Les brèves du 5 janvier 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 5 janvier 2023

Les brèves du 5 janvier 2023

Néonicotinoïdes en betterave : la dérogation 2023 en consultation publique
Le projet d’arrêté de dérogation permettant d’utiliser les semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes pour la campagne 2023 a été mis en consultation le 3 janvier sur le site du ministère de l’Agriculture. Deux produits sont concernés par le texte : le Gaucho de Bayer ainsi que le Cruiser de Syngenta. Le texte est identique à la version de 2022. Les agriculteurs devront donc respecter les mêmes conditions : ne pas utiliser de semences traitées plus d’une année sur trois dans la même parcelle, et respecter les délais imposés pour les successions culturales dans les parcelles traitées. Si le blé pourra être semé dès l’année suivante, le maïs devra attendre deux ans, quand le colza ne pourra être installé qu’à partir de la troisième année. La CGB (betteraviers) accueille « favorablement » le texte, saluant l’absence de contraintes supplémentaires. « Avec les conditions actuelles de la dérogation, certains ont déjà des difficultés à gérer leurs assolements », rappelle-t-on. Chez Générations Futures, François Veillerette considère à l’inverse que « rien ne justifie la dérogation », avec des réservoirs viraux indiqués comme faibles dans l’étude jointe à la consultation. La consultation publique se terminera le 24 janvier, et le comité de surveillance se prononcera à son tour sur la pertinence du texte lors d’une réunion prévue le 20 janvier.

Confédération paysanne : Nicolas Girod quittera le secrétariat national au congrès 2023
Lors du prochain congrès de la Confédération paysanne qui se tiendra au printemps 2023, quatre élus sur les neuf que compte le secrétariat national devraient céder leur place, indique le syndicat lors d’une conférence de presse le 4 janvier. Les règles internes du syndicat, rappelle la secrétaire nationale Véronique Marchesseau, empêchent les producteurs d’être élus plus de huit années consécutives. Parmi les sortants se trouvent le trésorier Pierre Vidal, Denis Perreau en charge de l’élevage, le Vosgien Thierry Jacquot, mais également Nicolas Girod, l’actuel porte-parole du syndicat. Élu à la tête du syndicat en 2019, l’élu jurassien a notamment été la voix de la Conf' durant toute la négociation du plan stratégique national (PSN), sur lequel son syndicat déplore « un échec ». « Pour ne pas avoir les tracteurs de la FNSEA dans la rue juste avant les élections, l’Élysée a fait le choix de ne rien changer aux politiques précédentes, analyse Nicolas Girod. Ce choix éclaire pour nous la nécessité, pour la suite, d’allier la stratégie du syndicat à une stratégie collective. Nous devons aller vers une plus grande convergence des enjeux d’agriculture, d’alimentation et de territoires, qui ne concernent pas que les paysans ».

Vaccin influenza : vers une expérimentation sur les reproducteurs (professionnels)
À la demande du Cifog (interprofession du foie gras), l’expérimentation du vaccin contre l’influenza aviaire devrait être élargie aux canards reproducteurs, indique sa directrice Marie-Pierre Pé le 4 janvier. « Les services vétérinaires se sont emparés de cette question, nous attendons qu’un protocole soit proposé », précise-t-elle. Grâce à la vaccination, le Cifog souhaite « protéger la génétique, en épargnant les lignées pures et les grands parentaux », ce qui suppose « d’évaluer les vaccins sur des animaux à durée de vie longue ». Or, l’expérimentation en cours porte uniquement sur les canards mulards, qui sont engraissés pour produire du foie gras et abattus à l’âge de trois mois et demi. Après un premier épisode dévastateur au printemps 2022, l’influenza aviaire provoque à nouveau d’importants dégâts dans les élevages de reproduction des Pays de la Loire. Alors que la région concentre les trois quarts de la génétique en canards, la pénurie de canetons devrait se poursuivre dans les semaines qui viennent. Une situation qui amène le Cifog à « tirer la sonnette d’alarme sur la grande fragilité de la filière ». En octobre, l’interprofession appelait déjà à « protéger les accouveurs ».

Prix alimentaires : 15 % d’inflation sur un chariot type en 2022
La hausse des prix sur un chariot type de produits du quotidien atteint 15,3 % entre janvier et décembre 2022, d’après un panel constitué par l’institut Iri pour le journal Le Monde (article payant). Ce chariot type est composé de trente-huit produits alimentaires et non alimentaires avec un mélange entre marques nationales, marques de distributeurs et « premiers prix ». D’une « valeur légèrement supérieure à une centaine d’euros fin 2021 », il coûte désormais 120 €. Les produits sur lesquels l’inflation est la plus forte sont l’huile de tournesol (114 %), la boîte de thon de marque nationale (+35 %), puis les chips à l’ancienne nature et le riz basmati de marque de distributeur (tous deux augmentent de 31 %). « À noter que la boîte de thon et le sucre en poudre sont les produits qui ont le plus flambé en décembre 2022 », soulignent nos confrères. La hausse sur les produits laitiers (beurre, yaourts, emmental) est de près de 20 % sur l’année. Toujours d’après le panéliste Iri, l’inflation sur l’ensemble des produits de grande consommation s’établit à 12,59 % en 2022. Elle est même très légèrement supérieure sur les seuls produits alimentaires : 12,68 %.

Agroalimentaire : Cofigeo espère que l’arrêt de sa production « ne dépassera pas un mois »
Le groupe Cofigeo (William Saurin, Garbit, Panzani, Raynal, Roquelaure) espère que l’arrêt de la production sur ses quatre principaux sites « ne dépassera pas un mois », a indiqué son porte-parole. Depuis le 2 janvier, les lignes de production sont à l’arrêt dans les quatre principaux sites de l’industriel en raison de la flambée de ses factures d’énergie qui ont été multipliées par dix, passant de 4 à 40 M€ annuels. « L’objectif, c’est que la production reprenne le plus tôt possible », déclare son porte-parole. Cofigeo bénéficie de 4 M€ d’aides au paiement de l’énergie à travers les différents dispositifs mis en place par l’État, apprend-on dans un article de nos confrères des Marchés (article payant). L’aide de l’État « doit aller de pair avec une forte solidarité de l’ensemble de la filière agroalimentaire », a appelé le ministère de l’Industrie dans un communiqué du 3 janvier, publié à l’issue d’une réunion avec le groupe industriel. Cofigeo a mis à l’arrêt ses usines de Pouilly-sur-Serre (Aisne), Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), Capdenac (Aveyron) et Camaret-sur-Aigues (Vaucluse), qui fournissent 80 % de sa production et emploient 800 salariés, sur 1200. Un accord d’activité partielle de longue durée (APLD) a pour ce faire été signé avec les syndicats représentatifs.

Sécurité alimentaire : pas de menace à court terme dans l’UE, selon Bruxelles
Dans un contexte de crises multiples (Covid-19, guerre en Ukraine, changement climatique), la disponibilité des aliments dans l’UE à court terme n’est pas menacée mais leur caractère abordable reste une préoccupation majeure pour un nombre croissant de ménages à faibles revenus, affirme la Commission européenne dans un rapport publié le 4 janvier, dont l’objectif est d’évaluer les principaux facteurs affectant la sécurité alimentaire. Alors que les prix des denrées alimentaires et de l’énergie ne devraient pas faiblir à moyen terme, Bruxelles estime qu’il est nécessaire à court terme de maintenir un niveau de production agricole suffisant afin de satisfaire les besoins essentiels de la population de l’UE. Dans le même temps, la production agricole doit faire face à une pression croissante sur les ressources naturelles (pénurie d’eau, pollution, baisse de la fertilité des sols et pollution atmosphérique), ou encore sur la réduction de la biodiversité, souligne le rapport. Dans ses conclusions, la Commission explique que le véritable défi pour les décideurs politiques est donc d’ouvrir la voie à une transition vers un système alimentaire durable et résilient, qui répond et concilie à la fois les besoins à court et à long terme. Les objectifs fixés dans le cadre du Green deal pourraient permettre de répondre à ce fragile équilibre. Par ailleurs, cette analyse n’a pas pour objet d’apporter d’éléments précis sur l’impact de l’utilisation durable des pesticides sur la sécurité alimentaire.

Grandes cultures : manifestation à Toulouse contre le périmètre des Zones intermédiaires
Dans un communiqué de presse du 4 janvier, la FDSEA de Haute Garonne appelle à une action syndicale le matin du vendredi 6 janvier devant la Cité administrative de Toulouse. Des points de rassemblement sont prévus à Capens, Villefranche de Lauragais, Pinsaguel et Aussonne afin d’aller manifester dans la Ville rose. La FDSEA 31 souhaite exprimer son mécontentement vis-à-vis de la délimitation proposée par la Draaf pour les Zones intermédiaires, à l’intérieur desquelles les exploitations de grandes cultures sont éligibles à certaines MAEC (mesures agroenvironnementales). La fédération juge le tracé « inadmissible ». « Elle exclut de nombreuses zones céréalières en Occitanie, et de ce fait de nombreux agriculteurs », précise le communiqué de presse. Rien que dans la Haute-Garonne, « plus de la moitié du département n’entre pas dans le zonage », précise Jean-François Lamassé, président de la FDSEA 31. « Ce constat va à l’encontre des engagements pris par le ministère pour le développement de la filière céréalière », soutient la fédération. D’autres manifestations seront prévues si le syndicat n’obtient pas gain de cause auprès de la Draaf, précise Jean-François Lamassé.

Céréales/mycotoxines : la fusariose de l’épi a coûté de 3Mrd€ en UE sur dix ans (étude)
« En Europe, les mycotoxines de Fusarium constituent une menace croissante », révèle une étude publiée en décembre 2022 par l’Université de Bath et l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) dans la revue Nature Food. Près de la moitié des cultures de blé sont déjà affectées par l’infection fongique qui provoque ces toxines naturellement sécrétées par des champignons microscopiques du genre Fusarium « À ma connaissance, il s’agit de la première étude qui porte sur l’évolution des mycotoxines de Fusarium en Europe », selon Isabelle P. Oswald, directrice de l’unité de toxicologie alimentaire de l’Inrae à Toulouse, et spécialiste des mycotoxines. Or leur présence dans l’alimentation humaine ou animale peut avoir des effets nocifs sur la santé humaine et animale (effets sur les intestins, le système immunitaire…). Elle peut également induire des pertes de qualité significatives. Lorsque les mycotoxines atteignent un certain niveau, le grain contaminé est détourné de l’alimentation humaine vers l’alimentation animale. « Entre 2010 et 2019, on estime que 75 millions de tonnes de blé (5 % du blé alimentaire) ont dépassé les limites autorisées pour la consommation humaine en Europe. Leur déclassement pour l’alimentation animale a représenté une perte d’environ 3 Mrd€ au cours des dix dernières années », indiquent les auteurs.

Russie : les entreprises agroalimentaires françaises qui continuent à y opérer (étude)
D’après une étude menée par des chercheurs de l’université de Yale, et repérée par l’ONG Splann, plusieurs grandes entreprises françaises du secteur agroalimentaire ont continué leurs activités en Russie, malgré la guerre déclarée à l’Ukraine. Parmi celles-ci se trouvent notamment Lactalis, Bonduelle, Savencia, Auchan ainsi que le groupe le Duff (Brioche dorée, Bridor). À l’inverse, Danone, Pernod-Ricard, Sodexo, LVMH ou encore le Crédit Agricole auraient suspendu l’ensemble de leurs opérations, comme annoncé dans divers communiqués de presse. Limagrain est considéré par les chercheurs comme « s’achetant du temps », en ayant suspendu un projet d’usine de production de semence, mais en continuant d’exporter vers la Russie. Comme le souligne le Conseil européen sur son site, « les sanctions ne bloquent pas les exportations de denrées alimentaires et de produits agricoles, ni les transactions qui y sont liées ». « La sécurité alimentaire et le caractère abordable des denrées alimentaires constituent une priorité essentielle pour l’UE et ses États membres », rappellent les autorités européennes.

Négociations commerciales : Casino renforce son engagement envers les PME de la Feef
Le groupe Casino a renouvelé ses engagements auprès des entreprises adhérentes à la Feef (fédération des entreprises et des entrepreneurs de France) en signant une nouvelle charte pour trois ans, informe un communiqué de la Feef en date du 4 janvier. Le groupe de grande distribution (Casino, Franprix, Monoprix, Naturalia, Leader Price) prend des engagements supplémentaires aux précédentes chartes signées avec la fédération qui représente les intérêts des TPE, PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire, entre 250 et 5000 salariés). Il s’engage à introduire « un taux de service différencié par entreprise », modérer ou supprimer les pénalités liées aux pénuries, supprimer les pénalités de retard pour les TPE, donner un accès gratuit aux statistiques de vente quelle que soit la taille de l’entreprise et un accès aux « opérations digitales (numériques, ndlr) » à tarif préférentiel. Ces engagements s’ajoutent à ceux déjà pris par Casino envers les PME, comme la « prise en compte de la variation du coût des matières premières », la « contractualisation anticipée » avant le 28 février, le « règlement anticipé des factures » et, entre autres, la mise en avant du label PME + (label RSE porté par la Feef).