Conseil départemental de Saône-et-Loire
Encourager l’installation de vétérinaires à défaut de pouvoir plus aider les agriculteurs

Ariane Tilve
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En désaccord avec la Région sur les aides aux agriculteurs, le président du Conseil départemental, André Accary, hausse le ton et dévoile son plan d'action contre la désertification vétérinaire.

Le président du Conseil départemental, André Accary.
Le président du Conseil départemental, André Accary.

Le Conseil régional à interdit au Département de maintenir l’aide aux agriculteurs dans le cadre de la Convention relative aux conditions d’intervention complémentaire de la Bourgogne-Franche-Comté et de la Saône-et-Loire en matière de développement économique pour les secteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt pour la période 2023-2027. En cause, une différence d’interprétation de la loi NOTRe. À l’issue des assemblées régionale et départementale qui se sont tenues fin juin, la Bourgogne-Franche-Comté estime que la Saône-et-Loire fournit une aide économique aux agriculteurs. La Saône-et-Loire estime au contraire que ses aides concernent d’autres domaines, telles que la solidarité ou l’adaptation aux changements climatiques, comme par exemple avec le plan sécheresse de 13 M€ qu’elle a débloqué ; les 240.000 € dédiés aux dégâts du gel ou encore les 3 M€ investis dans les récupérateurs d’eau entre 2020 et 2021. « Les récupérateurs d’eau sont, pour moi, liés à des problématiques environnementales et non à des questions économiques comme l’affirme la Région » s’insurge André Accary. La liste, ici non exhaustive, d’aides qui ne devraient pas être considérées comme économiques, selon le président du conseil Départemental, est longue. « Il vaut mieux être agriculteur en Auvergne-Rhône-Alpes qu’en Bourgogne-Franche-Comté, lance André Accary, rappelant l’antagonisme de deux régions limitrophes qui n’ont pas la même lecture des textes. « Dans d’autres régions, cela fonctionne parfaitement. Ce qui me gêne, c’est quand il y a des difficultés et que le Département intervient, notamment après l’épisode de gel dans le Mâconnais, alors que juste à côté, c’est la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui est intervenue ». Il y voit un « problème de volonté politique ».

Alors que le Département promet de trouver une solution envers et contre tous, en travaillant avec d’autres partenaires, la présidente de la Région, Marie-Guite Dufay, se débat avec une autre problématique, celle de la revalorisation des salaires des agents de la fonction publique, un secteur qui peine à recruter, sachant que les formations internes et les recrutements en cours ne suffisent pas pour répondre « aux 3.000 dossiers du Feader » [NDLR : Fonds européen destiné aux agriculteurs géré par la Région] en souffrance (lire nos précédentes éditions). Selon l’exécutif, le recours à des organismes extérieurs se révèle nécessaire pour traiter les dossiers des agriculteurs et un fonds de solidarité sera mis en place pour éviter aux agriculteurs d’avoir à emprunter à court terme en attendant le versement de fonds européens. Mais « ce n’est pas la chambre d’agriculture qui va traiter nos dossiers » conclut-elle pour l’heure.

 

La présidente du Conseil régional, Marie-Guite Dufay.

 

 

Prévenir les déserts vétérinaires

À défaut de pouvoir venir directement en aide aux agriculteurs, le Département s’attaque à un autre dossier de taille extrêmement sensible en agriculture : la désertification vétérinaire. Actuellement, 282 vétérinaires exercent en Saône-et-Loire alors que 55 % des plus de 6.600 exploitations agricoles sont tournées sur l’élevage. Les données de la profession une évolution inférieure à 3.5 % de 2017 à 2021. Insuffisant pour répondre aux besoins de la filière, dont la hausse est estimée à 4 % par an et nécessiterait dix professionnels supplémentaires chaque année. Pour y remédier, le Conseil départemental lance un plan global de cinq ans, qui sera effectif dès le mois de septembre. Son objectif est d’aider les vétérinaires dans le maintien de l’activité rurale au sein des cabinets, mais aussi d’aider les étudiants vétérinaires qui s’engagent à exercer auprès des animaux d’élevage en Saône-et-Loire.

 

Pour les étudiants vétérinaires :

Deux indemnités cumulables seront disponibles durant leur période de stages en Saône-et-Loire. Chacune de ces aides est plafonnée à 300 € mensuels pour un maximum de trois mois, pas forcément consécutifs, et sur une période de deux ans, pour le logement et pour les déplacements.
Une indemnité d’étude et de projet professionnel avant installation (non cumulable avec les deux premières) : 800 € par mois et pour un maximum de 12 mois consécutif, à condition de s’engager, dans un délai d’un an après l’obtention de leur diplôme, à exercer leur activité de vétérinaire auprès des animaux de rente pendant cinq ans en libéral, associé ou salarié dans un établissement de soin vétérinaire en Saône-et-Loire.
Pour les vétérinaires qui pratiquent la médecine rurale

Pour l’installation, une aide de 24.000 € maximum concernant 40 % des dépenses éligibles, plafonnées à 60.000€ HT.
Pour la modernisation, une aide de 16.000€ maximum concernant 40 % avec des dépenses éligibles, plafonnées à 40.000 € HT.
Un bilan annuel sera réalisé pour ajuster si besoin les règlements et dispositions de ce programme de soutien aux vétérinaires.