Matériel agricole
La robotique s’invite dans les vignes grâce à Claas et Vitibot

Ariane Tilve
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Le spécialiste du matériel agricole, bien connu de nos lecteurs, propose les robots viticoles de Vitibot, dont le Bakus P60 S, l’enjambeur électrique et autonome capable d’intervenir sur des vignes étroites. Un modèle qui, comme tous ceux de la marque champenoise, offre une multitude de déclinaisons et d’outils spécifiquement adaptés en fonction des besoins, des envies et du budget.

La robotique s’invite dans les vignes grâce à Claas et Vitibot
Charly Cognard, directeur de Claas Mâcon, présente le robot viticole Bakus, de Vitibot, un enjambeur autonome et électrique.

D’un côté, Claas Mâcon, spécialiste du machinisme agricole, avec cinq succursales et une activité viticole sur trois sites, dont Mâcon et Crançot, dans le Jura. « La viticulture est un secteur important pour notre entreprise, souligne Charly Cognard, directeur de Claas Mâcon. Nous avons des distributeurs spécialisés comme Grégoire, notre partenaire historique, ou encore Frema, qui fabrique des enjambeurs mécaniques avec chauffeurs et de nombreux outils ».
De l’autre, Vitibot, une start-up champenoise, née à Reims en 2015, et spécialisée dans la robotique viticole durable. À l’origine de ce projet 100 % français, une équipe d’ingénieurs décide de construire son premier chevillard, baptisé Hector (photo ci-contre), et qui suscite très vite l’attention du secteur. L’équipe, passionnée d’électronique embarquée, bénéficie alors d’une levée de fonds des grandes maisons de Champagne qui lui permet de construire, par la suite, les premiers prototypes de leur produit phare : Bakus. L’objectif de Vitibot est de créer un enjambeur autonome (sans chauffeur), électrique (pour limiter les émissions de CO²) et capable de participer aux travaux avant les vendanges. « J’ai découvert leur premier prototype en 2018, à l’occasion du salon Vinitech de Bordeaux, raconte Charly Cognard. À l’époque, la start-up n’avait pas encore finalisé leur projet. Ce n’est qu’au printemps 2021 que nous avons eu l’occasion de faire des essais, concluants, à Lugny. Nous avons donc fini par conclure un accord de distribution pour pouvoir commercialiser ce robot ». Ce contrat de commercialisation répond à de réels besoins sur le terrain selon le directeur de Class Mâcon qui bénéficie d’un réel ancrage sur le terrain. « Depuis plusieurs années déjà, les viticulteurs se plaignent du manque de main-d’œuvre, mais aussi du coût de la mécanisation, dû notamment aux prérequis légaux pour faire travailler un chauffeur sur une machine sans cabine, sur des dévers importants ou autre contrainte ». À ces contraintes sanitaires et pratiques, s’ajoutent de plus en plus de contraintes environnementales, imposées et / ou voulues par les viticulteurs, surtout chez les plus jeunes qui souhaitent travailler et vinifier différemment. « Une personne qui rachète un vignoble aujourd’hui, dans le Beaujolais ou dans le Mâconnais, va s’intéresser à tous ces aspects, souligne Charly Cognard. Ce sont donc sur ces points qu’il faut s’attarder pour tâcher d’apporter des solutions à notre clientèle. Jusqu’à présent, nous n’avions qu’un nombre limité de solutions à leur proposer, comme des engins mécaniques, dont la plupart sont équipés de moteur Stage V* ». Remplir ces contraintes induit un coût supplémentaire lorsque l’on travaille avec des moteurs thermiques. D’où le pari de Vitibot d’opter pour l’électrique, que ce soit pour répondre aux contraintes réglementaires en matière d’émission de particules fines, ou simplement dans un souci environnemental, puisque ces automates n’émettent pas de gaz à effet de serre. L’électrique n’étant que l’une des nombreuses qualités de ces robots qui permettent de multiplier le nombre de tâches simultanées.

Hector, le premier chevillard imaginé par les ingénieurs de Vitibot.

Comment ça marche ?

On commence par faire une revue de conformité du domaine viticole, qui consiste à réaliser l’éligibilité des parcelles à la robotique viticole. Le bon fonctionnement du Bakus est conditionné par un vignoble tenu et conforme à ses capacités techniques. Puis on procède au mapping, c’est-à-dire que l’on cartographie la ou les parcelles sur lesquelles le robot est appelé à travailler. En effet, le travail autonome en parcelle nécessite une identification de l’environnement dans lequel l’enjambeur électrique évolue. Cette cartographie est ensuite enregistrée par l’engin qui, grâce à une double connexion GPS, peut se repérer dans l’espace et acquérir toute son autonomie.

La personne en charge du robot a, toujours, à sa portée, une commande de sécurité qui lui permet de stopper l’engin en cas d’urgence (animal domestique à proximité ou autre). Cette personne, qui doit rester à proximité du robot, peut en même temps faire autre chose. Bakus est en effet équipé d’une multitude de systèmes de sécurité pour lui permettre de travailler en toute autonomie dans un champ, avec le maximum de sécurité. Évidemment, le robot doit être amené en plateau sur l’exploitation et n’est pas homologué pour la route. Il peut biner, émotter, grâce à tous les outils qui lui sont associés. Depuis le début du contrat de commercialisation avec Vitibot, le 1er octobre 2022, Claas Mâcon a déjà vendu deux enjambeurs automatiques Bakus. Pour ces produits, des ingénieurs en mécatronique, plutôt qu’en machinisme agricole, sont nécessaires. Justement, l’un de ces profils vient de rejoindre l’équipe vinification de Claas Mâcon.

*Norme européenne antipollution pour les moteurs des véhicules non routiers qui restreint les émissions de particules à un million de particules de plus de 23 nanomètres par kWh et à 15 mg / kWh. Ces émissions sont contrôlées en cours de travail.

Une prise en main accompagnée

Pour comprendre et maîtriser l’appareil, Vitibot propose une gamme de services et un accompagnement constant dans le projet de viticulture durable, dont une hot-line technique pour une aide et conseils à distance, des techniciens SAV disponibles mais aussi des mises à jour régulières du robot à distance. Le partenariat de Vitibot avec Claas Mâcon implique donc une adaptation du revendeur. « Pour proposer ce produit, en tant que concessionnaire, nous sommes donc dans l’obligation de proposer les conformités nécessaires et le mapping, sans quoi Bakus serait tout simplement inutilisable. Jusqu’à présent, c’est la société Vitibot qui se chargeait de ces démarches. Mais c’est maintenant à nous de prendre le relais. Pour ce faire, quatre de nos techniciens sont formés. La particularité de ces robots est qu’ils peuvent être suivis à distance. Aujourd’hui, la télémétrie fait que l’on a la possibilité de savoir quand tourne un appareil, s’il a un dysfonctionnement, et pour certains problèmes de logiciels notamment, il est possible d’intervenir à distance. Sans oublier les interventions de service après-vente (SAV) que nous proposons toujours pour les éventuels soucis électriques, électroniques ou mécaniques. C’est notre métier de proposer ces interventions de proximité qui sont absolument nécessaires », précise Charly Cognard, qui concède que cela transforme la façon de travailler de son équipe.