an passé et à la moyenne quinquennale. Après un démarrage de saison « atone », les prix sont en hausse notamment en février (+17 %). Côté échanges, les volumes exportés vers l’UE croissent de 11 % entre août et janvier. Les exportations augmentent vers l’Espagne et les Pays-Bas, mais baissent vers le Royaume-Uni et l’Allemagne. Côté poires, les stocks reculent de 4 % sur un an, et de 15 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les prix sont inférieurs à l’an passé, mais se redressent depuis décembre. Les exportations de poires augmentent de 3 % sur un an, notamment vers l’Espagne.

 

Fruits et légumes frais : le solde des échanges en repli en 2021 (FranceAgriMer)

Le solde du commerce extérieur en fruits et légumes frais poursuit sa baisse en 2021, selon une publication de FranceAgriMer sur les chiffres clefs de la filière diffusée le 23 mars. Le taux de couverture (rapport entre la valeur des exportations et des importations) est de 34 %, en léger repli par rapport à 2020 (34,4 %) et en baisse par rapport à 2019 (36 %). Parmi les pays qui fournissent des légumes à la France, l’Espagne est de loin le numéro un pour la plupart des produits (courgette, asperge, artichaut, concombre, salade, chou-fleur, ail, melon). Le principal fournisseur de tomates est le Maroc (69 % des importations en valeur). Ce pays est aussi le deuxième fournisseur de courgettes (16 % des importations en valeur) et de melon (29 %). La Belgique est le principal fournisseur d’endives (79 %), de poireaux (35 %) et de carottes (34 %). Parmi les pays qui fournissent des fruits à la France, l’Espagne est là encore largement en tête sur les fruits à noyau (abricot, pêche-nectarine, prune, cerise), ainsi qu’en fraise. La Belgique est le deuxième fournisseur de fraises (22 % des importations en valeur) et de cerises (13 %), et le premier fournisseur de poires (28 % des importations en valeur). Enfin, l’Italie est le premier fournisseur de raisins (61 %).

 

Turquie : le séisme a causé des dommages à 20 % de la production alimentaire du pays

Le séisme qui a dévasté le 6 février le sud de la Turquie et la Syrie voisine a causé des dommages à plus de 20 % de la production agricole turque, a annoncé l’ONU le 30 mars. Le tremblement de terre de magnitude 7,8 et ses répliques ont tué plus de 55.000 personnes. Le séisme a causé « de graves dégâts à l’agriculture, dont les récoltes, l’élevage, la pêche et l’aquaculture, ainsi que les infrastructures rurales dans les zones touchées », a indiqué l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un communiqué. « Le séisme a gravement touché 11 provinces agricoles cruciales, frappant 15,73 millions de personnes et plus de 20 % de la production alimentaire du pays », a-t-elle précisé. « La région frappée par le séisme, connue comme le + croissant fertile + de la Turquie, représente presque 15 % du PIB agricole et contribue pour presque 20 % aux exportations agricoles de la Turquie », selon la FAO. Le séisme a causé 1,3 milliard de dollars (1,19 milliard d’euros) de dégâts aux infrastructures, à l’élevage et aux récoltes, et 5,1 milliards de dollars (4,68 milliards d’euros) de pertes au secteur agricole, toujours selon la FAO.

Inflation : après un rebond en janvier, la dépense alimentaire repart à la baisse

Dans un contexte de forte inflation, les achats de biens alimentaires se sont nettement repliés de 1,2 %, renouant avec une tendance à la baisse observée ces derniers mois - à l’exception d’un léger rebond en janvier, a rapporté le 30 mars l’Insee. Les prix des produits alimentaires connaissent actuellement une envolée à deux chiffres, qui s’est encore accélérée pour atteindre 15,8 % sur un an en mars, selon l’Insee. L’alimentation est devenue le premier moteur de l’inflation en France, supplantant l’énergie qui avait grimpé avec la guerre en Ukraine avant d’amorcer un reflux. La consommation en biens fabriqués a diminué de 0,9 % le mois dernier, principalement sous l’effet du recul des dépenses en biens durables tels que les automobiles, les meubles, les appareils électriques ou ménagers. En ce qui concerne l’énergie, la consommation est quasi stable (+0,1 %), la hausse de la consommation de gaz et d’électricité étant contrebalancée par une nette diminution pour les carburants. Sur un an, par rapport à février 2022, la consommation des ménages chute de 4,1 %.