Les brèves du 4 septembre 2023
Les brèves du 4 septembre 2023
UE/Australie : les négociations commerciales toujours bloquées sur les questions agricoles
Le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, s’est entretenu à distance avec le ministre australien du Commerce, Don Farrell, le 31 août mais leur discussion n’a pas permis d’avancées dans les pourparlers sur un accord commercial. Aucune date pour une prochaine session de négociation n’a été fixée. « Nous nous sommes mis d’accord pour intensifier les discussions en vue de conclure l’accord dans les prochains mois », a simplement déclaré le commissaire européen. L’objectif initial était de conclure ces discussions en juillet mais l’Australie avait refusé l’offre européenne sur l’accès des produits agricoles australiens au marché européen. « Les politiques protectionnistes de l’UE en matière d’agriculture font qu’il est très difficile pour les entreprises australiennes d’être à l’aise avec les offres qui sont actuellement sur la table », a récemment commenté le ministre australien Don Farrel dans la presse. Pour l’instant, la Commission européenne a proposé à l’Australie un contingent d’importation de 24000 tonnes de viande bovine, de 20000 t de viande ovine, 8000 t de poudre de lait écrémé ou encore 5000 t de beurre, le tout à droits de douane nuls. L’Australie insiste auprès de l’UE pour pouvoir continuer à utiliser le nom de certaines appellations (prosecco, feta, parmesan et pecorino notamment) alors que l’UE a soumis à l’Australie une liste de plus de 400 indications géographiques à protéger.
Lait : en Nouvelle-Zélande, Fonterra veut réduire ses coûts face à la chute des cours
Le géant du lait néozélandais Fonterra prévoit de réduire ses coûts d’environ 598 millions de dollars au cours des sept prochaines années à la suite de la chute des cours des produits laitiers sur le marché mondial, ont annoncé les dirigeants du groupe le 1er septembre. « L’accent mis sur les gains d’efficacité aura des répercussions sur les effectifs », a déclaré le directeur général de Fonterra, Miles Hurrel, laissant entrevoir de futures suppressions d’emplois sans donner plus de détails. Fonterra compte 20000 employés et environ 9000 agriculteurs actionnaires. Le groupe est l’un des plus grands exportateurs de produits laitiers au monde. Il produit chaque année 16 milliards de litres de lait et exporte vers plus de 140 pays. Cependant, les cours des produits laitiers ont fortement chuté le mois dernier, notamment celui du lait entier en poudre qui a plongé de 10,9 %. Ces dernières semaines, Fonterra a réduit à deux reprises ses prévisions des cours du lait, augmentant ainsi la pression sur ses agriculteurs et ce qui, selon M. Hurrell, « ajoute encore davantage aux défis en perspective pour l’année ». La baisse de la demande chinoise, liée au développement de l’offre de lait domestique, est l’un des principaux moteurs de la chute des prix, a expliqué le patron de Fonterra.
Lait : éleveurs et coop' plaident pour que la filière soit exclue des négociations anticipées
Dans deux communiqués distincts, le 1er septembre, la Coopération laitière et la FNPL (producteurs de lait, FNSEA) demandent que la filière laitière soit exclue des négociations commerciales anticipées. La veille, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé que les 75 plus grands industriels allaient commencer « dès le mois de septembre et jusqu’au 15 octobre » leurs négociations avec les distributeurs pour une entrée en vigueur des nouveaux tarifs au plus tard fin janvier. Parmi ces entreprises, selon la liste de NielsenIQ publiée par LSA, on trouve les grands acteurs de la filière laitière : Agrial, Bel, Danone, Lactalis, Savencia, Laïta et Sodiaal. « L’ouverture des négociations commerciales anticipée est une source d’inquiétude très forte pour les éleveurs laitiers. À aucun moment dans la communication de Bruno Le Maire, l’exemption qui prévalait jusque-là pour la filière laitière n’a été confirmée », relève la FNPL. « La coopération laitière s’étonne, tout comme la FNPL, de la non-reprise de la spécificité laitière qui était exemptée des renégociations avec la grande distribution », abondent les coopératives. Le locataire de Bercy, qui depuis plusieurs mois incite les industriels à renégocier leurs prix, avait jusque-là fait la distinction entre le lait et les autres matières premières agricoles.
Céréales : Erdogan attendu lundi en Russie, deux nouveaux cargos en mer Noire
Le Kremlin a annoncé le 1er septembre que Vladimir Poutine allait recevoir ce lundi 4 septembre à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Cette annonce intervient à un moment où l’Ukraine dit de son côté avoir laissé deux cargos naviguer en mer Noire dans un couloir maritime établi par elle, malgré les risques de représailles russes après la fin de l’accord sur les céréales. « Les vraquiers Anna-Theresa (battant pavillon du Liberia) et Ocean Courtesy (Îles Marshall) ont quitté le port de Pivdennyi et empruntent le couloir », a déclaré sur X (ex-Twitter) le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandre Koubrakov. Outre ces deux cargos deux navires ont réussi ces derniers jours à rejoindre les eaux turques à partir des ports ukrainiens, sans que la Russie réagisse militairement jusqu’à aujourd’hui. L’accord céréalier, que Moscou a abandonné mi-juillet et qui permettait depuis l’été 2022 l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire malgré le blocus russe, sera justement au menu des discussions, a assuré lundi Ankara.
Champagne : les vendanges sont lancées, une récolte annoncée comme « record » en volume
Les vendanges dans le vignoble champenois ont débuté ce week-end dans l’Aube, mais la majorité des communes de l’appellation commenceront à récolter les grappes à partir de jeudi pour une année qui s’annonce « record » en volume, a annoncé le 3 septembre le Comité champagne. Cette récolte « s’annonce sur le plan des volumes absolument record », avec un poids des grappes « jamais atteint » autour de « 220 grammes » contre « 175 grammes » pour le précédent record en 2005, a détaillé David Chatillon, président de l’Union des maisons de champagne et coprésident du Comité champagne. Sur le plan qualitatif, « avec la météo de début août, nous avons vu apparaître quelques foyers de botrytis que nous suivons de près », mais « pour l’instant ça n’explose pas » et « la météo de ces jours-ci, qui s’annonce très belle, est idéale, elle permettra de sécher ces foyers de pourriture ».
Vin : chute des volumes à l’export et en grande distribution au premier semestre
Les ventes de vin marquent au premier semestre une chute en volume à l’export et en grande distribution, a indiqué le 1er septembre FranceAgriMer, notant par ailleurs une hausse en valeur liée à l’inflation. « Sur les six premiers mois de l’année, les exportations françaises de vin connaissent un fort repli en volume (-6 % par rapport à 2022), selon une note. La valeur exportée s’élève à 6,6 Mrd€ (+3 %), soit le plus haut niveau enregistré » pour un premier semestre. Pour expliquer la chute des volumes, FranceAgriMer note que « l’inflation semble toujours perturber de nombreux marchés ». La destination pays tiers est particulièrement touchée (-10 %), États-Unis en tête (-13 %). Vers l’UE, les Pays-Bas se distinguent avec une hausse de 5 % des volumes : le pays réexporte des vins français et son évolution « peut cacher un dynamisme d’autres marchés ». Les ventes de vin tranquille en grande distribution affichent, de janvier à mi-août, 504 Mhl (-5 %) et 2,6 Mrd€ (+1 %). Tous les segments reculent en volume, à l’exception des VSIG (sans indication géographique) des États membres (+3 %).
Fruits : 1 200 travailleurs marocains pour la récolte de clémentines corses
Plus d’un millier de travailleurs saisonniers marocains arriveront en octobre en Corse pour participer à la récolte de clémentines. « La filière clémentine de Haute-Corse attend 1.200 saisonniers, qui arriveront entre le 6 octobre et le 2 novembre à bord de vols commerciaux pris en charge par les producteurs », a détaillé Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) à l’AFP. Après s’être vus délivrer des titres de séjour temporaires, les saisonniers marocains devront ensuite repartir à l’issue du contrat. Ce n’est pas la première fois que les producteurs corses de clémentines font appel à ce type de main-d’œuvre : l’Ofii avait fait venir 900 travailleurs marocains en octobre 2020 au plus fort de la pandémie. L’annonce intervient deux mois après la signature en juillet d’une convention entre l’Ofii, la FNSEA et l’établissement public marocain chargé de l’emploi (Anapec), afin de faciliter le recrutement de travailleurs saisonniers agricoles marocains par des exploitants français : « Une démarche censée répondre aux besoins des agriculteurs qui font actuellement face à un manque de candidats, remettant en question certaines récoltes », avait insisté le syndicat majoritaire à l’époque.
Noix : vers la création d’une association de producteurs du Sud-Est, pour faire face à la crise
Le 5 septembre, une assemblée générale constitutive à Chatte (Isère) devrait donner jour à l’association de producteurs de noix du Sud-Est. La forte crise que connaît le secteur nucicole en 2022, avec une production en progression de 40 % et une consommation chutant de 30 %, a été le déclencheur de la démarche. « La majorité des 150 producteurs présents lors d’une réunion que nous avons organisée en avril, au cœur de la crise, ont approuvé cette proposition », se félicite Jean-Claude Darlet, président de la CA Isère, contacté par Agra Presse. L’ objectif est d’organiser la filière : « Il n’existe pas de structure rassemblant tous les producteurs, quelle que soit la variété de noix qu’ils cultivent, qu’ils appartiennent à une AOP ou non, qu’ils vendent en direct ou la GMS », plaide Jean Claude Darlet, qui espère une adhésion des producteurs à hauteur de 70 %. La création d’une telle association structurerait le secteur, après la naissance de l’interprofession régionale de la noix du Sud-Ouest en 2021. « Nous sommes en relation avec nos collègues du Sud-Ouest. L’objectif est de travailler à une représentation nationale de la filière nucicole qui soit représentative auprès des ministères et pèse auprès de la distribution », souligne Jean Claude Darlet. En cela, cela rencontrerait les recommandations d’une récente étude du CGAAER (ministère de l’Agriculture)
Choucroute : tension entre producteurs et transformateurs autour du prix en Alsace
En Alsace, les producteurs de choux à choucroute demandent une revalorisation de 8 € du prix payé par les transformateurs, pour atteindre 128 € la tonne contre 120 € actuellement, rapporte l’AFP le 1er septembre. « Le prix du chou a déjà énormément augmenté ces dernières années, autour de 40 %. Nos clients ne peuvent plus absorber de grosses hausses, qui à un moment donné vont engendrer une destruction de la demande : le consommateur va refuser d’acheter le produit au-dessus d’un certain prix », plaide Jean-Luc Meyer, responsable de la choucrouterie Meyer Wagner, à l’AFP. « Pour l’avenir et pour que nos jeunes s’intéressent à cette culture, ça serait bien que les choucroutiers paient notre travail à sa juste valeur », argumente de son côté Joseph Bick, producteur sur une dizaine d’hectares à Krautergersheim (Bas-Rhin). La revendication des producteurs s’appuie sur une saison rendue difficile par la sécheresse et le manque d’eau en Alsace, ce qui a obligé à irriguer les champs : « On est à cinq tours d’eau sur chaque parcelle », explique Joseph Blick qui compte 12 litres de gazole non routier (GNR) à l’hectare par heure d’arrosage, et 25 heures en moyenne annuelle à l’hectare. Or, le GNR est passé, en moyenne nationale, de 1,12 € le litre en mai à 1,35 € actuellement, renchérissant les coûts.
Influenza : retour à la normale des abattages de poulet, encore du chemin en dinde et canard
Après des chutes importantes de production liées aux crises d’influenza aviaire, le ministère de l’Agriculture constate, dans une note Agreste parue le 1er septembre, que les abattages de volailles ont continué de se redresser sur le mois de juillet (+10,1 % sur un an, +20,2 % sur le mois précédent), engageant la filière « progressivement vers une sortie de crise ». C’est déjà vrai pour la filière poulet, dont les abattages augmentent de 7,3 % sur un an, pour atteindre un niveau inférieur de 1,3 % à ceux de la période 2018-2022. De même, la filière pintade retrouve, depuis juin, des niveaux moyens. Il reste davantage de chemin à parcourir dans les filières canard gras (-24,2 % par rapport à 2018-2022), canard à rôtir (-11,1 %) et dinde (-20,3 %). Toutefois, les mises en place de poussins sont en forte hausse dans ces deux filières (+ 66,2 % pour les canetons, + 23,8 % pour les dindonneaux), ce qui annonce un retour à la normale dans les mois prochains. La production d’œufs de consommation est quant à elle en léger repli de 1,2 % sur un an au mois d’août, mais les mises en place de poulettes de ponte augmentent sensiblement (+ 30,6 % sur un an).
Porcins, ovins, bovins : net repli des abattages des trois espèces au 1er semestre (ministère)
Dans trois notes parues fin août, le ministère de l’Agriculture constate un recul significatif des abattages dans les élevages d’ovins, de bovins et de porcins sur le premier semestre. Dans la filière ovine, les abattages d’agneaux et d’ovins de réformes reculent respectivement de 9,1 % et 1,7 % de janvier à juillet. Sur la même période, la consommation a fortement progressé (+23 %, à 75 000 tonnes), profitant aux importations qui ont doublé pour atteindre près de 40 000 tonnes. En porc, les abattages reculent de 5,4 % en tonnages de janvier à juillet, face à une consommation également en recul (-4,4 %), qui voit exportations (-9,8 %) et importations (-5,8 %) refluer. Enfin, en bovins, les abattages reculent de 3,8 % depuis le début de l’année, tout comme les exportations de broutards légers (-13 %) et de viande bovine (-17 %). Face à une consommation apparente (qui ne tient pas compte des stocks) en léger recul (-1 %), les importations reculent légèrement (-2 %). La production a fait face à une situation fourragère plutôt moyenne : au 20 août 2023, la pousse cumulée des prairies permanentes était inférieure de 4 % à la moyenne de la période 1989-2018.
Pesticides : baisse de 6 % des indicateurs de risque en 2021 dans l’UE
La Commission européenne a mis à jour le 30 août ses indicateurs de risque harmonisés (HRI) permettant de suivre l’utilisation de pesticides de l’UE pour 2021. Le premier indicateur (HRI 1) – multipliant les quantités de substances actives mises sur le marché par un facteur de pondération en fonction de la dangerosité – montre une diminution de 38 % depuis la période de référence en 2011-2013 et une baisse de 6 % par rapport à 2020. Le HRI 2, basé sur le nombre de dérogations d’urgence accordées par les États membres, montre une augmentation de 41 % par rapport à 2011-2013 mais une diminution de 3 % sur un an. Ces HRI sont les indicateurs sur lesquels se base la Commission européenne dans sa proposition de règlement sur l’utilisation durable des pesticides qui prévoit une réduction de 50 % de leur usage en 2030. « Ces chiffres contrastent avec les données les plus récentes d’Eurostat sur les ventes de tous les pesticides qui mettent en évidence une augmentation de 2,7 % en 2021 par rapport à 2020 », déplore toutefois Pesticide action network qui demande « une réforme urgente » des HRI lesquels donnent, selon l’ONG, une image « trompeuse » de la réalité.
Bio : plus de surfaces dans les pays riches gonfleraient les prix du conventionnel dans les pays pauvres (étude)
À moins de réduire le gaspillage et la consommation de protéines animales, la hausse des surfaces en agriculture bio dans les pays riches va « vraisemblablement » entraîner une hausse des prix des produits agricoles dans les pays pauvres, selon une étude publiée le 2 août dans le journal scientifique European review of Agricultural Economics. Les auteurs, affiliés à l’université de Californie, se sont penchés sur quatre cultures (blé, riz, maïs, soja) qui représentent « environ 2/3 des calories consommées à échelle mondiale ». D’après leurs travaux de modélisation, passer de 3 à 15 % de surfaces en bio dans les pays riches pourrait entraîner une hausse des prix allant jusqu’à 6,3 % dans les pays pauvres. « 3 % [de surfaces en bio] est la part moyenne actuelle dans les pays riches -ça peut sembler peu mais tous les pays riches ne sont pas dans l’UE, et 15 % est la part ciblée par la politique publique », précise le chercheur Pierre Mérel. Pour neutraliser cet effet sur les prix à la consommation dans les pays pauvres, il faudrait augmenter de 3 % la surface totale cultivée (bio + conventionnel) dans les pays riches, ou agir « significativement » sur le gaspillage et la consommation de protéines animales, estiment les chercheurs. En revanche, les consommateurs des pays riches seraient peu affectés car une légère hausse des prix conventionnels serait « largement compensée » par la baisse des prix du bio.