MHE
Notre première urgence est de rétablir les courants commerciaux

Alors que de nouveaux foyers de la maladie hémorragique épizootique sont apparus dans le Sud-Ouest, la FNSEA demande que les pouvoirs publics fassent le nécessaire pour rétablir les courants commerciaux interrompus avec nos principaux clients. Interview de Laurent Saint Affre sur la Maladie Hémorragique Épizootique (MHE).

Notre première urgence est de rétablir les courants commerciaux

Quelles sont les caractéristiques de la maladie hémorragique épizootique ?

Laurent Saint Affre : La maladie hémorragique épizootique (MHE) est une maladie virale qui affecte tous les ruminants. Le virus est transmis entre les animaux par des piqûres d’insectes du genre Culicoïdes. Les petits ruminants sont porteurs sains, alors qu’elle se manifeste par des signes cliniques chez les bovins. Elle provoque des pics de fièvre et se manifeste par des inflammations des muqueuses de la tête et des pieds. S’en suivent des boiteries et l’apparition éventuelle d’ulcères. Les animaux ont du mal à se déplacer et à se nourrir. Malheureusement, il n’y a pas à ce jour de vaccin contre la MHE mais la maladie n’est pas transmissible à l’homme.

Quelle est son origine ?

L. S.-A. : Elle est apparue, il y a une quinzaine de jours, dans les Pyrénées Atlantiques et dans les Hautes-Pyrénées. Elle est déjà présente en Amérique du Sud et en Amérique du Nord et elle est arrivée récemment en Espagne et au Portugal. En Italie, la Sicile et la Sardaigne sont également touchées.

Quelles sont les mesures de prophylaxie qui ont été prises ?

L. S.-A. : La MHE est une maladie réglementée au niveau européen et à déclaration obligatoire. Les pays impactés ont l’obligation de mettre en place des mesures de surveillance afin de suivre l’évolution de la maladie. En termes de transfert d’animaux, la réglementation européenne n’impose pas de restrictions de mouvements sur le territoire national. En revanche, elle interdit l’envoi vers les autres États membres de tous ruminants provenant d’exploitations situées dans un rayon de 150 km autour de chaque foyer. Conséquence, nos exportations de broutards issus de la zone réglementée vers nos principaux clients, l’Espagne, l’Italie et la Grèce, sont provisoirement interrompues. L’Algérie, autre client important, a suspendu ses importations de bovins français.

Même si la réglementation ne le lui impose pas, la France a décidé, pour sa part, que seuls les animaux dont les élevages ont été désinsectisés et ont révélé un test de dépistage négatif pouvaient sortir de la zone réglementée mise en place autour des élevages infectés.

Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

L. S.-A. : la priorité de nos priorités est de rétablir les flux commerciaux avec les grands pays traditionnellement importateurs d’animaux français. Avec l’Espagne où le virus est déjà présent, nous avons signé un accord pour reprendre les échanges à partir de la zone non indemne. Avec l’Italie et la Grèce, les discussions sont en cours. Pour ce qui est de l’Algérie, nous travaillons à l’établissement d’un cahier des charges sanitaire pour que les courants commerciaux puissent reprendre le plus vite possible. Il est urgent de parvenir rapidement à un rétablissement des échanges, car la campagne de commercialisation des broutards ne fait que commencer. Plus le temps passe, plus la pression se fera sentir sur les marchés du maigre. Les éleveurs ne doivent pas subir les pressions commerciales et j’espère que l’optimisme pourra revenir dans les prochains jours.