Ukraine
La prolongation de l’accord d’Istanbul toujours en suspend

Si Moscou ne s'est pas encore prononcé concernant la prolongation de l'accord d'Istanbul, l'Union européenne a ajouté une enveloppe de 100 millions d'euros pour les importations ukrainiennes.

La prolongation de l’accord d’Istanbul toujours en suspend
© iStock-Attraction Art

« Nous apprécions les efforts de l'ONU, elle essaie de faire de son mieux mais, jusqu’à présent, nous ne voyons aucun progrès », a déclaré le 25 avril l'ambassadeur russe auprès des Nations unies à Genève, Guennadi Gatilov. La veille, le chef de l’ONU, Antonio Guterres, avait adressé une lettre au président russe Vladimir Poutine, visant à améliorer et à prolonger l’accord d’Istanbul au-delà du 18 mai, date de la prochaine expiration. Depuis des mois, Moscou menace de suspendre l’accord d’Istanbul relatif aux exportations de céréales ukrainiennes en mer Noire en raison des sanctions occidentales qui perturbent l’application formelle du second accord relatif à l’exportation des engrais russes. Ce dernier avait également été conclu en juillet 2022 dans le contexte de la guerre en Ukraine.

La Russie attend toujours que des progrès soient réalisés sur cinq exigences. La première concerne la reconnexion de la banque russe spécialisée dans l'agriculture Rosselkhozbank au système bancaire international Swift. Moscou attend également la reprise des livraisons en Russie d'engins et pièces détachées agricoles et l'annulation des entraves pour assurer des navires et accéder aux ports étrangers. Elle demande aussi le dégel des actifs de sociétés russes liées au secteur agricole situés à l'étranger. Enfin, la Russie exige la reprise du fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa, qui relie la Russie à l'Ukraine et permet la livraison d'ammoniac. Pour l’instant, « Moscou n’a pas encore pris de décision sur l’avenir de l’accord céréalier », a assuré Guennadi Gatilov.

100 millions d’euros supplémentaire

Depuis juin 2022, l’Ukraine peut exporter sans contrainte tarifaire ses produits agricoles bruts et transformés au sein de l’Union européenne. Devant l’afflux massif de ces produits, cinq pays (Pologne, Hongrie, Bulgarie, Roumanie et Slovaquie) avaient décidé de fermer leur frontière car les stocks s’accumulaient chez eux, provoquant une chute des prix, celle des revenus des agriculteurs et faisant croître leur colère. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui avait proposé, début avril, une aide de 56 millions d’euros (M€) a ajouté le 19 avril, 100 M€ supplémentaires sur la table pour jouer l’apaisement et aider le secteur agricole. Cependant, la Pologne qui mène la fronde entend toujours interdire les importations de blé, de maïs, de colza et de graines de tournesol sur son territoire tout en autorisant le transit et en débloquant le reste des importations. Pour les cinq pays concernés, la liste des produits à interdire n’est pas exhaustive. Ils voudraient notamment y ajouter les fruits à baies, les œufs, la volaille, le sucre et le miel.

Agrafil et Actuagri