Pays de la CUCM
La bataille du revenu est engagée !

Pour la FDSEA, la bataille du revenu est engagée. Avec la loi ÉGAlim, la profession a obtenu l’instauration d’une construction du prix en marche avant. Au niveau local, des initiatives de filières courtes font leurs preuves et marquent le retour de la plus value aux éleveurs.

« Depuis plusieurs années, l’élevage allaitant souffre de prix qui ne sont plus rémunérateurs », introduit Stéphane Rhéty. Un constat révoltant qui conduit la FDSEA à œuvrer sans relâche pour l’amélioration du revenu des agriculteurs. L’une des premières actions en ce sens fut la mise en place de la démarche « Éleveur & Engagé », rappelle Stéphane Rhéty. "Une initiative qui préfigurait la loi ÉGAlim pour laquelle la profession s’est beaucoup impliquée », retrace Sandrine Meunier. Dans l’optique « d’un retour de la valeur au producteur, nous avons obtenu une construction du prix en marche avant », présente l’agricultrice qui cite l’obligation faite aux organisations de producteurs et aux GMS de proposer des contrats intégrants les coûts de production des éleveurs. Une authentique loi qui offre des outils et même des sanctions pour veiller à la bonne application de ces principes de rémunération plus équitables. Avancée sans précédent pour une moralisation de la filière, la loi ÉGAlim encadre aussi les promotions, les seuils de revente à perte et impose l’approvisionnement local en restauration collective…, se félicite la FDSEA.

Une loi à appliquer et des accords à surveiller…

En 2019, les éleveurs se sont également beaucoup mobilisés contre les accords Ceta et Mercosur. Une première manifestation était organisée dès le mois de juillet à Charolles. La FDSEA a ensuite multiplié les rencontres avec le président du Sénat, les parlementaires, les services de l’État. La profession a organisé des opérations bâchage, opérations escargots et un impressionnant défilé de 150 tracteurs fin octobre à Mâcon… Des actions qui ont porté leurs fruits puisque l’accord Mercosur a fini par être rejeté, rappelle Sandrine Meunier. En revanche, les agriculteurs n’ont pas encore obtenu gain de cause sur le Ceta (accord de libre échange avec le Canada). Mais la mobilisation reste de mise sous le slogan « n’importons pas l’alimentation que nous ne voulons pas ! », conclut Sandrine Meunier qui annonce que pour 2020, la FDSEA poursuivra le travail engagé en veillant notamment à « la déclinaison concrète de la loi ÉGAlim ».

Cela passe aussi par des démarches locales

La bataille pour le revenu passe aussi par des démarches locales. Dans le Pays de la CUCM (Communauté urbaine Creusot-Montceau), les agriculteurs de l’Union des éleveurs locaux ont choisi de prendre en main leur destin en organisant la commercialisation de leurs animaux dans un débouché local. La mise en place de cette micro-filière a contribué à la redynamisation de l’abattoir d’Autun. Un outil vital dont la modernisation a été soutenue par une association de sauvegarde regroupant plus de cent éleveurs et défendue par la FDSEA et les CSEA, lesquelles y voient une occasion de ramener de la valeur ajoutée chez les éleveurs, explique Stéphane Rhéty. Grâce à l’abattoir d’Autun, les 17 éleveurs de l’Union des éleveurs locaux fournissent de la viande bovine en direct auprès d’une grande enseigne de l’agglomération creusotine. « Cela équivaut à 200 bêtes par an avec une plus value de 150 à 200 € par animal », détaille Stéphane Rhéty. Le même type d’approvisionnement local a vu le jour dans l’Autunois. « En parallèle, les échanges de sont renforcés entre les CSEA et les communautés de communes afin de favoriser l’approvisionnement local des cantines scolaires et de la restauration hors foyer », complète Stéphane Rhéty.

« Servons-nous de ces exemples… »

« Ces deux exemples de démarches locales ont fait la preuve de leur efficacité. Là où malgré ses compétences, sa logistique, ses moyens, la filière de masse échoue, ici, ce type de partenariat venu de la base ramène enfin du revenu aux éleveurs en valorisant comme il faut notre production et cela dans une transparence totale. L’élevage est foutu si on ne change rien, alors servons-nous de ces exemples locaux pour aller chercher des débouchés même au-delà de notre territoire », conclut Jean-Philippe Nivost.  

Des économies d’eau sont aussi du revenu en plus

L’amélioration du revenu « passe aussi par des dépenses en moins », fait valoir Jean-Philippe Nivost. Alors que le Pays de la CUCM vivait une seconde sécheresse consécutive, les éleveurs contraints d'abreuver leurs animaux avec l’eau de la ville ont vu leurs factures d’eau s’envoler. Des rencontres entre la profession et la communauté urbaine ont débouché sur une aide de 200.000 € de la part de la collectivité. Quand c’est possible, les éleveurs peuvent ainsi être aidés pour aménager des captages de source ou pour réaliser des fourrages collectifs. Ils peuvent également faire installer des compteurs supplémentaires pour quantifier l’eau distribuée aux animaux. Des volumes sur lesquels les éleveurs ne paieront pas de taxe d’assainissement. « Tout cela permettra d’économiser l’eau du réseau et donc d’alléger les factures d’eau. C’est aussi du revenu en plus », conclut Jean-Philippe Nivost.