Flavescence dorée
Une inquiétude grandissante

Régis Gaillard
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À l’occasion de la réunion bilan de la campagne jaunisses 2020 proposée le 11 février dernier par la CAVB, force est de constater que la situation devient sinon préoccupante du moins très inquiétante. Avec des contaminations qui ne cessent de s’étendre année après année.

Une inquiétude grandissante

Place, dans un premier temps, à un rappel du dispositif de lutte contre la flavescence dorée en 2020. Un arrêté préfectoral a organisé la lutte contre la flavescence dorée et son vecteur - la cicadelle chez nous - en Côte-d’Or, Saône-et-Loire, Yonne et Jura. Avec les quatre piliers de la lutte déclinés ainsi que les modalités de la surveillance du vignoble, par ou sous contrôle de l’OVS (Fredon) avec 100 % des vignes à prospecter dans les périmètres de lutte obligatoire (PLO) et sous contrôle de l’OVS avec a minima, un 1/3 des surfaces en dehors des PLO. Sont également décrites les modalités de lutte contre le vecteur avec définition des secteurs concernés et du nombre de traitements à appliquer. Mais aussi l’arrachage des ceps atteints de jaunisses avant le 31 mars 2021 et la plantation de greffes traitées à l'eau chaude.

Évolution régulière depuis 2017

Sur le terrain, les premières cicadelles ont été vues au vignoble le 4 mai. Pendant deux semaines, les niveaux de populations sont restés faibles, mais la présence de cicadelles - potentiellement infectées par la flavescence dorée - est détectée plus régulièrement avec une augmentation du nombre de parcelles concernées. On notera une augmentation des populations sur la dernière décade de mai et un pic observé dans les niveaux de populations environ un mois après les premières larves. Dans le cadre de l’opération de piégeage, hors des zones de traitements obligatoires, des cicadelles "flavescence dorée" ont été observée un peu partout et en nombre, souvent conséquent, Nièvre et Châtillonnais compris. Dans les nouvelles zones de traitements, il y avait beaucoup de cicadelles et un effet parfois peu visible des traitements y compris quand la commune entière est en traitement. Dans les zones traitées depuis huit-neuf ans (zone foyer Mâconnais Nord), il y a eu des niveaux de piégeage très variables.

Du côté des prospections collectives, elles ont été satisfaisantes malgré le Covid-19 avec plus d’application localement dans la qualité de prospection mais encore des erreurs/oublis lors du repérage des pieds symptomatiques. Pour mieux attester de la participation de tous, une nouveauté était testée avec l'émargement par QR codes sur sept communes. Les vignerons bourguignons sont donc encore en avance sur le gouvernement qui planche sur une telle solution pour rouvrir bars et restaurants malgré le Covid.

Quant aux résultats des prélèvements, 2.608 échantillons ont été prélevés. Avec, à la clé, 2.537 positifs bois noir. Mais aussi 185 positifs en flavescence dorée dont 155 en Saône-et-Loire (36 communes), 29 en Côte-d’Or (deux communes) et une dans la Nièvre. Pour mémoire, compte tenu du nombre important de pieds de jaunisses et du nombre d’échantillons prévus (2.500 pour la Bourgogne en 2020), les prélèvements se font par échantillonnage. Le nombre d’échantillons par commune est déterminé d’une part en fonction du nombre de ceps de jaunisses signalés et d’autre part en fonction d’une analyse de risque. Les prélèvements n’étant pas exhaustifs, il n’est pas possible de garantir une absence totale de flavescence dorée.

Des perspectives peu rassurantes

Lorsque l’on observe l’évolution de la contamination, il y a une montée régulière depuis 2017 des cas positifs. On est ainsi passé progressivement de 1 % à 3 % puis 4,7 % et, enfin, 7,1 %. Avec 155 exploitants concernés (contre 86 en 2019), ce qui représente environ 350 parcelles.

Alors qu’il y a une augmentation pour la troisième année consécutive des cas de flavescence dorée et du nombre de communes concernées, les échantillons positifs ont été détectés dans 39 communes : 25 pour lesquelles la présence de flavescence dorée a déjà été détectée au cours des quatre dernières années, trois où des cas avaient déjà été identifiés (en 2015 ou avant) et 11 pour lesquelles il n’y avait jamais eu de flavescence dorée détectée (sur les échantillons prélevés).

On soulignera aussi une extension de la zone concernée en périphérie du foyer historique du Mâconnais Nord ainsi qu’une augmentation des échantillons positifs dans certaines communes de ce foyer. Mais aussi plusieurs cas isolés au Sud de la Saône-et-Loire. En outre, les foyers de Romanèche-Thorins et de Prémeaux-Prissey, découverts en 2019, se sont étendus autour du secteur d’origine. Enfin, deux cas de flavescence dorée sur jeunes ceps ont été aperçus à Talant (Côte-d’Or) et Saint-Andelain (Nièvre).

La flavescence présente dans les régions voisines

La Bourgogne n’est pas le seul vignoble touché par la flavescence dorée. Dans le Jura, le foyer se concentre sur le secteur d’Arbois - Montigny-les-Arsures. Il y a également des cas isolés, en augmentation, en Champagne. On signalera aussi la présence de flavescence dorée en Beaujolais et dans le Rhône, notamment dans la partie Nord limitrophe de la Saône-et-Loire (Fleurie-Lancié). En Savoie, il y a une amélioration de la situation. Enfin, un cep a été identifié en Alsace en 2020 (génotype non épidémique) en plus du cas de 2019.

La problématique bois noir devient récurrente

Il s’agit d’une problématique récurrente sur vignes de Chardonnay, jeunes et moins jeunes. En outre, cela masque la fFlavescence dorée. Il convient de constater l’explosion dans certains secteurs de la Côte chalonnaise (Saint-Vallerin, Montagny, Saint-Ythaire…) et du Mâconnais Nord (Ozenay…). Les connaissances actuelles ne permettent pas vraiment d’expliquer cette évolution. Les taux très élevés de jaunisses ne permettent pas d’arracher tous les pieds malades. Un groupe de travail (CA BFC, BIVB, IFV Colmar et CIVC) a été constitué en début d’année. Il devrait livrer un état des connaissances et de la situation en 2021.