Élevage
Ovins : De fortes pertes de revenu

Les prix de vente de la viande (+ 8 %) et du lait (+ 3,5 %) ont bien progressé en 2022. Toutefois, ces augmentations n’ont pas été suffisantes pour compenser totalement la flambée des prix des intrants pour les éleveurs ovins. 

Ovins : De fortes pertes de revenu
Pour la Fédération nationale ovine, seule la prise en compte de l'évolution des coûts de production permettront un redressement rapide des coûts de production. © iStock-Vesnaandjic

« Des résultats alarmants qui font craindre le pire », titre le communiqué de la Fédération nationale ovine (FNO) après avoir pris connaissance de l’estimation des revenus des producteurs d’ovins viande et d’ovins lait de 2022 publiée par l’Institut de l’élevage (Idele). Pour les élaborer par système d’élevage, l’institut s’est appuyé sur les 300 fermes de référence des réseaux d’élevage Inosys. En 2022, les revenus moyens des différents systèmes se situent dans une fourchette allant de 10 500 € par unité de main d’œuvre (UMO) pour les systèmes « spécialisés ovins viande herbagers » à 36 000 €/ UMO pour les systèmes « mixtes ovins viande grandes cultures ». Ce n’est pas tant l’écart de 25 500 €/ UMO entre ces deux systèmes extrêmes qui est effrayant puisqu’en 2021, il était déjà de 23 600 €/UMO. Mais plutôt la chute de ces revenus observée en un an.

Pas les moyens

En effet, le revenu moyen par UMO des éleveurs en systèmes « ovins viande spécialisés herbagers » était de 19 300 €/UMO en 2021 (+ 8 800 €/UMO) et celui des éleveurs en systèmes mixtes ovins viande grandes cultures de 42 900 €/UMO (+ 6 900 €/UMO). Autrement dit, la conjoncture de prix de la viande (+ 8 % à 10 % sur un an selon les bassins de production), du lait (de 2 % à 3,5 % selon les bassins) et des agneaux laitiers (+ 18 %) n’a pas profité aux éleveurs d’ovins viande pour stabiliser leurs revenus. Même les systèmes mixtes ovins viande/grandes cultures affichent une baisse importante de leurs revenus alors que le produit de la vente de leurs grains a crû de 17 % sur un an. C’était sans compter sur la hausse vertigineuse de tous les intrants : + 72 % des engrais ; jusqu’à + 64 % des carburants et + 24 % des aliments d’engraissement et compléments laitiers. Même en réduisant parfois de moitié les achats d’engrais et en produisant une partie de leurs aliments concentrés, les producteurs d’ovins viande n’ont pas eu les moyens d’absorber les hausses de leurs coûts de production en vendant plus chers leurs produits. Enfin, les aides de la Politique agricole communue (Pac) n’ont été d’aucun secours. Tous systèmes confondus, les montants des aides découplées ont baissé de 1,4 % par rapport à 2021, ceux des aides couplées ont augmenté de 0,8 % et l’ICHN est restée inchangée.

Décapitalisation importante 

En conséquence, les revenus moyens par UMO des systèmes « ovins lait Pyrénées Atlantiques » (12 700 €/UMO ; - 4 700 €/UMO) et « ovins viande spécialisés herbagers » (10 900 €/UMO ; - 8 400 €/UMO) étaient l’an passé inférieurs à 15 000 €/UMO. Du jamais vu depuis plus de huit ans ! Les éleveurs des systèmes « ovins viande – bovins viande » (16 900  €/UMO ; - 7 100 €/UMO) et des systèmes « ovins lait-nord Occitanie » (16 200 €/UMO ; - 5 900 €/UMO) sont juste au-dessus du seuil de 15 000 €. Les producteurs d’ovins viande « spécialisés ovins viande fourragers » (28 100 €/UMO ; - 9 500 €/UMO sur un an) et « spécialisés ovins viande pastoraux » (26 700 €/UMO ; - 7 800 €/UMO sur un an) sont parvenus à dégager un revenu moyen par UMO supérieur à 20 000 €. Les seuls revenus supérieurs à 30 000 €/UMO sont ceux des éleveurs des systèmes mixtes ovins viandes-grandes cultures » (36 300 €/UMO). Mais sur un an la perte est de plus de 6 600 €/UMO. En 2023, les éleveurs restent pénalisés par des prix des intrants à l’achat qui restent très élevés et par une décapitalisation importante opérée l’an passé (- 6 % des effectifs). La production de viande pourrait baisser de 5 %. Selon la FNO, seule la prise en compte de l’évolution des coûts de production permise par la loi Égalim 2 dans le prix d’achat de la viande et la contractualisation obligatoire depuis le 1er janvier dernier permettront un redressement rapide des comptes d’exploitation. 

Actuagri