Les brèves du 3 juillet 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
-

Voici les brèves du 3 juillet 2023

Les brèves du 3 juillet 2023

Rémunérascore : expérimentation lancée pour cinq ans, certaines filières exclues

Dans un décret paru le 29 juin au Journal officiel, le ministère de l’Agriculture a lancé, pour une durée de cinq ans, l’expérimentation du « rémunérascore », prévu par la loi Egalim 2. Le texte précise les produits concernés par cet affichage de « l’impact en termes de rémunération des producteurs » : viandes bovine, porcine, ovine et caprine ; fruits et légumes frais ; lait de consommation et produits laitiers (yaourts et laits fermentés, crème conditionnée, beurre et fromages) au lait de vache, de chèvre ou de brebis ; œufs coquille. Les filières vin, volaille de chair et céréales ne sont pas incluses dans le dispositif. Le texte n’exclut aucun mode de distribution. Publié le 20 février dernier, un rapport de cadrage du CGAAER (ministère de l’Agriculture) proposait que le périmètre de l’expérimentation couvre « l’ensemble des produits alimentaires et des circuits de commercialisation ». Les auteurs fixaient plusieurs objectifs à l’expérimentation : fixer des règles de calcul harmonisées, les modalités d’affichage, et estimer les coûts de ce dispositif, s’il était pérennisé. Ils s’attendaient par ailleurs à ce que l’expérimentation doive dépasser la durée prévue de cinq ans. En octobre 2022, la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) et Lidl n’avaient pas attendu la parution de ce décret pour se lancer.

 

Gaspillage alimentaire : le projet de la Commission européenne exclut l’agriculture

La Commission européenne veut imposer aux Vingt-Sept de réduire de 30 % d’ici à 2030 les déchets alimentaires des commerces, restaurants et ménages dans l’UE par rapport à 2020, selon un projet de loi consulté le 30 juin par l’AFP. Cette proposition législative, qui doit être rendue publique le 5 juillet et qui sera ensuite débattue par les États membres et eurodéputés, s’inscrit dans le cadre du Pacte vert européen. Selon le texte proposé, chaque État membre serait tenu de réduire « le volume des déchets alimentaires générés dans les commerces, les restaurants et services de restauration, et dans les ménages » de 30 % par rapport au volume enregistré en 2020. Ces chiffres sont calculés « par habitant » pour prendre en compte les différences de population. De même, chaque pays devrait réduire de 10 % les déchets dans l’industrie agroalimentaire (production et transformation), en renforçant les stratégies de ce secteur pour valoriser les sous-produits. En revanche, aucun objectif n’est assigné au secteur agricole, soumis aux aléas des cultures et susceptible d’utiliser ses déchets comme engrais ou pour produire du biogaz. Dans un rapport publié le 20 septembre, l’ONG Feedback EU demandait l’inclusion de l’agriculture. Faute de quoi, elle craignait de faire peser les risques et les coûts du gaspillage alimentaire sur les agriculteurs et les fabricants, ce qui augmenterait le risque de pratiques commerciales abusives.

 

Chambres d’agriculture : hausse collective des salaires de 1,75 % à partir du 1er juillet

Dans le cadre des négociations annuelles du 29 juin, employeurs et représentants des salariés des chambres d’agriculture « ont décidé ensemble d’une hausse de la valeur du point de 1,75 %, à effet au 1er juillet 2023 », annonce l’APCA dans un communiqué le lendemain. Cette augmentation collective « entre dans le cadre d’une politique salariale plus large qui inclut les mécanismes statutaires d’évolution des rémunérations et primes », précise la tête de réseau. Le syndicat majoritaire CFDT Agri-Agro appelait à manifester pour demander une hausse de 5,2 %, couvrant l’inflation depuis les dernières négociations de juin 2022. Avec cette revalorisation, les chambres disent consentir « un effort conséquent », alors qu’un « grand nombre » d’entre elles sont en difficulté financière. Chambres d’agriculture France (ex-APCA) demande donc à « bénéficier de l’augmentation de la taxe foncière en 2023 » dans le cadre du prochain projet de loi de finances (PLF), sans quoi le réseau devra chercher des « économies supplémentaires ». « Les impôts fonciers vont augmenter de 7,3 % a minima. Il serait inacceptable que les chambres d’agriculture, dont l’impôt est plafonné, soient les seules à ne pas en bénéficier », souligne Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France.

 

Porc : avec un peu de retard, l’Étiquette bien-être animal dans les rayons d’ici fin 2023

À l’occasion d’une conférence sur le bien-être animal organisée le 28 mai par l’organisation Convergence animaux politique (associations welfaristes), Nikita Bachelard, chargée d’affaires et de relations publiques de la Fondation droit animal (LFDA), a annoncé que l’Étiquette bien-être animal sera présente dans les rayons de charcuterie et viande de porc d’ici la fin de l’année. À la manière du Nutri-score, l’Étiquette bien-être animal comporte cinq niveaux de A à E. Initiée il y a trois ans, la déclinaison dans les produits porcins comportera plus de 300 critères – dont 150 pour la seule étape d’abattage. Ce sera la première incursion hors du poulet de chair pour l’association AEBEA (association Étiquette bien-être animal), fondée en 2017, qui regroupe professionnels et ONG welfaristes. L’arrivée de cette étiquette dans la filière porcine avait déjà été annoncée il y a un an, pour la Space de Rennes, en septembre 2022. Finalement, le référentiel technique n’a été validé qu’en janvier dernier, précise LFDA, pour prendre en compte de « très nombreux éléments scientifiques et techniques », ainsi que « des éléments économiques ». Et depuis cette validation, la phase d’audit a pris plus de temps que prévu, retardée notamment par la crise des éleveurs bio, « premiers candidats naturels à l’étiquetage niveau A ».

 

Peste porcine africaine : Paris et Rome renforcent leur coopération

Alors que la peste porcine africaine (PPA) est présente dans le nord de l’Italie, à 55 km de la frontière avec la France, les ministères de l’Agriculture des deux côtés des Alpes vont « amplifier [leur] coopération », annoncent-ils dans un communiqué commun le 30 juin. Dans le détail, Paris et Rome mettent en place un « groupe de contact technique » qui leur permettra de « réaliser la coopération opérationnelle pour les zones frontalières ». Cette instance aura aussi vocation à « travailler sur des stratégies communes, notamment sur la gestion des populations de sangliers et la surveillance dans la faune sauvage ». Par ailleurs, ce « groupe de contact » devra aussi « organiser les échanges d’informations entre les différents niveaux régionaux et nationaux ». Fin mai, le breton Jeff Trébaol, président de la section porcine du FMSE (fonds sanitaire professionnel), indiquait que les autorités italiennes étaient « débordées », en raison d’un manque de moyens financiers et humains, ainsi que d’un problème de gouvernance, entre les instances nationales et régionales. L’Italie compte 706 foyers en faune sauvage et deux en élevages (depuis le 1er juillet 2022), répartis dans trois zones : Piémont et Ligurie (nord-ouest, depuis janvier 2022), Latium (près de Rome, mai 2022), Calabre et Campanie (sud, mai 2023).

 

Poire : récolte européenne attendue en baisse, grevée notamment par la France

Sur la base de la floraison et la nouaison, la prévision de récolte de poires en Europe devrait se situer à environ 1,9 million de tonnes en 2023, ont annoncé les professionnels à l’occasion du salon espagnol Interpera le 29 juin. Ce serait l’une des plus faibles de ces dix dernières années, toutefois supérieure à la catastrophique année de 2021 (1,6 million de tonnes). En 2022, la production s’établissait à 2,07 millions de tonnes. La France a annoncé une prévision en baisse de 26 % à 109 000 tonnes. Cette baisse serait due à une forte charge de fruits l’année précédente et aux conditions climatiques pendant la floraison (chutes physiologiques importantes), surtout au sud du pays. La qualité attendue est annoncée bonne. Des retards entre 2 et 7 jours dans la récolte sont à prévoir selon les zones. Les autres pays producteurs sont orientés à la hausse. La production de l’Espagne progresserait de 53 % avec 190 600 tonnes, mais un doute réside concernant les effets de la sécheresse. Le Portugal progresse de 7 % avec 130 000 tonnes et la Belgique de 6 % avec 366 000 tonnes. Les Pays-Bas et l’Italie n’avaient pas encore calculé leurs prévisions de récolte exactes. Cependant, l’impact des inondations du printemps dans la région italienne de Romagne et le manque de précipitations aux Pays-Bas laissent présager des récoltes en baisse. La prochaine édition d’Interpera en 2024 se déroulera au Portugal.

 

Cerise : manifestation de producteurs de la Loire frappés par Drosophila suzukii

Les producteurs de cerises du département de la Loire ont mené, le 29 juin, une action syndicale devant la Direction départementale des territoires (DDT) à Saint-Etienne, faisant face depuis une dizaine de jours à une forte pression de Drosophila suzukii dans leurs vergers. « On m’a remonté des pertes allant jusqu’à 20 000 euros par hectare. Nous réclamons l’indemnisation des pertes réelles en verger, pour lesquelles nous effectuons un recensement » a expliqué Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA 42 à Agra Presse. Parmi les autres revendications, on retrouve l’arrêt des interdictions de molécules sans l’existence d’une solution efficace de remplacement pour les producteurs et la mise en place de clause miroir avec les pays exportant des cerises sur le marché français. Sur ce dernier point, le ministère de l’Agriculture a fait interdire l’importation de cerises en provenance de pays où les arboriculteurs peuvent utiliser du phosmet en mai. Le département de La Loire, majoritairement tourné vers l’élevage, compte 50 producteurs de cerises, exploitant en moyenne 6 à 7 hectares. La production se concentre sur les côteaux, ce qui ne rend pas possible l’usage de filet pour lutter contre Drosophila suzukii.

 

Inflation : baisse des prix dans les cours de ferme en mai, hausse moindre en rayon en juin (Insee)

Après un recul de 0,6 % en mars, puis 6 % en avril, les prix des produits vendus par les agriculteurs ont reculé « fortement » (-9,4 %) en mai dernier en France par rapport à mai 2022, sous l’effet de la baisse des cours des céréales et oléagineux, mais restent globalement supérieurs aux prix relevés deux ans plus tôt, a rapporté l’Insee le 30 juin. « Il n’y avait pas eu de baisse sur 12 mois aussi importante depuis octobre 2009 (-10,5 %) », souligne l’institut statistique dans une note sur l’évolution des prix agricoles (céréales, lait, œufs, animaux, fruits et légumes) au moment de leur première mise sur le marché. « Ces prix se situent toutefois globalement encore 16,9 % au-dessus de leur niveau de mai 2021 : ceux des animaux, du lait et des œufs restent supérieurs aux prix de mai 2021, alors que ceux des céréales et des oléagineux repassent sous leur niveau de deux ans auparavant", poursuit l’Insee. L’Insee a aussi publié vendredi les chiffres de l’inflation : les prix alimentaires ont continué à flamber en juin (+13,6 % sur un an), mais leur progression a ralenti par rapport au mois de mai (+14,3 % sur un an).

 

Grandes cultures : les américains ont semé plus de maïs et moins de soja qu’attendu (USDA)

Les surfaces dédiées au soja devraient s’afficher en nette baisse aux États-Unis cette année, selon des estimations publiées vendredi par le ministère américain de l’Agriculture (USDA), une information qui a propulsé le cours de l’oléagineux vers le haut. Selon l’USDA, quelque 33,8 millions d’hectares devraient être consacrés au soja aux États-Unis, soit 4,5 % de moins que l’an dernier. L’écart est aussi marqué avec les intentions des agriculteurs annoncées en mars, qui annonçaient 35,4 millions d’hectares. Les analystes s’attendaient à un chiffre équivalent à celui de mars, selon un consensus établi par l’agence Reuters. Les cours du soja ont brutalement réagi à cette publication. À la Bourse de Chicago (CME), le contrat de référence sur le soja américain était en hausse de quasiment 5 %, au plus haut depuis dix mois. Les farmers américains ont privilégié le maïs en raison des cours au moment des semis. L’USDA estime ainsi à 38,1 millions d’hectares les surfaces occupées par le maïs cette année, en hausse de 6,2 % par rapport à 2022 et très au-dessus des intentions de semis publiées en mars, qui s’affichaient à 37,2 millions d’hectares.

 

Engrais : au Japon, regain d’intérêt pour les fumiers d’origine humaine

Il est peu coûteux, écologique et issu d’une tradition séculaire : le « shimogoe », littéralement « engrais provenant des fesses », connaît un regain de popularité au Japon alors que la guerre en Ukraine fait grimper le prix des produits chimiques de substitution. Le shimogoe était incontournable à l’époque Edo (1603-1867), explique à l’AFP Arata Kobayashi, auteur d’articles scientifiques sur la question, et on estime qu’au début du 18ème siècle le million d’habitants de Tokyo (alors appelée Edo) en « produisaient » 500.000 tonnes par an. L’actuel gouvernement japonais a encouragé la redécouverte du shimogoe, notamment en raison des inquiétudes concernant la sécurité alimentaire depuis l’invasion russe en Ukraine. En décembre, le ministère de l’Agriculture s’est fixé pour objectif de doubler l’utilisation du fumier animal et d’origine humaine d’ici à 2030, afin qu’ils représentent 40 % des engrais utilisés au Japon. Dans une installation de traitement de Miura, au sud de Tokyo, on retire l’eau des déjections humaines apportées par camions-citernes avant de traiter le reste dans d’immenses réservoirs où la matière est fermentée par des bactéries pour en atténuer l’odeur et en augmenter les bénéfices agricoles, produisant chaque année 500 tonnes de fertilisant.

 

FAO : le Chinois Qu Dongyu réélu directeur général, pour son deuxième et dernier mandat

Le directeur général sortant de la FAO Qu Dongyu, premier Chinois à occuper à ce poste, a été réélu le 1 juillet à la tête de cette Agence des Nations unies basée à Rome qui lutte contre la faim dans le monde. Seul candidat à sa succession, Qu Dongyu a été réélu pour quatre ans à la tête de l’Agence de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture avec 168 voix sur 182 votes exprimés, lors d’un vote à bulletin secret de la conférence ministérielle de l’organisation, qui se tient tous les deux ans, a précisé la FAO dans un communiqué. Son nouveau mandat court du 1er août au 31 juillet 2027. Qu Dongyu, 59 ans, était vice-ministre de l’Agriculture avant de prendre la tête de l’agence onusienne en 2019. Son élection dès le 1er tour avait à l’époque été considérée comme une marque de l’intérêt chinois pour les sujets alimentaires et pour les postes à responsabilité dans des instances internationales. Ce biologiste spécialiste des plantes et de génétique, docteur de l’université agricole de Wageningen aux Pays-Bas, considérée comme l’une des meilleures universités européennes sur le sujet, avait succédé en 2019 au Brésilien José Graziano da Silva, qui avait lui-même exercé deux mandats. Les directeurs généraux de la FAO peuvent être élus au maximum pour deux mandats consécutifs.