Millésime 2021
Le vignoble français confronté à un mini-millésime

La production viticole française s’élèverait cette année entre 32,6 et 35,6 millions d’hectolitres, soit son plus bas niveau historique. La quasi-totalité des régions est concernée par la chute des rendements.

Le vignoble français confronté à un mini-millésime

Les prévisions alarmistes émises au lendemain des épisodes de gel d’avril dernier, qui ont particulièrement affectés le vignoble français, se confirment. Dans une note de conjoncture publiée ce mois d’août, le service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) a estimé que la production viticole se situerait cette année entre 32,6 et 35,6 millions d’hectolitres, soit un niveau inférieur de 24 % à 30 % à celui de 2020.

La culture de la vigne a, il est vrai, cumulé les difficultés cette année. Au gel printanier, dévastateur en particulier pour les cépages les plus précoces, a succédé au début de l’été une pluviométrie élevée, très favorable au développement des maladies de la vigne. « Mildiou, oïdium et parfois black rot ou botrytis, selon les régions, sont présents y compris sur grappes en Champagne, Alsace, Beaujolais, Val de Loire, Charentes et Sud-Ouest », peut-on lire dans Agreste.

La projection arrêtée par le ministère de l’Agriculture situerait la récolte française à un niveau historiquement faible, inférieur encore à celui de 1991 et 2017. La quasi-totalité des bassins viticoles est concernée par de très fortes chutes de rendement, même si la Bourgogne, la Vallée du Rhône et le Val-de-Loire/Centre et le Jura apparaissent comme les plus touchés, indique la revue, sans toutefois donner d’estimations chiffrées pour ces régions.

Alsace, Charentes, Corse, rares régions épargnées

Des variations importantes sont à noter à l’intérieur même des vignobles, notamment en fonction de l’impact du gel. Dans le Bordelais, les dégâts sont les plus importants au Nord de la Gironde, à Saint-Émilion, au Sud de l’Entre-deux-Mers, dans les Graves et le Sauternais. Le cépage sauvignon est particulièrement touché, ce qui impactera la production de vins blancs. En Languedoc et Roussillon, le gel a également touché de nombreux terroirs, à l’exception du Roussillon. Concernant la Champagne, le gel printanier a détruit 30 % des bourgeons, essentiellement sur chardonnay. Même si des contre-bourgeons ont pu, en partie, compenser ces pertes, la production agronomique s’annonce en baisse sur un an, ce qui devrait conduire au déblocage des réserves des années précédentes.

Quelques régions font figure d’îlots préservés au sein de ce paysage meurtri. En Alsace, le vignoble, peu avancé début avril, a été en conséquence faiblement atteint par le gel. Dans les Charentes, le gel printanier est survenu à un stade peu avancé de la vigne pour le cépage majoritaire ugny blanc. Les dégâts sont estimés à environ 15 % du potentiel de production. En Corse, la production s’annonce à ce stade d’un bon niveau, proche de celui de 2020. Le gel a peu affecté la production globale de l’île.

« Les prévisions que nous avions avancées au lendemain du gel, à savoir un recul de près d’un tiers de la production, se confirment », a réagi Jérôme Despey, le président du Conseil viticole de FranceAgriMer sur Europe 1 le 6 août. Soulignant également les risques induits par les conditions climatiques de ces dernières semaines dans la plupart des régions, le vigneron héraultais mise sur l’amélioration de la météo ces prochains jours. « Nous avons aujourd’hui 10 à 15 jours de retard dans le développement des fruits. Espérons que nous pourrons préserver ce qui a été épargné d’ici au début des vendanges début septembre ».