Interporc Bourgogne
Des performances accrues dans un contexte peu porteur

Berty Robert
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L’assemblée générale de l’Union régionale des groupements de producteurs de porcs de Bourgogne et d’Interporc Bourgogne aura permis de mettre en lumière les contradictions auxquelles ce secteur doit parfois faire face.

Des performances accrues dans un contexte peu porteur
L'élevage de porc bourguignons accomplit d'importants efforts d'investissement et fait progresser son niveau de technicité. La prolificité des truies en est une des traductions. (Crédit USDA)

Le premier constat effectué à l’occasion de l’assemblée générale de l’Union régionale des groupements de producteurs de porcs de Bourgogne, et de celle d’Interporc Bourgogne, c’est celui d’une baisse du nombre d’éleveurs en 2021 (quatre arrêts d’activité). Le secteur s’apprête à en connaître d’autres, notamment en raison de départs en retraite. Cette configuration de la pyramide des âges n’est pas propre à la Bourgogne, elle s’observe dans toutes les régions d’élevage porcin en France. Au sein de l’union régionale, on déplore toutefois la difficulté qui accompagne toute velléité de création d’élevage. Emmanuel Thiery, son président, pointait à cette occasion un paradoxe auquel le monde agricole a malheureusement l’habitude d’être confronté : « il y a une demande, de la part de la société, de petits élevages de proximité, mais dès que l’un d’entre-eux tente de se monter dans notre domaine, il a droit à une levée de boucliers… ».

Montée en technicité

En dépit de cette tendance, le nombre de porcs charcutiers commercialisés par les groupements est en hausse continue depuis 2018. La production se concentre néanmoins sur un nombre d’élevages plus restreint. Cela traduit la forte prolificité des truies qui permet de maintenir un bon niveau de production, alors qu’elles sont moins nombreuses, mais aussi la montée en technicité des élevages, notamment sur la performance génétique. Il faut aussi noter, sur la période 2020-2021, l’utilisation des Plans de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE) ont démontré un certain dynamisme dans les investissements, pour les éleveurs qui se maintiennent. Au niveau de la coopérative Cirhyo, on réaffirme la volonté de maintenir les élevages, même si l’on demeure conscient que, dans le contexte actuel, relativement peu porteur, le maintien de certaines structures d’élevage porcin peut se révéler coûteux, il est malgré tout nécessaire de parier sur l’avenir.

Biosécurité et bien-être

Au chapitre des activités menées, la période 2022-2023 devrait être marquée par des actions concernant le bien-être animal. Comme en écho à la sollicitation des PCAE citée plus haut, les élevages porcins bourguignons évoluent dans un contexte où se cumulent les questions de biosécurité et de bien-être animal. Ceci explique en partie un niveau d’investissements soutenu dans certains élevages. La vigilance reste pourtant la règle sur ces questions, comme le souligne l’intervention que les représentants de l’union régionale ont dû faire en urgence, auprès d’élus du Conseil régional de BFC, en avril dernier : elle concernait une évolution liée au Plan stratégique national (PSN : déclinaison française de la future Pac) et qui risque d’impacter les investissements. « Tout le monde nous sollicite pour faire de la production locale, expliquait Emmanuel Thiery, mais dans le même temps, il n’y a pas de volonté d’aider au maintien des producteurs. Il ne faut pas que nous laissions partir une production qui fait aussi vivre des fabricants d’aliments et des transformateurs ». La Bourgogne rassemble aujourd’hui 500 sites d’élevage porcin, de toutes tailles.

Dégradation pour l’abattage

Par ailleurs, maintenir un élevage de proximité passe également par le maintien des outils qui doivent l’accompagner, et notamment les structures d’abattage. « Faire du locavore ne cadre pas avec la nécessité de devoir accomplir 100 ou 150 km afin de faire abattre un animal », déplorait le président de l’Union régionale et d’Interporc Bourgogne. De fait, le paysage de l’abattage, s’est dégradé, notamment avec la disparition de l’abattoir de Beaune, en Côte-d’Or. En dix ans, entre 2011 et 2021, le nombre de porcs abattus en Bourgogne est passé de plus de 50.000 à 27.000 et en 2021, 93 % des porcs produits dans la région ont été abattus hors de ses frontières… Là encore, on peut y voir une certaine incohérence des pouvoirs publics ou des collectivités, en regard des attentes sociétales.

Enfin, les membres des deux associations demeurent vigilants quant à la peste porcine, détectée en Allemagne et en Italie. Sur ce point et dans le cadre d’un plan de prévention élaboré en février dernier, les services de l’État et les professionnels de la filière porcine se mobilisent en BFC pour un recensement de l’intégralité des détenteurs de porcs et de sangliers sur le territoire, notamment les exploitations et les élevages. Tout détenteur de porc ou de sanglier (à titre professionnel, de consommation familiale ou d’animal de compagnie) doit déclarer et identifier ses animaux. Cette déclaration est obligatoire dès un seul porc ou sanglier et à faire auprès de l’Établissement de l’élevage (EDE) de son département.

Un nouveau cahier des charges « Le Porc Français »

Lors de l'assemblée générale de l'Union régionale des groupements de producteurs de porcs de Bourgogne et d'Interporc Bourgogne a été évoqué le nouveau cahier des charges pour le label « Le Porc Français » qui va entrer en vigueur en 2023. Celui-ci impliquera les règles suivantes : 
- Renseignements et/ou mise à jour dans BDPorc de la déclaration d'activité de l'éleveur depuis moins de 3 ans
- Présence d'une zone d'isolement des animaux blessés ou malades avec accès à l'eau et à l'aliment, au sein de l'élevage
- Plan de lutte contre les rongeurs
- Entretien des abords
- Lumière
- Abreuvement