Environnement et contractualisation
L'essentiel, c'est de reprendre la main !

Lors du dernier Conseil régional de l'agriculture, tenu à Beaune le 23 novembre dernier, les services environnementaux et la contractualisation ont été deux thèmes qui ont révélé une même réalité : la volonté du monde agricole de mieux maîtriser des questions qui le concernent directement.

L'essentiel, c'est de reprendre la main !
Sur cette infographie présentée par CER France BFC dans le cadre de ce Conseil régional de l'agriculture, on mesure que le niveau de revenu dans le secteur des bovins allaitants témoigne de difficultés.

Avoir un regard agricole sur les problématiques liées à la préservation de l'environnement : c'est tout l'objet de l'association BFC Agri-environnement, dont la création a été évoquée, le 23 novembre, dans le cadre du Conseil de l'agriculture de Bourgogne-Franche-Comté. C'est Christophe Chambon, le président de la FRSEA BFC, qui en a fait l'annonce. « Le but, expliquait-il, c'est d'établir un lien avec les services environnementaux que les agriculteurs peuvent rendre et pour lesquels ils sont appelés à être sollicités de plus en plus souvent à l'avenir ». La volonté est de créer, sur ces questions, un guichet unique permettant de répondre aux interrogations des agriculteurs. Ces questions, elles sont multiples : créations de ravines et de talus, implantations d'arbres et de haies, stockage de carbone, préservation des prairies, implantations de jachères mellifères ou encore gestion de l'eau... listait Anton Andermatt, secrétaire général de la FDSEA de Saône-et-Loire.

Recrutement envisagé


Une telle association pourrait constituer un support très utile pour les agriculteurs qui ont trop souvent l'impression qu'on leur dicte leur conduite sur ces thématiques, mais de l'extérieur. En l'espèce, la profession peut ainsi reprendre la main. « Nous devenons des acteurs de l'environnement, soulignait Christophe Chambon, mais avec le moyen de valoriser nos pratiques ». Dans le cadre de cette association, la FRSEA BFC pourrait recruter une personne (avec un profil d'ingénieur) en s'appuyant sur un co-financement du poste avec l'État, la Région  et les OPA. « Il s'agit d'une demande croissante des agriculteurs sur le terrain, soulignait Christian Bajard, président de la FDSEA de Saône-et-Loire et du Berceau des races à viande, et il y a un intérêt à la fois pour l'image générale de l'agriculture et pour la rémunération des agriculteurs ».

La contractualisation fut un des autres grands thèmes de cette réunion, avec l'intervention de Benjamin Guillaume, chef du service Économie des filières au sein de la FNSEA. Il abordait plus largement le thème des avancées liées à l'adoption de la loi Egalim 2 pour la filière viande. « Désormais, soulignait-il, dans la définition du prix, les indicateurs de coût de production vont être pris en compte. Le prix agricole sera ensuite non-négociable tout au long de la chaîne et il existera une clause de révision automatique des prix en fonctions d'indicateurs ». Il précisait également la mise en place d'un comité de règlement des litiges commerciaux agricoles. 

« Ne pas baisser la garde »


Cette contractualisation, Michel Joly, éleveur en Saône-et-Loire et président de la section bovine de la FRSEA, l'accueille plutôt comme une perspective encourageante : « en grandes cultures, on contractualise énormément. Le gouvernement nous a donné des outils, on ne peut que regarder dans cette direction, pour tenter de sortir du trou, même si je comprends, par ailleurs, les interrogations que cette évolution suscite dans les rangs des éleveurs. Concernant les prix, si nous prenons les bons indicateurs, les choses devraient aller. Il faudra tenir la dragée haute en se basant sur des faits réels ». Pour Christophe Chambon, qui réagissait à un état des lieux des prix actuels dans la filière bovine, présenté par Yves Largy, le président d'Interbev BFC, « les prix montent et c'est bien, mais cela ne doit pas nous amener à baisser le garde sur le dossier de la contractualisation ». Christian Morel, vice-président du Conseil régional de BFC en charge de l'Agriculture, présent lors de la réunion, précisait pour sa part « qu'il y a un accord général sur la nécessité de relancer l'engraissement sur la région. Par ailleurs, la question de l'approvisionnement des cantines reste centrale dans cette logique » (lire aussi en page 21 et en pages 12 et 13). Tous ces questionnements autour de la contractualisation s'intègrent aussi dans un contexte où, comme le décrivait Mathilde Schryve, de CER France BFC : « il y a une perte de valeur dans l'acte de production en filière bovins allaitants, depuis 2003. Les équilibres sont très précaires et dépendants des aides. Depuis 20 ans, le résultat courant par Utaf des exploitations du secteur a été divisé par deux » (lire aussi en page 5). Ceci, en dépit d'une hausse constatée de la productivité du travail de 75 % en 30 ans. « Ce n'est pas le système qui compte, concluait l'analyste de CER France. Ce qui contribue à ce qu'on gagne sa vie, c'est la cohérence globale de l'exploitation, même si la conjoncture a aussi son impact... ». Histoire de dire que tout le monde a encore ses cartes en main.

Berty Robert