Moutons Charollais
A Paris, les éleveurs de Moutons Charollais ont assuré le show...

Marc Labille
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A Paris, les Moutons Charollais ont donné lieu à un magnifique concours général dominé par la voie mâle et les qualités bouchères. Le rendez-vous parisien a permis aux sélectionneurs ovins de faire part de leurs préoccupations quant à l’avenir de l’élevage et de leur race.

A Paris, les éleveurs de Moutons Charollais ont assuré le show...
De gauche à droite sur le podium, le Gaec Berland (prix de championnat antenais), l’EARL Champ de la Croix (premier prix viande), le Gaec de l’Elevage Duverne (premier prix antenais), l’EARL de Champagny (premier prix antenais), Pascal Chaponneau (prix de championnat bélier, co-propriété avec Thierry Renier).

Le concours général du Mouton Charollais a eu lieu le 26 février dernier dans le cadre du salon de l’agriculture. Comme le laissait présager la sélection des animaux réalisée à Palinges deux semaines plus tôt, ce fut une présentation largement dominée par les mâles. « Nous avions de très grosses sections d’agneaux de l’année et une section trophée viande supplémentaire. C’est la première fois que nous avons autant de mâles et d’agneaux pour le trophée viande à Paris », confie Pascal Chaponneau, président de l’OS Mouton Charollais. La bonne nouvelle, c’est que la race a progressé dans ses aptitudes bouchères, conformément à l’objectif qu’elle s’était donnée il y a quelques années, se félicite le président. Si les antenais sont de plus en plus lourds, les béliers semblaient afficher des poids plus raisonnables cette année pour une conformation plus équilibrée, observe Pascal Chaponneau.

Plus de mâles, moins de femelles

Le « bémol » de ce concours général, c’est le déficit de femelles en compétition. Il a même manqué un lot d’agnelles pour pouvoir attribuer un prix de championnat et il n’a pas pu être décerné de prix d’ensemble non plus, regrettent les organisateurs. Le manque de mobilisation pour sortir des femelles s’explique par les frais de préparation et de moindres retombées, pour un élevage, en comparaison des mâles. Les éleveurs préfèrent aussi préserver leurs reproductrices, car le voyage à Paris n’est pas sans conséquence sur une mise bas imminente.

Pour l’Organisme de Sélection, il n’est pas question d’abandonner la voie femelle sur les concours. Réputé pour le croisement, le Mouton Charollais a déjà une image trop associée à la voix mâle, regrette Pascal Chaponneau. Or l’OS tient à faire la promotion de l’élevage de Mouton Charollais en race pure. D’où son souhait de remotiver les éleveurs à présenter des agnelles à Paris.

Sur fond de grogne…

Concernant l’ambiance de ce salon un peu particulier, tous les participants observent que le calme est vite revenu après une ouverture mouvementée. Toutefois, Pascal Chaponneau dit avoir assisté à « un énorme défilé de politiques », tous très concernés par les problématiques agricoles… Pas dupes de cette attention de circonstance, les éleveurs de moutons en représentation à Paris n’en oubliaient pas les motifs de la grogne des dernières semaines. D’ailleurs, le Mouton Charollais a bien failli ne pas monter à Paris, confiait Pascal Chaponneau. Au moment de lancer le concours, le président a redit sa solidarité avec les manifestations de cet hiver. Une minute de silence a été observée en hommage aux deux victimes des blocages du sud-ouest et les champions portaient tous des rubans noirs.

Importations, normes, loup…

Les défenseurs du Mouton Charollais ont profité du voyage pour exposer leurs difficultés. Comme tous les agriculteurs, ils dénoncent le fait « qu’on se serve de l’image du petit paysan qui fait bien son travail pendant que la grande distribution vend de la viande d’importation qui n’est pas soumise au même cahier des charges que la viande française », expose Pascal Chaponneau. Les normes, la suradministration faisaient également partie des revendications soumises aux politiques sur le stand de l’OS. Et les éleveurs de moutons évoquaient également le loup dont l’incompatibilité avec leur mode d’élevage a durement été démontrée en Saône-et-Loire.

Érosion du nombre de brebis cotisantes…

La crise du monde agricole a une répercussion très concrète pour la race Mouton Charollais. Les problématiques des revenus, contraintes administratives, loup participent à l’érosion du nombre de brebis cotisantes à l’OS. « Il reste 8.000 brebis inscrites aujourd’hui », informe Pascal Chaponneau qui craint de manquer de jeunes pour prendre la relève. D’autant que s’il y a bel et bien de nouveaux éleveurs attirés par le Mouton Charollais, ce sont souvent « des doubles actifs qui reprennent seulement la moitié des brebis de leurs prédécesseurs ». Et ce en dépit de tous les efforts de promotion accomplis par l’OS depuis dix ans, regrette le président. Il faut à tout prix « ramener des brebis dans la base de sélection », poursuit Pascal Chaponneau. Car si jamais l’effectif descendait en dessous de 6.000 brebis inscrites, alors l’OS ne pourrait plus se financer, alerte le président. Et le risque, c’est de voir la race rejoindre un pôle multiraces comme il en existe déjà en ovins. Une issue qui signifierait une perte d’identité et de toute la dynamique locale qui anime aujourd’hui le Mouton Charollais particulièrement en Saône-et-Loire, déplore Pascal Chaponneau.

 

 

La viande d’agneau charollais se fait connaitre
Les agneaux de boucherie charollais vendus aux enchères.

La viande d’agneau charollais se fait connaitre

Cette semaine de salon a tout de même offert au Mouton Charollais une nouvelle occasion de faire la promotion de sa viande. Le chef cuisinier ambassadeur de la race Philippe Dumoux était sur place et il a fait redécouvrir les saveurs du bon gigot d’agneau au public parisien. La viande d’agneau charollais continue de gagner en notoriété. Comme en 2023, un lot de trois agneaux de boucherie de race charollaise a été mis aux enchères dans le cadre d’une vente organisée par l’IGP Agneau du Poitou-Charentes et le label rouge le Diamandin. Ces trois agneaux étaient issus d’un élevage inscrit à l’OS Mouton Charollais : le Gaec Melloux dans l’Allier. Ils ont été adjugés 2.700 € à un magasin Leclerc du département de l’Indre-et-Loire. Le stand de la race a vu défiler un certain nombre de visiteurs étrangers dont les contacts pourraient déboucher sur d’éventuelles exportations, espère-t-on. 

Palmarès

Prix de championnat antenais : Gaec Berland, Viry.

Prix de championnat bélier : co-propriété Pascal Chaponneau, Uxeau – Thierry Renier.

Challenge national racial : 1er Gaec du Moulin de Jonchery (21) ; 2e EARL de Champagny, Champagny-sous-Uxelles ; 3e Gaec Marion (58).

Trophée international : Gaec Berland, Viry.

 

Premiers prix

 

Section antenaises : Pascal Chaponneau, Uxeau.

Antenais section 1 : Gaec Elevage Duverne, Saint-Symphorien-de-Marmagne.

Antenais section 2 : Gaec Berland, Viry.

Antenais section 3 : EARL de Champagny, Champagny-sous-Uxelles.

Trophée viande section 1 : EARL de Champagny, Champagny-sous-Uxelles.

Trophée viande section 2 : EARL du Champ de la Croix (21).

Béliers section 1 : Pascal Chaponneau, Uxeau. 

Béliers section 2 : Gaec Genevois, Dompierre-sous-Sanvignes.

Section béliers adultes : co-propriété Pascal Chaponneau, Uxeau – Thierry Renier, Issy-l’Evêque.