Bois énergie
Bois énergie, une opération pilote à Vendenesse-sur-Arroux

Marc Labille
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Une opération pilote d’approvisionnement local en bois énergie est en cours sur la commune de Vendenesse-sur-Arroux. Cet essai exemplaire s’inscrit dans une démarche collective en faveur des énergies renouvelables issues du bocage.

Bois énergie, une opération pilote à Vendenesse-sur-Arroux
Le projet pilote de Vendenesse-sur-Arroux est amené à convaincre d’autres agriculteurs et d’autres communes à franchir le pas du bois énergie en circuit court.

Le 2 octobre dernier, une démonstration d’abattage et de déchiquetage de bois énergie avait lieu à Vendenesse-sur-Arroux. Ce chantier s’inscrit dans un projet collectif réunissant la communauté de communes Entre Arroux, Loire et Somme, la Cuma Compost 71, la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, la DDT, le Département, le Syndicat mixte des bassins versants Arroux et Somme.

L’origine de ce projet revient à la communauté de communes qui, sous l’impulsion de la Région, a initié une réflexion sur les énergies renouvelables et l’adaptation au changement climatique. Fin septembre, la démarche se concrétisait par une première journée informative à Rigny-sur-Arroux intitulée « Dynamise et transmets ton bocage ». Une étude sur les bénéfices économiques d’une gestion durable des haies était également menée par la DDT. En 2023, le collectif a souhaité réaliser un test grandeur nature d’approvisionnement en plaquettes de bois d’une chaufferie communale.

Chaufferie communale à énergie renouvelable

Située sur le territoire Entre Arroux, Loire et Somme, la commune de Vendenesse-sur-Arroux possédait déjà une chaufferie au bois énergie. Ce chauffage a été installé il y a dix ans en remplacement d’un équipement au fioul. Un réseau de chaleur avait alors été créé pour chauffer l’école, la cantine, un logement communal et des salles de réunion, présente le maire Christian Simonin. Ce chauffage à énergie renouvelable consomme entre 50 et 60 tonnes de copeaux de bois par an. Le combustible forestier provient du massif du Morvan et revient à 117 € HT/tonne, indique le maire. La chaufferie a coûté 200.000 € à l’époque, mais la commune a bénéficié de subventions et au bout de dix ans, l’investissement est déjà remboursé, ajoute Christian Simonin qui précise que la dernière facture de fioul s’élevait à 13.000 € pour l’année. Les plaquettes forestières reviennent aujourd’hui moitié moins cher à la commune.

Commune et agriculteur volontaires

Enthousiasmés par ces bons chiffres, et sensibilisés aux questions sur le développement durable et la gestion du bocage, ils ont eu envie de tenter la valorisation du bois bocager en circuit court. C’est ainsi que Vendenesse-sur-Arroux a été volontaire pour expérimenter l’approvisionnement de sa chaufferie avec des plaquettes bocagères locales.

C’est un agriculteur élu du conseil municipal qui s’est porté volontaire pour fournir le bois énergie. Le Gaec Boyer père et fils possède sur son exploitation environ deux kilomètres de ripisylves, ces arbres qui bordent la rivière Arroux et qui sont « difficiles à entretenir », souligne Quentin Boyer. Les bords d’Arroux, qui n’ont pas été entretenus depuis longtemps, représentent un important gisement de bois énergie, confie Christian Simonin.

Régénérer des arbres vieillissants

Pour cette première récolte, il fallait 200 mètres cubes de plaquettes pour alimenter la chaufferie communale pendant toute une année. Pour préparer le chantier, Quentin Boyer a été accompagné par Fabienne Salvi de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Un marquage préalable des arbres a été réalisé. L’opération permet de régénérer des arbres vieillissants, fait valoir la technicienne. Des arbres d’avenir sont sélectionnés ; les chênes seulement élagués. En revanche, les bois « blancs » (aulnes, saules, frênes…) sont récoltés. « L’exploitation à blanc est autorisée sur un linéaire raisonnable », signale Fabienne Salvi qui précise que c’est le dessouchage - synonyme de destruction - qui est interdit.

Essai pris en charge par la Cuma

Partenaire de l’opération, la Cuma Compost 71 s’est chargée de l’organisation et de la réalisation de ce chantier pilote. Le 2 octobre dernier, deux machines étaient en action sur le site. Une pelle à chenille munie du grappin coupeur de la Cuma sectionnait les arbres avant de les aligner en andain prêts à déchiqueter. Ce bois était ensuite repris par la grue de la déchiqueteuse animée par un puissant tracteur. Les plaquettes étaient évacuées par les associés du Gaec Boyer qui, avec deux bennes, convoyaient le chargement jusqu’à une plate-forme aménagée près du bourg de Vendenesse-sur-Arroux. Le chantier devait prendre environ trois heures. Mises en tas, les plaquettes seront stockées sous une bâche pendant quatre mois, le temps nécessaire à leur séchage naturel.

Fin janvier début février, les plaquettes seront utilisées dans la chaufferie communale. Il s’agira d’une phase de test, car il faut s’assurer que le format des plaquettes est adapté à la chaudière : diamètre des copeaux de bois, nécessité de les cribler ou pas…

« Un revenu supplémentaire pour les agriculteurs »

Pour pérenniser cet approvisionnement local, il faut que d’autres agriculteurs s’impliquent dans la démarche. Un deuxième agriculteur est intéressé et le collectif a bon espoir d’en convaincre d’autres. Pour Quentin Boyer, « c’est un véritable débouché pour du bois qui serait perdu ». La commune achètera les plaquettes au même prix qu’elle les paie auprès de son fournisseur. « Pour l’agriculteur, ce sera un revenu supplémentaire », fait valoir Quentin. Si le projet se pérennise, du bois de haie sera également exploité, ce qui suppose une « régénération » des haies bocagères. Sur son exploitation de 300 ha, Quentin Boyer se dit d’ores et déjà prêt à laisser pousser des haies en hauteur. Les responsables de la Cuma Compost 71 ont aussi l’intention de promouvoir l’usage du bois plaquette pour la litière des animaux.

Accord écrit indispensable de la part du propriétaire

L’exploitation des bois bocagers ou de ripisylves doit tenir compte des règles de la conditionnalité des aides Pac (BCAE). Les interventions sur les arbres ne sont tolérées que du 15 août au 15 mars pour préserver la nidification de la faune sauvage. Avant de réaliser le chantier, l’agriculteur doit sans faute obtenir un accord écrit de la part du propriétaire de la parcelle. Le code rural stipule en effet que tout tronc appartient bien au propriétaire.

La Cuma Compost 71 bien équipée pour le bois énergie

La Cuma Compost 71 bien équipée pour le bois énergie

Pour son activité bois (abattage et déchiquetage), la Cuma Compost 71 compte une centaine d’adhérents en Saône-et-Loire et elle réalise une trentaine de chantiers par an. La Cuma est équipée d’un grappin coupeur porté par une pelle à chenilles de 28 tonnes (prestataire). Ce grappin peut sectionner des troncs jusqu’à 45 cm - 50 cm de diamètre. Ainsi mécanisé, l’abattage est beaucoup moins dangereux qu’avec une tronçonneuse et il est beaucoup plus rapide. Animée par un tracteur de plus de 400 CV, la déchiqueteuse (fournie en intercuma par une Cuma de l’Ain) peut absorber des troncs jusqu’à 60 cm de diamètre. Son débit de chantier atteint 60 MAP par heure ce qui nécessite un minimum de deux bennes de 20-25 mètres cubes pour réceptionner et évacuer les plaquettes vers leur lieu de stockage.

Les plaquettes sont stockées à l’abri en tas d’au moins 2 mètres de hauteur. Elles vont alors subir un processus de séchage par échauffement naturel d’une durée de quatre mois minimum pour un taux d’humidité final de 25 %.