Visite du Président de la République dans le Jura
Des revendications nationales à la sauce jurassienne
Présente dans la salle des fêtes d’Orgelet lors de la remise des médailles, une délégation de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs du Jura a pu interpeller le Président de la République et le ministre de l’Agriculture avec la remise d’un panier de produits locaux. A travers chaque produit, une norme ou une taxe pénalisant la production agricole et notre souveraineté alimentaire était dénoncée.
Dans une salle des fêtes remplie de pompiers, de gendarmes et d’élus, une poignée d’agriculteurs FDSEA et JA, attend le ministre, un panier de produit locaux à la main. « Comme nous étions peu nombreux, nous avons bien échangé », témoigne le président des JA Philippe Cornu. « Le ministre a été quasiment exclusivement vers nous ».
La remise de ce panier accompagné d’une note explicative a été bien perçue par le ministre. « Cette action symbolique, portant des revendications nationales ramenées à la sauce jurassienne, a permis d’entamer la discussion avec lui », raconte Christophe Buchet, président de la FDSEA du Jura. Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a écouté, produit par produit, les explications et les revendications des agriculteurs. « Il a entendu nos positions et nos revendications. On sent qu’il avait travaillé les dossiers », expliquent les syndicalistes qui ont pu lui rappeler que la production agricole française ne cessait de baisser alors que les importations de nos aliments grimpent en flèche : « Nous avons besoin d’une véritable ambition pour notre agriculture ! ».
Un panier qui attire
Ce panier de produits locaux a aussi attiré l’œil du président de la République qui a posé des questions sur les raisons de sa présence. Christophe Buchet et Philippe Cornu ont ainsi pu évoquer brièvement avec lui les charges administratives et les différentes normes qui pèsent sur le moral et le travail des agriculteurs. Remi Bunod, maire de Montlainsia, commune touchée par les incendies de 2022, s’est ensuite joint à la conversation pour évoquer avec Emmanuel Macron les conséquences de la prédation sur les élevages. Un sujet qu’il connait bien, sa fille, éleveuse, ayant vu son troupeau attaqué à plusieurs reprises par le loup.
La composition du panier
- La baguette de pain symbolise les pertes de surfaces en blé à cause des 4 % de jachères obligatoires, soit 3.000 ha de cultures en moins dans le Jura, l’équivalent de la consommation de pain de l’ensemble des jurassiens sur une année.
- Un morceau de comté dénonce la multiplication des zones dites sensibles où les réglementations condamnent la production avec, à terme, une mise sous cloche de ces territoires malgré des systèmes extensifs.
- La viande de mouton fait référence aux 78 accords de libres-échanges qui utilisent l’agriculture comme variable d’ajustement, dont le dernier en date a été signé avec la Nouvelle-Zélande. Le mouton évoque également le manque d’ambition du plan loup pour l’élevage.
- Une bouteille de crémant rappelle le manque d’ambition et de moyens de la future loi d’orientation agricole pour le renouvellement les générations par de l’installation et des mesures fiscales et sociales facilitant l’embauche dans les entreprises agricoles et viticoles.
- Les pommes de terre symbolisent la hausse de 40 % de la hausse de la redevance sur les prélèvements d’eau. Sans eau, pas d’alimentation.
- La saucisse de Morteau représente l’inadaptation du règlement européen IED, assimilant les élevages aux normes des industries.
- Le litre d’huile de colza, le paquet de lentille et le pot de moutarde de Dijon font allusion aux interdictions franco-françaises de produits de protection des plantes sans alternatives crédibles, ce qui conduirait à une baisse, voire une disparition de certaines productions à l’avenir, pour le plus grand bonheur des pays exportateurs. Ces produits symbolisent également la hausse de 20 % des taxes sur les produits phytosanitaires.