Apiculture
Une journée pour fédérer la filière

Françoise Thomas
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Jusqu’à présent parent plutôt pauvre des sessions de formation et d’information dans le département, la filière apicole a bénéficié le mardi 23 novembre de toute une journée rencontre et information. Pour cela, la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire avait convié l’Ada BFC, la fédération nationale du réseau de développement apicole.

Une journée pour fédérer la filière
Pierre Verniau (au centre) a expliqué aux participants à la journée le fonctionnement et les avantages de son extracteur à miel, dont il s’est récemment équipé.

Une vingtaine de personnes ont répondu présentes à la journée consacrée à la filière apicole, proposée par la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire en partenariat avec l’Ada BFC, l’organisme référent conseils et techniques pour les apiculteurs.

« Jusqu’à présent peu d’actions étaient menées en direction de la filière apicole, constate Bénédicte Désarménien à l’origine de la journée. Il faut dire qu’en Saône-et-Loire, les apiculteurs pros sont peu nombreux et nous n’avons pas de spécialistes techniques dans nos rangs. Un premier contact avec les représentants de l’Ada BFC il y a quelques mois nous a permis d’organiser cette journée ».

L’antenne régionale Ada BFC, association présente au niveau national, est située à Besançon (voir encadré) ; ses objectifs sont le développement de la filière et l’animation d’un réseau de spécialistes.

Tout le monde s’est ainsi retrouvé le 23 novembre à Saint-Eugène chez Pierre Verniau, jeune apiculteur installé depuis mars 2019 sur l’exploitation familiale qui élève par ailleurs des vaches allaitantes.

La matinée a été consacrée à la visite de la Miellerie du sud Morvan, quand l’après-midi s’est déroulée en salle pour présenter plus largement l’Ada et faire le point sur la filière.

Des amateurs aux pros

Il n’aura échappé à personne que 2021 s’avère être une année catastrophique en matière de production de miel (avec des taux de perte au niveau régional allant de 56 % à près de 89 %) ; en cause, le gel de printemps qui a ruiné les fleurs de nombre d’arbres, puis les pluies estivales qui n’ont pas parmi aux fleurs de produire leur nectar.

Pourtant, depuis 2010, le nombre d’apiculteurs ne cesse d’augmenter d’une année sur l’autre, dont ceux comptant plus de 150 ruches. À souligner que l’une des particularités de cette filière est d’être composée de trois catégories de producteurs : professionnels, amateurs et pluriactifs ; étant entendu que 150 ruches représentent le seuil à franchir pour devenir pro.

Si les apiculteurs familiaux sont les plus nombreux, 75 % de la production de miel a été réalisée par les apiculteurs pros et pluriactifs (50-149 ruches) en 2020.

Des ruches par milliers

L’une des autres particularités de cette production est d’avoir des volumes très variables selon les années, tout en enregistrant globalement une croissance depuis 10 ans, « avec des fluctuations de plus en plus importantes d’une année sur l’autre », précise cependant Aurélie Baisnée. La moyenne annuelle au niveau national est de 19.000 tonnes produites…

Pour donner un ordre d’idée, près de 55.000 ruches (sur plus de 105.000) étaient détenues en  2019 par les apiculteurs professionnels de Bourgogne Franche-Comté (120 pro sur un total de plus de 4.000 apiculteurs), classant la région au sixième rang des producteurs nationaux. C’est le Jura (25 %) qui arrive en tête des départements producteurs, suivi de la Côte-d’Or (18 %), puis de la Saône-et-Loire (10 %).

« 93 % de ces producteurs régionaux pratiquent la vente directe », fait également remarquer l’animatrice de l’Ada.

Au-delà des problématiques

Si l’association a vocation à soutenir les installations en apiculture, elle ne peut que constater les difficultés auxquelles la filière se trouve confrontée. Outre le varroa et les aléas climatiques, le frelon asiatique entraîne beaucoup de dégâts et « devrait être une problématique à prendre en compte au niveau communal », a-t-il été suggéré. Il est également constaté un vrai problème « d’approvisionnement de la cire, avec un manque de qualité ». À cela s’ajoute un manque général de formation et d’échange entre producteurs.

La maîtrise technique de l’ensemble de cette filière étant primordiale, tous les apiculteurs présents, pour beaucoup jeunes installés ou en projet, ont témoigné de leur intérêt pour ce genre de journée rencontres et échanges.

Une association pour épauler une filière

L’Ada est une structure présente dans les différentes régions au niveau national. Elle sert tout à la fois d’appui technique pour la production et les éleveurs, de soutien pour les installations, d’aide sur certains points de la santé des abeilles, de conseils pour les relations avec les fédérations de chasse ou avec les agriculteurs, notamment concernant les problématiques phytosanitaires, la diversité des ressources, la présence de haies, etc.

En contact avec notamment le GDS Apicole, l’association a pour vocation de fédérer l’ensemble des syndicats et organismes en lien avec l’apiculture.

L’Ada BFC n’a actuellement qu’une seule antenne à Besançon. Là aussi l’idée est « qu’à terme, il y ait d’autres antennes ailleurs dans la région », a souligné Aurélie Baisnée.