Tendance commerciale semaine 44-2023

Conjoncture : Dans un scénario de déficit constant et accentué de la production de viande bovine en France et en Europe, les instances européennes sont-elles en train de sacrifier l’élevage sur l’autel des négociations internationales ? Le Ceta, accords modernisés Union Européenne (UE) – Mexique et des négociations UE-Australie ou de Nouvelle-Zélande sont autant de menaces qui pèsent sur les éleveurs. Mais sans regarder aussi loin, la concurrence intra-européenne est aujourd’hui celle qui impacte le plus le marché français. La chute des prix dans les principaux pays exportateurs que sont la Pologne, l’Irlande ou l’Allemagne est dangereuse, car malgré la forte baisse des prix de nos réformes laitières, les écarts de valorisation restent importants pour permettre à nos industriels de reprendre des parts de marché sur le secteur de la RHF.

Nos abattoirs souffrent et sont même en danger pour certains. Les fermetures vont être nombreuses dans un avenir proche, ce qui va desservir le maillage du territoire et les éleveurs qui cherchent de la proximité pour de la vente directe. Le plus inquiétant, c'est la guerre que se livrent les industriels sur le minerai face à un flux persistant de viande UE sur notre territoire. Les Allemands et les Italiens ne consomment pas de vaches, ils préfèrent les jeunes bovins. Sur notre territoire, les réformes laitières fournissent la moitié de la viande française et sur ce secteur d’activité, la loi Egalim ne protège rien, avec un marché de libre-échange.

Bovins de boucherie : La tendance commerciale de ces dernières semaines se durcit dans un contexte économique de perte de pouvoir d’achat des ménages, la consommation de viande bovine décroche et fait gonfler les stocks déjà chargés. Les industriels de la viande réduisent leurs activités avec le férié de la Toussaint. Tout le monde se serre la ceinture pour dégonfler les stocks. Le niveau de la demande est peu soutenu avec une certaine inquiétude dans la boucherie traditionnelle. Les tarifs se maintiennent néanmoins dans les blondes d’Aquitaine, limousines ou charolaises lourdes ou de qualité bouchère. Ces gammes de marchandises dont les coûts de production restent élevés doivent maintenir leurs niveaux de rémunération. Dans les charolaises R et l’ensemble des allaitantes de choix secondaire, le commerce est très calme avec des tarifs qui se replient face à des sorties plus abondantes dans les régions où les animaux sont rentrés à l’abri face aux prairies détrempées. La pression est marquée dans le bas de gamme qui subit la forte tension mise sur les laitières.

Réformes laitières : Avec les forts cumuls de pluie, les éleveurs rentrent leurs animaux et libèrent des volumes, alors que la demande est réduite dans les abattoirs face aux stocks accumulés. Les industriels ont limité leurs activités en profitant du férié de la Toussaint, afin de réduire les écarts de valorisation avec nos voisins européens qui envahissent notre marché. La tension commerciale est renforcée dans le milieu et bas de gamme, mais les bonnes vaches viandées sont également touchées avec des baisses importantes.

Jeunes bovins : Les tarifs sont stables dans un commerce plutôt calme. Le flux vers l’Allemagne ou l’Italie est stable, et la consommation intérieure reste portée par une demande constante pour le halal.

Bovins d’embouche et d’élevage : La forte pluviométrie de ces dernières semaines renforce les sorties avec des éleveurs qui rentrent leurs animaux à l’abri. Les engraisseurs spécialisés ont également moins de besoins, face à un flux ralenti vers les abattoirs. Les animaux lourds pour une rotation rapide restent demandés avec des prix stables. La tension observée sur le marché de la viande durcit le commerce dans le bétail de choix secondaire ou bas de gamme.

Broutards : L’activité commerciale est quelque peu perturbée par le férié de la Toussaint, mais ce sont surtout les conséquences de l’extension du zonage MHE qui inquiètent les exportateurs. Pour les éleveurs et les négociants pris dans la zone régulée, il faudra passer par une désinsectisation préalable de 14 jours plus une PCR MHE pour pouvoir sortir des animaux de la ZR vers la ZNR ou de l’export vers l’Italie. L’accroissement de l’offre provoqué par les forts cumuls de pluie entraîne une tension sur les prix dans les charolais, les limousins ou les croisés. La demande demeure soutenue dans les femelles avec des tarifs qui restent fermes.

Veaux d’élevage et d’engraissement : Le commerce des petits veaux ne fait pas apparaître de grand changement pour cette semaine écourtée. Les veaux montbéliards convenables trouvent un certain équilibre avec des tarifs stables. Le tri reste sévère dans les veaux laitiers. Les croisés taupes ou gris et les croisés blanc bleus R se maintiennent. La vente est plus régulière dans les bons croisés jaunes ou blanc bleus de montbéliards U de conformation.

Ovins : Les vendeurs de viande ont été confrontés comme dans la viande bovine à un sérieux recul des ventes sur la fin de mois. Les disponibilités de la semaine sont suffisantes pour les besoins des abatteurs amputés d’un jour d’activité. Le commerce est un peu plus calme avec des tarifs qui plafonnent dans les bons agneaux. Les agneaux lourds restent demandés pour le halal. En brebis, le commerce est plus calme avec un léger recul des prix.

Porc : Alors que le prix du porc reste à la baisse en Espagne, le marché semble s’orienter vers un meilleur équilibre en Allemagne et les pays du nord de l’Europe. En France, la tendance reste baissière avec une activité perturbée par le férié de la Toussaint. La cotation du MPB se replie à 1,834€.