Coopération viticole
La coopération viticole en ordre de bataille

Sous l’égide de son nouveau président, les Vignerons coopérateurs ont dévoilé leur feuille de route pour les cinq prochaines années. Elle met l’accent sur le renouvellement des générations, la transition environnementale et l’adaptation au changement climatique.

La coopération viticole en ordre de bataille

« Si la coopération viticole attire toujours autant de vignerons, son image reste encore à consolider à l’intérieur du monde viticole comme à l’extérieur », a estimé le nouveau président de La Coopération agricole-Les Vignerons coopérateurs, Joël Boueilh. Investi en octobre dernier, le vigneron de la coopérative Plaimont dans le Gers a en effet particulièrement insisté, lors de sa première conférence de presse, mi-avril, sur la question du « renouvellement des générations », l’un des défis de la « feuille de route » de l’organisation, élaborée pour les cinq ans qui viennent par le nouveau bureau. Un thème qui était aussi à l’ordre du jour de l’assemblée générale à Buxy de la Fédération des caves coopératives Bourgogne Jura (FCCBJ) en lien avec celles du Vaucluse.
Côté coopération agricole et viticole, Joël Boueilh a d’abord évoqué l’importance d’assurer l’arrivée de nouveaux adhérents au sein des caves des coopératives dans un contexte économique difficile. « La transmission des exploitations des vignerons coopérateurs est rendue plus délicate par la tendance régulière à l’agrandissement des surfaces », a souligné le successeur de Boris Calmette. « Nous allons encourager tous les dispositifs à la disposition des caves aujourd’hui, comme le portage, direct ou temporaire, du foncier par les coopératives ou la création de groupements fonciers viticoles (GFV) ou de sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC). Il existe un intérêt des investisseurs et du public pour la vigne et le vin sur lequel il est intéressant de pouvoir compter ». Nous reviendrons la semaine sur ce thème abordé par la FCCBJ avec la Safer BFC et Agamy.

HVE et bio, leviers de progrès

L’un des leviers de la nouvelle équipe à la tête des coopératives viticoles restera l’engagement dans la transition environnementale. Confirmant l’impulsion prise lors du Congrès de 2019 à Marcillac, l’objectif de l’organisation est d’atteindre 20.000 Vignerons Engagés dans des démarches HVE ou bio d’ici 2024. « À ce jour, les trois-quarts des coopératives ont entamé l’une ou l’autre démarche », a précisé Anne Haller, la directrice des Vignerons coopérateurs et directrice adjointe de La Coopération agricole. « Je souhaite à présent que les caves fassent connaître l’évolution de nos pratiques à notre environnement local et notamment aux populations néo-rurales », a précisé Joël Boueilh.

Autre chantier majeur qui attend le nouveau président : l’adaptation aux risques climatiques. Dans ce domaine, Joël Boueilh a indiqué qu’il serait « vigilant » sur les décrets et ordonnances qui doivent venir compléter le texte de loi réformant l'assurance récolte. « Au-delà de cette question, nous devons trouver des mécanismes adaptés à nos particularités », a-t-il expliqué. « En cas de mauvaises vendanges, les vignerons coopérateurs sont affectés à deux niveaux : directement à la vigne mais aussi indirectement à la cave, celle-ci essuyant les pertes liées à la baisse brutale des apports ». L’ancien président de Plaimont milite pour le développement de la couverture des carences d’apport par les assureurs.  « A ma connaissance, il n’existe guère qu’un assureur qui le propose et le dispositif est méconnu ».
A plus long terme, les Vignerons coopérateurs comptent s’emparer du dispositif de la ferme carbone. « Nous avons des capacités de stockage du carbone à faire valoir dans nos vignes mais aussi la nécessité de tenir compte des impacts à l’aval, car nous produisons du vin et non du raisin », a expliqué la directrice Anne Haller à propos de la définition d’un référentiel pour la vigne.  L’équipe actuelle de la représentation des coopératives est sur le point d’être renforcée pour mieux répondre à l’accumulation des questions environnementales.

La coopération viticole, valeur refuge ?  

Le nombre de vignerons adhérents à des coopératives est en croissance, selon les chiffres issus des Douanes publiés par Les Vignerons Coopérateurs. Ils sont désormais près de six vignerons sur 10 en coopération (58 %) « contre 52 % il y a seulement quelques années », a commenté Anne Haller, la directrice, soit un total de 45.000 exploitations. La succession des crises, économiques et sanitaires, qui a fragilisé de nombreuses exploitations, expliquerait en partie ce phénomène, la coopération faisant office de valeur-refuge. Les vignobles des coopérateurs sont en effet de taille plus modeste (7 hectares contre 10 ha en moyenne). Quant au nombre de coopératives, il a baissé en raison des nombreux rapprochements intervenus ces dernières années. Il y en a aujourd’hui un peu moins de 570.