77e Congrès de la FNSEA
« Ne rien lâcher »

Le ministre de l’Agriculture est venu clore les débats du 77e congrès de la FNSEA. Après l’intervention d’Arnaud Gaillot (JA) et de Christiane Lambert (FNSEA), il a notamment annoncé la mise en place d’une planification pour les produits phytosanitaires.

Les incidents de Sainte-Soline étaient dans tous les esprits lors du congrès de la FNSEA qui s’est clos le 30 mars à Angers. Après avoir dénoncé « la clique d’irresponsables politiques », qui sont venus soutenir les organisateurs de cette violente manifestation le 25 mars, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a fait applaudir la délégation des Deux-Sèvres qui a su rester « digne et calme », a-t-elle rappelé. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a d’ailleurs participé à la standing ovation. Sur ce sujet des réserves d’eau, le ministre a condamné « les groupuscules d’émeutiers » mus par « des règles violentes » et remercié « tous ceux qui dialoguent dans le respect de l’interlocuteur ». Un hommage en creux à la FNSEA auprès de laquelle il a souhaité rester, rompant la tradition républicaine qui voulait qu’il accompagne le président de la République pour la présentation du Plan Eau au barrage de Serre-Ponçon (lire par ailleurs).

Atout géostratégique

Sur ce sujet des réserves d’eau comme pour les autres, la FNSEA est déterminée à ne rien lâcher. Reprenant les propos du sélectionneur de l’équipe de France de rugby, Christiane Lambert a déclaré : « Si tu lâches, tu ramasses ». Parce que le contexte a changé depuis la rédaction du Green Deal et du Farm to Fork, elle entend bien faire réviser ces deux stratégies. D’autant que l’Union européenne « fait le jeu de l’importation alimentaire ». Marc Fesneau semble aussi partager cette ambition, insistant sur le fait que notre pays dispose dans de nombreux domaines, notamment les céréales, « un véritable atout géostratégique ». Mais cela suppose de conserver et « protéger nos capacités de production », a souligné Christiane Lambert très irritée par la baisse lente et inquiétante de notre balance commerciale et par les surtranspositions dont l’agriculture française est victime qui conduisent à de nombreuses impasses techniques et par conséquent économiques. Sur ce sujet, le ministre a annoncé la mise en place d’une planification sur les produits phytosanitaires, filière par filière, d’ici à la mi-avril. L’objectif est de recenser les produits homologués, la date du renouvellement des homologations et d’analyser avec les instituts techniques s’il existe des alternatives ou non. « Nous devons avoir une multiplication des solutions, y compris phytosanitaires s’il n’existe pas d’alternatives », a-t-il assuré. Il attend le calendrier de cette planification pour le mois de septembre.

Reconstruire les filières

Interpellé par Christiane Lambert qui reproche à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) d’outrepasser ses droits, en dernier lieu sur le dossier du S-Métolachlore, le ministre n’entend pas « déserter le champ politique […] Je n’entends plus laisser une décision à la seule appréciation d’une agence », a-t-il dit, prônant un « changement de méthode ». Autrement dit, à l’Anses l’analyse technique. Au ministre, la décision politique. Marc Fesneau a d’ailleurs demandé à l’Anses de revoir sa copie sur l’interdiction du S-Métolachlore. L’objectif du ministre, comme celui de la FNSEA, est de restaurer la souveraineté alimentaire française et européenne. « Il nous faut reconstruire les filières délaissées », a insisté Marc Fesneau qui a demandé à la FNSEA sa feuille de route pour la Pac 2027-2033. Il a conclu son propos en dévoilant une partie du volet agricole du Plan Eau présenté par le chef de l’État. « Il y aura une stabilisation dans les prélèvements […] On ne redemande pas un effort supplémentaire », a-t-il déclaré.