Le récent accord signé à Dijon entre Pôle Emploi, la FRSEA BFC, les JA BFC, la Chambre régionale d’agriculture et l’Anefa BFC le prouve : le secteur agricole est en recherche de bras. Un fait également démontré par la récente enquête régionale de Pôle Emploi sur les besoins en main-d’œuvre. 

Secteur demandeur de main-d’œuvre en BFC
L’enquête BMO 2021 de Pôle Emploi le montre : viticulteur, arboriculteur et cueilleur figurent au premier rang des métiers actuellement recherchés par les employeurs en Bourgogne Franche-Comté.

Le 11 mai dernier, au siège régional de Pôle Emploi, la signature d’un accord cadre destiné à promouvoir et mieux faire connaître les opportunités d’emploi dans les filières agricole et viticole a rappelé que les besoins en main-d’œuvre sont bien réels dans ces domaines. Les acteurs réunis pour cette signature (Pôle Emploi, la FRSEA BFC, les JA BFC, l’Anefa BFC et la Chambre régionale d’agriculture) conviennent tous de la nécessité de mieux faire connaître les métiers agricoles, et ce le plus tôt possible dans les milieux scolaires, afin de préparer l’avenir d’un monde professionnel en pleine mutation. Agriculture et viticulture ont de plus en plus besoin de main-d’œuvre en raison de facteurs multiples, mais qui se conjuguent pour créer de l’emploi : agrandissement des exploitations qui génère des charges de travail alourdies, évolutions sociétales qui font que les familles d’agriculteurs veulent aussi se libérer du temps hors de leur occupation professionnelle, besoins de personnes qualifiées pour assurer des remplacements... Pas étonnant, dès lors que, dans un tel contexte, les besoins en main-d’œuvre exprimés en Bourgogne Franche-Comté, dans le secteur agricole au sens large (qui englobe aussi l’agroalimentaire) soient importants. 

Plus de 15.000 projets de recrutement pour 2021

Cette réalité, c’est l’enquête annuelle Besoins en main-d’œuvre (BMO) conduite par Pôle Emploi, qui le révèle : en 2021, 19 % des intentions d’embauche en Bourgogne Franche-Comté (BFC) concernent l’industrie agroalimentaire ou l’agriculture. Il faut se rappeler qu’il existe environ 27.000 exploitations agricoles en BFC et près d’un quart emploie un ou plusieurs salariés. Plus de 54.000 actifs permanents travaillent au sein des exploitations agricoles de la région, dont 78 % d’exploitants et actifs familiaux et 22 % de salariés non familiaux. Aux emplois agricoles au sens strict, s’ajoutent les emplois des services (entreprises de travaux agricoles, paysagistes, etc.), ainsi que les emplois de l’amont et de l’aval (agrofourniture, coopératives agricoles, etc.). 15.170 projets de recrutement ont été recensés dans l’enquête BMO 2021, concentrant une part importante de l’activité saisonnière. Les métiers de viticulteurs, arboriculteurs salariés et cueilleurs, font partie du top 10 des métiers les plus recherchés en BFC. Il faut aussi avoir à l’esprit qu’en BFC, à la fin de l’année 2020, le taux de chômage s’établissait à 6,6 % de la population active (contre 7,7 % en France) et que ce taux de chômage a baissé de 0,5 % sur un an (contre -0,1 % au plan national). 

Des métiers très recherchés

Sur la période d’avril 2020 à mars 2021, comparée à celle d’avril 2019-mars 2020, pour le secteur de l’agriculture, des espaces naturels et des soins aux animaux, le nombre d’offres d’emploi sur la région  était néanmoins en baisse de 32 % (4.283 contre 6.289). Tous secteurs économiques confondus, les perspectives d’emploi pour 2021 sont pourtant orientées positivement, avec, globalement, des projets de recrutements en hausse de 2,1 % (plus de 94.000 projets). Sur ce total, les intentions d’embauche dans les industries agroalimentaires et l’agriculture représentent un peu plus de 18.000 projets (19 % du total). Fait important à noter : parmi les cinq métiers les plus recherchés par les employeurs en 2021 en BFC, on trouve, au premier rang, avec 13.100 recrutements possibles, les viticulteurs, arboriculteurs et cueilleurs, tous en saisonniers. Selon les entreprises concernées, trois postes sur 10 sont difficiles à pourvoir dans ces domaines. Le caractère saisonnier de certains de ces recrutements est important surtout dans les activités agricoles. De manière générale, l’enquête BMO révèle que, dans certains secteurs de BFC, les recrutements liés à une activité saisonnière peuvent représenter plus de 70 % des embauches. C’est le cas sur le secteur de Beaune notamment, mais aussi, dans une moindre mesure, dans la région d’Autun, en Saône-et-Loire (60,2 % des recrutements) ou sur la zone de Saint-Claude, dans le Jura (44,3 %). Évidemment, ces recrutements saisonniers ne sont pas tous obligatoirement liés à une activité agricole : le tourisme en est aussi demandeur. Reste que, dans les semaines qui viennent, l’agriculture va avoir des besoins importants en recrutement, et qu’elle n’est pas certaine de les combler.

Berty Robert

Au plan national aussi

La FNSEA qui s’appuie sur les résultats de l’enquête Pôle Emploi sur les besoins de main-d’œuvre pour l’année en cours rappelle, le 20 mai, qu’un « projet de recrutement sur dix se fait dans le secteur agricole ». Cela représente « plus de 275.000 projets de recrutement partout sur le territoire », insiste-t-elle. L’enquête de Pôle Emploi montre que pour le secteur agricole les projets de recrutement non saisonniers sont en forte progression (32.000 projets en 2021, + 4.900 en deux ans). Cependant, le secteur agricole est chroniquement confronté à d’importantes difficultés de recrutement. « On estime à près de 10 % les postes qui ne seraient pas pourvus chaque année et jusqu’à 30 % des postes pour les contrats en CDI », précise le syndicat agricole pour qui « il est primordial de renforcer l’attractivité des métiers, notamment vers les jeunes ». Il entend à ce titre créer des ponts vers les publics éloignés de l’emploi, notamment en cette période de crise sanitaire et économique et « privilégier les embauches locales ».