Edito d'Arnaud Rousseau, récemment élu à la présidence de la FNSEA.
Très récemment élu Président de la FNSEA, mon premier réflexe est de m’adresser aux agricultrices et agriculteurs de France. Je pose un constat lucide sur la situation de l’agriculture. Côté pile, les résultats agricoles 2022 sont bons, et les revenus augmentent enfin après des années de déflation, notamment grâce à nos actions déterminées sur les EGAlim ou sur les mesures d’aides sectorielles. Mais, côté face, les menaces sur l’activité, notamment sur l’accès aux moyens de production (eau, phyto…), la décapitalisation très préoccupante dans le monde de l’élevage, ou encore les hausses sans précédent des importations alimentaires, inquiètent à juste titre les agriculteurs sur la pérennité de leur activité.
En cet instant crucial pour notre avenir, le choix est simple : soit nous restons au stade des beaux discours et la Ferme France continuera à perdre du poids comme c’est le cas depuis plus de 20 ans ; soit nous traduisons en actes l’ambition de souveraineté alimentaire en offrant une vraie visibilité aux agriculteurs pour leur redonner confiance.
À cet effet, j’engage l’action de la FNSEA selon trois axes :
Un : la compétitivité des exploitations françaises. Pour atteindre l’objectif de souveraineté alimentaire et pour développer la capacité à investir dans le développement et la modernisation de nos outils de production vers plus de durabilité, le revenu des agriculteurs est central. Des batailles ont été gagnées, mais il faut consolider l’existant. Et la compétitivité, c’est aussi l’accès aux moyens de production et la mise en place d’un environnement de juste et saine concurrence, en France et en Europe.
Deux : l’attractivité de l’agriculture pour assurer le renouvellement des générations agricoles. En 2030, 116.000 de nos collègues agriculteurs auront atteint l’âge de la retraite. Or, notre agriculture repose, et doit continuer à reposer, sur des femmes et des hommes. Il nous faut créer les conditions favorables à la désirabilité de nos métiers, porteurs de sens, vecteurs de lien et créateurs de valeur ajoutée économique et sociale dans les territoires.
Trois : créer un nouveau pacte avec la société. L’agriculture est au cœur des enjeux sociétaux, alimentaires, bien sûr, mais aussi énergétiques, de lutte contre le changement climatique et de décarbonation des activités économiques. Il est nécessaire de poser les nouvelles bases d’un dialogue avec le politique, le monde économique et la société. Chacun doit savoir ce qu’il doit à l’agriculture et ce qu’il peut lui demander.
Avec toute la force d’un collectif représentatif des productions et des territoires, avec toute la puissance de notre réseau fédéré autour d’une volonté commune de progrès, portons l’ambition d’une agriculture conquérante et dynamique, qui fait la part belle à la croissance durable, et qui porte des solutions aux grands enjeux économiques, sociétaux et environnementaux de notre temps.
Ensemble : prenons l’offensive !
