Projet alimentaire territorial
Point sur l'avancement du PAT "grande échelle"

Florence Bouville
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En 2022, le Projet alimentaire territorial (PAT) porté par le Département a été reconnu et labellisé par le ministère de l’Agriculture. Son avancement a été présenté en assemblée le 28 septembre. En plaçant la restauration collective au cœur de la politique alimentaire du territoire, il vient en support des autres PAT existants. D’ici 2024 et la fin de la phase d’émergence, les actions déjà engagées seront renforcées et des leviers sur la protection du foncier, l’accompagnement à la transmission des exploitations, les circuits courts etc., seront débloqués.

Point sur l'avancement du PAT "grande échelle"

Couvrant 20 EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale), le PAT du Département fixe un large cadre d’action. Toutefois, les PAT ayant un ancrage plus local ("Agriculture et alimentation durable en Autunois Morvan", "Nourrir le Clunisois : vers une autonomie alimentaire durable et résiliente", etc.) n’en demeurent pas moins avancés.

Pour rappel, en matière d’agriculture et d’alimentation, la collectivité possède des compétences directes, comme l’approvisionnement des cantines au sein des collèges (hormis ceux en délégation de service public).

Les potentiels du territoire

Tout PAT débute nécessairement par la réalisation d’un diagnostic agricole et alimentaire, en parallèle d’une première phase de concertation. Pour cela, le Département a fait appel au bureau d’études lyonnais Ceresco, qui a évalué l’offre et la demande du territoire. En sont sortis, de manière chiffrée, des points bien connus : un déficit de production de fruits et légumes, entre autres. À noter que ces données sont relatives, car il s’agit d’une comparaison entre filières. Dans l’absolu, il est clair que la Saône-et-Loire ne produit pas trop de viande. Historiquement, ce sont aussi les conditions pédoclimatiques qui définissent les potentiels agronomiques d’un secteur, autrement dit le type de production et sa répartition.

À la suite de ce diagnostic, ont été identifiés quatre axes de travail prioritaires : renouvellement des générations et diversification des productions (reste à savoir précisément quelle diversification ?), approvisionnement local des collèges, accessibilité au bien manger, développement et rémunération des pratiques agricoles résilientes. Pour tout ce qui touche à la précarité alimentaire, il y a encore une grande marge de progression. En effet, la dimension rurale du territoire fait qu’il est souvent difficile d’avoir la bonne forme de vente au bon endroit. De plus, 12,5 % de la population a plus de 75 ans (9,4 % à l’échelle nationale) ; population très impactée par la hausse de l’inflation et le manque de mobilités.

Pour Michel Duvernois, conseiller départemental du canton de Gergy et ancien directeur de la coopérative Bourgogne du Sud, « si on veut revenir aux produits locaux, il faut soutenir les filières de transformation, en particulier celle des fruits et légumes », maillon qui n’apparaissait pas explicitement dans le diagnostic. Seulement, concernant les outils de transformation, la capacité d’action du Département est limitée. Ce qui ne signifie pas absence d’équipements. Le plus difficile pour ces structures (abattoirs, légumeries…) étant le calibrage des modèles économiques, qui atteignent vite un plafond. On s’en souvient, la fermeture de D’Aucy à Ciel avait été un traumatisme.

La question du foncier

Le foncier saône-et-loirien est l’un des moins chers de France (hors terres viticoles). Il avoisine les 2.400 €/ha à l’Ouest, contre 3.400 au niveau national. Néanmoins, ces prix compétitifs ne règlent pas la problématique de la transmission des fermes. Sur 70.000 ha agricoles, 14 % sont gérés par des exploitants de plus de 60 ans, avec 20.000 ha sans repreneur (Recensement agricole 2020). Michel Duvernois résume : « en Saône-et-Loire, il y a trois types de foncier : un viticole que tout le monde connaît, un foncier labourable qui rencontre peu de difficultés de transmission et un non labourable, sujet crucial pour préserver l’occupation du territoire ». Frédéric Cannard, représentant du canton de Cuiseaux, alerte lui aussi l’assemblée sur la perte des terres d’élevage. D’où l’intérêt d’utiliser le PAT comme outil de sensibilisation et de formation à la protection foncière. Enfin, au regard du contexte législatif actuel, le président André Accary espère une « loi ZAN (Zéro artificialisation nette) équilibrée ».

Au vu de tous les enjeux soulevés, les possibilités d’actions concrètes ne manquent pas. Sans oublier tout le travail de coordination entre les différentes collectivités et bassins de consommation. Certains leviers, comme l’approvisionnement local des collèges, ont une ambition plus "sociale" qu’économique (1.700 ha concernés), mais restent tout aussi légitimes.