La besnoitiose
Une maladie parasitaire

La besnoitiose, également appelée anasarque, est une maladie des bovins due à un protozoaire du groupe des coccidies, Besnoitia Besnoiti.
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La besnoitiose est en expansion dans notre pays où de plus en plus de départements sont atteints dans le sud de la France notamment. De quoi s’agit-il ?
La maladie peut toucher des bovins de différentes races et de tout âge, les cas les plus fréquents concernant toutefois des animaux entre 2 et 4 ans.
Il est possible que seuls quelques animaux d’un troupeau infecté présentent des symptômes nets de la maladie, les animaux porteurs qui ne présentent pas de symptômes pouvant toutefois contribuer à la propagation de la maladie.
La besnoitiose apparaît principalement entre le printemps et l’automne, avec un pic durant la période d’activité principale des vecteurs qui s’étend de juillet à septembre. Les symptômes cliniques peuvent toutefois également se manifester en hiver. 
Trois phases successives peuvent se distinguer après 3 à 6 jours d’incubation :
- la phase aigüe et fébrile (3 à 10 jours) : on observe une anorexie chez l’animal, de la fièvre (de 40 à 42°C), un abattement, de la tachycardie et de la tachypnée ainsi qu’un ralentissement de la motricité ruminale. Un écoulement de larmes sur les joues de l’animal et un écoulement séro-muqueux des nasaux se développent également. Le diagnostic différentiel dans cette phase de la maladie est délicat mais conditionne pourtant hautement la réussite du traitement ;
- la phase d’œdèmes (1 à 2 semaines) : l’animal ne présente plus d’hyperthermie (dans un premier temps, on a tendance à croire qu’il est guéri) mais la peau de l’animal devient chaude et douloureuse. Des œdèmes se développent sur la tête et les membres : la marche devient de plus en plus difficile. La mamelle devient chaude et douloureuse, les testicules sont hypertrophiés et présentent des œdèmes et les ganglions sont hypertrophiés ; 
- la phase ultime de dépilations et de sclérodermie (évolution sur plusieurs mois) : la peau de l’animal va se plisser et s’épaissir comme une peau d’éléphant, les poils tombent et des crevasses se forment au niveau des articulations. Les animaux atteints souffrent, s’essoufflent et s’amaigrissent. Ils ont alors de plus en plus de mal à se tenir debout. Pour assurer le diagnostic, des kystes peuvent être visibles au niveau de l’œil lors de cette étape.

Modes de transmission


Deux voies de transmission aux bovins semblent possibles :
- la transmission du bovin peut se faire par ingestion de végétaux ou de céréales souillés par les fèces d’un chat (principal hôte définitif) contenant des ookystes sporulés. La recontamination du chat se produirait par consommation de viande du bovin parasité : ce type de contamination (via le chat) est peu fréquent ;
- la transmission peut également se faire de bovin à bovin, via un vecteur qui peut être un insecte piqueur ou une aiguille souillée (lors d’injections d’un lot par exemple). étant donné la saisonnalité marquée de la maladie, ce type de contamination paraît être dominant.

Diagnostic de laboratoire


Pour établir un diagnostic précis de la maladie, des analyses de laboratoire peuvent être mises en œuvre :
- l’examen histologique permet de mettre en évidence des kystes sur un prélèvement de peau ou un raclage de conjonctivite ;
- une analyse sérologique permet de mettre en évidence les anticorps “anti-Besnoitia” développés par un animal contaminé. Cette méthode est utile pour identifier les animaux porteurs asymptomatiques, véritable réservoir dans les troupeaux infectés ;
- la RT-PCR, plus coûteuse, permet de mettre en évidence de très faible quantité de parasites sur un prélèvement cutané.

Traitement


La mise en place d’un traitement ne peut être efficace que dans les deux premières phases de développement de la maladie (généralement traitement à base de sulfamides associés parfois à des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des diurétiques) ; le traitement étant à mettre en œuvre sur prescription du vétérinaire.
Le traitement peut être efficace uniquement s’il est mis en place dans les six semaines maximum après contamination ; il est illusoire sur les stades avancés de la maladie. Une rémission ponctuelle peut être observée mais le risque de rechute est important. Le bovin reste porteur si le parasite s’est enkysté.

Mesures sanitaires


Dans les cheptels infectés, tous les animaux atteints cliniquement doivent être éliminés. Il convient également de s’intéresser aux sujets séropositifs car ceux-ci constituent des “réservoirs”. L’élimination des séropositifs n’est possible que si la séroprévalence (= pourcentage de séropositifs dans le troupeau) est faible (< 10 %). Au-delà, le coût économique des réformes est trop difficile à supporter pour les élevages. Il faut alors « vivre au mieux » avec la besnoitiose. En parallèle de ces mesures, le contrôle des vecteurs reste incontournable.
Pour les cheptels présumés indemnes, un contrôle sérologique à l’introduction peut également permettre de détecter les porteurs asymptomatiques, véritables “Cheval de Troie” dans un élevage.
Cécile Chuzeville, GDS 71