Bien-être animal
Quelles perspectives pour le bien-être animal ?

Suite au Green Deal et à la stratégie « De la ferme à la fourchette », la Commission européenne veut instaurer de nouvelles règles concernant le bien-être animal (BEA). Ce texte doit voir le jour fin 2023 et remplacerait les différentes directives en vigueur actuellement. 

Quelles perspectives pour le bien-être animal ?

Il s’agit de prendre en compte non seulement les considérations du grand public mais aussi les dernières connaissances scientifiques qui établissent un lien entre le stress et la santé des animaux. L’autorité européenne de sécurité des aliments, (AESA/EFSA) se charge actuellement de recueillir des données scientifiques pour établir ce que sera l’encadrement du BEA pendant le transport ainsi que le bien-être à la ferme des veaux, des poules pondeuses, des porcs et autres espèces. À l’occasion d’une conférence organisée par la Coopération Agricole au Sommet de l’élevage, différents intervenants ont rappelé les enjeux économiques et les démarches entreprises pour mesurer ce bien-être animal.

Selon Alexandre Chedeville, en charge du commerce extérieur à Interbev, « si l’interdiction d’exporter des bovins vivants est adoptée, ou même si le transport est réduit sur de longues distances, cela aura des conséquences économiques », explique-t-il. « Les exportations de bovins vifs sont en hausse de 9 % depuis 2016. L’Europe envoie 550.000 bovins vers les pays tiers, pour plus d’un milliard d’euros. La France exporte 98.000 têtes de bétail, principalement en Algérie et au Maroc. Si ce débouché se ferme, c’est 300.000 tonnes de viande qui reviendront sur le marché intérieur. Quant aux pays importateurs, ils iront se fournir au Brésil ou en Uruguay ». Pour Benoît Albinet, directeur de Deltagros, leader français de l’export d’animaux maigres, « le BEA, c’est le bon sens paysan. C’est dur de se justifier, mais c’est important que tous les maillons indiquent ce qui est fait, afin de donner des données scientifiques à l’EFSA ». Pour ce qui est du transport maritime, Deltagros relève ainsi des données pour fournir une traçabilité complète. Acheminement des bovins jusqu’au port de Sète, organisation de la logistique pour éviter les attentes, conditions d’embarquement sur le navire, réputation des armateurs et qualité des équipages. Ces derniers doivent avoir une feuille de route pour assurer la quantité d’eau, le fourrage, la litière, la répartition des animaux sur le navire.

Intentions de la Commission

Lucie Bouscatel, en charge du BEA à la Société d’exploitation du parc à bestiaux du port de Sète est la première à avoir mené une enquête avec l’Inrae pendant le transport en bateau. « En juin 2020, la Commission estimait, bien qu’il n’y ait pas de données, que le voyage en navire est stressant. Nous avons donc mené cette étude pour fournir un compte rendu transparent du stress subi par les bovins à partir de données physico-chimiques ». Des relevés ont été effectués, lors de traversées de 48 heures pour l’Algérie, ou de 5 jours pour l’Égypte, en saison estivale et hivernale. L’humidité, la température, le taux d’ammoniaque, le renouvellement de l’air et le taux de cortisol dans les urines ont été mesurés. À l’aide de colliers connectés, le comportement des bovins a été observé, couché, debout, ingestion, mastication, rumination. Après comparaison avec un lot témoin d’animaux resté en ferme, il s’avère que les réactions sont les mêmes. Il est possible cependant d’améliorer le confort des animaux pendant les traversées. « Le facteur humain, l’équipage joue un rôle central », précise Lucie Bouscatel. « On constate ainsi une augmentation de l’ammoniaque, donc, importance de la litière. Nous allons créer un outil automatisé à destination des marins pour leur indiquer quelles actions faire », ajoute-t-il. « Pour l’instant, personne ne sait ce qui sera annoncé par la Commission européenne », souligne Benoît Albinet. Le 7 septembre, l’EFSA recommandait « plus d’espace, des températures plus basses et des trajets plus courts pour améliorer le bien-être des animaux pendant le transport », sans toutefois donner plus de précisions.