Vœux aux corps constitués
Face aux difficultés, « unité » et « solidarité »

Cédric Michelin
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Mardi 3 janvier, le Département de Saône-et-Loire et la Préfecture ont renoué avec leurs traditionnels vœux de bonne année aux corps constitués. Devant donc un parterre d’élus, parlementaires, représentants d’organisations et institutions publiques, André Accary comme Yves Séguy ont appelé à l’unité et à la solidarité pour relever les défis qui ne manqueront pas en 2023.

Face aux difficultés, « unité » et « solidarité »

L’Espace Duhesme du Conseil Départemental à Mâcon était rempli pour ce 3 janvier qui marquait la « reprise de la tradition » des vœux aux corps constitués. Le président du Département, André Accary saluait donc la présence du nouveau préfet, Yves Séguy, arrivé il y a tout juste deux mois, succédant à Julien Charles qui n’aura donc jamais eu la possibilité de présenter ses vœux de bonne année en raison des deux hivers de tensions sanitaires à l’hôpital liées Covid-19, en 2021 et début 2022. Yves Séguy rappelait d’ailleurs que la crise n’est pas totalement terminée et que grippe et bronchiolite viennent encore mettre à mal les services de santé actuellement.
Mais à ces difficultés présentes et passées, de nouvelles sont venues se rajouter. C’est donc avec un ton plutôt neutre - entre gravité, félicitations aux corps constitués et souhait de bonheur retrouvé - que les deux discours tentaient de faire le point sur l’année écoulée et les perspectives à venir.

Chocs énergétiques

« En trois ans, il s’est passé beaucoup de choses, mais surtout, je crois que nous avons pris conscience qu’au-delà des crises, notre société a pris un virage majeur », débutait André Accary qui évoquait la guerre Russo-Ukrainienne et ses conséquences, mais également le changement climatique. Pour lui, « il faut cesser de parler de crises. Des crises à répétition, c’est le signe que notre société se transforme. Le monde change et il nous faut l’intégrer », de façon consciente et mise en pratique des adaptations possibles. Avec des « besoins nouveaux » certes, mais avec du « bon sens » surtout. L’équation est néanmoins ardue aujourd’hui au regard des pénuries, coupures et restrictions à venir sur le gaz, l’électricité, carburant… dont les prix flambent. Sachant les TPE, PME, artisans, commerçants, entreprises touchés, André Accary donnait un exemple du choc aussi pour les collectivités : « la facture énergétique dans nos collèges passera de 3 à 15 millions d’€ ».
Les élus du Département se préparent donc « à un printemps compliqué, rude et à devoir encore faire face à ces appels au secours ». Invitant à ne pas désespérer, André Accary rappelait avoir déjà réussi à surmonter la crise Covid et promettait de poursuivre sa politique « d’investissements, ses projets » car derrière, il sait que « ce sont des habitants, des familles nouvelles, de l’emploi, de la vie tout simplement » qui sont en jeu.

Voir aussi ce qui a été « sauvé »

Pour ne pas perdre espoir, les pompiers lui ont appris à mieux apprécier « la notion du sauvé », « ce qui n’a pas été détruit » lors d’un feu par exemple, alors que la Saône-et-Loire et la région y ont été confrontées cet été. « Ce sont bien les stratégies de l’action qui limitent les dégâts ». De quoi éclairer la volonté de reboiser, de mieux gérer l’eau, de pallier les déserts médicaux, de rénover énergétiquement l’habitat, de construire de nouvelles gendarmeries… Des investissements à hauteur de 180 millions d’€ (contre 70 M€ en 2015) « tout en maîtrisant l’endettement » promettait-il, pour au final « faire rayonner notre département » « en ne laissant personne au bord du chemin, notamment les plus fragiles », espère-t-il, sachant que nulle politique « n’est parfaite ».
Ce qui la rend d’ailleurs plus crédible et réaliste à l’image de la volonté du Département « de protéger notre agriculture, nos élevages, l’identité forte de notre ruralité ».

Avec méthode, « aller vers »

Même message du côté du Préfet, Yves Séguy qui débutait son discours avec les « défis nombreux à relever » et ce, avec une « conjoncture complexe ». Lui aussi se voulait volontaire au nom des services de l’État. « La méthode compte autant que le fond ». Il invitait également tous les élus, parlementaires, corps constitués et acteurs économiques – avec en bonne place la profession agricole - à « se retrouver dès que nécessaire pour trouver des réponses » utiles. Il a déjà échangé avec André Accary sur les aléas climatiques qui ont frappé la Saône-et-Loire tout au long de l’année 2022 (grêle, sécheresse…) et le rejoint sur la nécessité de « revoir les moyens de protection » face aux feux de forêts, comme le recommande le rapport Accary remis au Président de la République l’an dernier sur la nouvelle donne de nos départements moins à risque jusqu’alors. Le préfet évoquait aussi d’autres « vicissitudes de la Nature », grippe aviaire et loups en tête, se redisant « sensible aux activités d’élevage », et enchaînant subtilement sur sa volonté de protéger ses concitoyens « les plus fragiles dans les interstices (de notre société, NDLR) qui les rendent invisibles », pouvant donc s’appliquer aux éleveurs prédatés qui n’ont pas la voie à la parole dans les médias nationaux.
Pour ce faire, il précisait donc sa méthode, « aller vers, aller à la rencontre des autres et ne pas rester dans une logique de guichet » « pour élargir les services rendus aux différents publics », à l’image des Maisons France Service pour pallier le recul des services publics dans les territoires ruraux.
Évidemment, le Préfet sait que la « priorité » de ce début 2023 est « l’énergie », invitant chacun à faire appel aux aides (bouclier tarifaire, amortisseur, guichet…). Mais également avec le « Fond vert » doté de 2 milliards d’€ au national qui vise à « accélérer la transition écologique » sur le moyen terme. Autre priorité, la préservation de la biodiversité (Zone humide…), le développement des énergies renouvelables, qualité de l’eau et de l’air, décarbonation des territoires (France 2030)… avec un objectif de « plein-emploi ». Dans la réalité, rien n’est simple, ni sûr, comme le prouve la loi sur le Zéro artificialisation nette (ZAN) qui doit « conjuguer concept protecteur et volonté de développer les territoires ».
Appelant donc à l’unité, à la solidarité et « à agir de concert », le Préfet Séguy concluait sur une citation de Nelson Mandela fort à propos : « Nous travaillerons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur, pour encourager la négociation là où il y a le conflit, et donner l’espoir là où règne le désespoir ».