Celle qui nous colle aux bottes
Quand deux univers se rencontrent en BD…

Régis Gaillard
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Avec Celle qui nous colle aux bottes, les codes habituels de la bande dessinée sont cassés pour offrir un ouvrage atypique, permettant de confronter deux visions très distinctes du monde agricole : celle d’une jeune femme, encore étudiante, et l’autre, de son père, exploitant dans la Marne.

Quand deux univers se rencontrent en BD…
Ce livre est vendu au prix de 21,90 €.

Les éditions Rue de L’Échiquier viennent de sortir une publication qui sort complètement des sentiers battus. Rien à voir avec le format habituel de la BD tant par le nombre de pages, 208, que la dimension même de l’ouvrage, plus proche du roman. Avec le parti pris de jouer la carte du noir et blanc, que ce soit pour les dessins et les quelques photos qui illustrent ce livre.

Retour aux sources

Fille d’agriculteur et étudiante à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs, Marine De Francqueville s’est attachée à nous livrer sa vision très personnelle du monde agricole dans lequel elle a grandi. Une approche totalement différente de celle de son père qui est, depuis toujours, exploitant dans la Marne. On y découvre un fossé entre les deux générations qui se traduit par nombre de désaccords sur la vision du monde. Un décalage qui existe aujourd’hui entre urbains, péri-urbains et ruraux parfois, rêveurs et pragmatiques, théoriciens et praticiens.

Au fil des pages, plusieurs sujets sont abordés à l’image des engrais, de l’agriculture intensive, de la volatilité des prix, du remembrement, de la transmission… Un bon moyen aussi d’évoquer le ressenti des agriculteurs. Autrefois portés aux nues pour contribuer à nourrir la population, ils sont depuis quelques années devenus des bouc-émissaires, pointés du doigt par des minorités les jugeant responsables de (presque) tous les maux de la terre.

Tout au long de l’ouvrage, le lecteur peut partager nombre de références au passé avec l’évolution de la profession et des pratiques agricoles. Avec, par exemple, quelques clins d’œil à l’image du Dust Bowl. Il s’agit en l’occurrence d’une série de tempêtes de poussière qui s’est abattue sur les plaines des États-Unis et du Canada entre 1930 et 1940. Des tempêtes qui ont détruit les cultures, arraché les sols et enseveli sous la poussière champs, matériels agricoles et bâtiments.

Le tout pour un échange fécond, qui permet d’envisager différents points de vue et de s’enrichir de la pensée de l’autre.