Réseaux sociaux
L’influence en ligne, une tendance vieille de dix ans

Léa Rochon
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Dans certains secteurs d’activité, l’influence peut générer des millions d’euros. Comme l’expliquent Jennifer Baudet et Gaëlle Wang, de l’agence digitale JBK Corporation, l’agriculture française échappe à cette règle.

L’influence en ligne, une tendance vieille de dix ans
Jennifer Baudet a monté l’agence de communication digitale JBK à Lyon, dont une branche est dédiée à l’agriculture.

Le métier d’influenceur ne serait pas nouveau. C’est ce qu’indique Jennifer Baudet, directrice de l’agence digitale JBK Corporation, basée à Lyon, dont une filiale s’est spécialisée dans l’accompagnement d’entreprises agroalimentaires et de personnalités promouvant l’agroécologie. Selon elle, l’influenceur était auparavant des leaders de partis politiques ou d’associations. Avec l’arrivée des réseaux sociaux, il y a une dizaine d’années, cette influence s’est numérisée. « Avant, ces personnes étaient consultées pour prêcher leur bonne parole et diffuser publiquement un message, détaille la jeune femme. Aujourd’hui, la logique est la même, excepté le fait que ces personnes ne sont plus forcément expertes en la matière, mais ont réussi à développer leur communauté sur les réseaux sociaux. Ils pratiquent alors une influence par le biais des messages qu’ils peuvent transmettre via YouTube, Instagram et plus récemment TikTok. »

Plus de 16 milliards de dollars générés en 2022

Parler de métier pourrait paraître extravagant. Pourtant, créer des vidéos sur les réseaux sociaux peut rapporter gros. Selon l’entreprise Kolsquare, spécialisée en communication digitale, l’industrie du marketing d’influence a représenté 16,4 milliards de dollars en 2022. Les marques sont donc prêtes à rémunérer très cher des influenceurs pour parler de et promouvoir leurs produits via des campagnes d’influence. La logique est assez simple : plus une personne a d’abonnés, c’est-à-dire de personnes qui suivent au quotidien son compte sur les réseaux sociaux, plus les marques voient en elle un support de communication pour toucher leur cible.

Toujours selon Kolsquare, Instagram reste la plateforme privilégiée pour réaliser de telles campagnes. À titre d’exemple, une publication d’un « micro-influenceur » (entre 10 000 et 200 000 abonnés), peut être rémunérée entre 155 € et 19 000 €. Ce chiffre monte jusqu’à 25 000 € et plusieurs centaines de milliers d’euros pour ceux qui possèdent plus de trois millions d’abonnés, ce qui est souvent le cas aux États-Unis, dans les secteurs de la cosmétique et du bien-être (lifestyle). Au milieu de tels chiffres, quid du secteur agricole français ?

Une activité peu rémunératrice pour le secteur agricole français

Selon Gaëlle Wang, cheffe de projet à JBK Corporation, les influenceurs du secteur agricole français font plutôt partie des nano (de 0 à 10 000 abonnés) ou micro-influenceurs (de 10 000 à 200 000 abonnés). « Ce sont des personnes qui parlent d’agriculture avec franchise et expertise et c’est ce qui plaît, détaille-t-elle. Beaucoup ont pris la parole sur les réseaux sociaux pour montrer la réalité du terrain et parler de la difficulté du métier. » La majorité d’entre eux ne tire d’ailleurs aucun revenu de leurs vidéos, car négocier un contrat avec les marques et créer régulièrement du contenu rémunérateur prennent du temps.

Mais certains partenariats fonctionnent tout de même, comme l’envoi de vêtements ou petits équipements agricoles gratuitement, en échange d’une publication sur le réseau social mentionnant la marque. « Finalement, ce que cherchent les agriculteurs présents sur les réseaux, c’est surtout de la reconnaissance et du partage », notent à l’unisson les deux jeunes femmes. Une façon de lutter contre la méconnaissance, l’isolement et la difficulté de leur métier.

Léa Rochon