Vignerons des terres secrètes
Cerço, la première gamme de vin collaborative éco-conçue et bio

Françoise Thomas
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Dans les tout prochains jours, la cave des Vignerons des terres secrètes va officiellement lancer la toute nouvelle gamme Cerço, composée de cinq références, qui se revendique comme étant la première gamme de vin collaborative et éco-conçue de la vigne à la vente. Petit tour de présentation.

Cerço, la première gamme de vin collaborative éco-conçue et bio
Vingt-cinq salariés des caves de Prissé et de Beaune ont collaboré pendant plus de deux ans pour élaborer cette gamme.

Lancer une gamme bio, ce n’était encore pas assez pour la cave des Vignerons des Terres Secrètes. Inscrit dans la démarche Vignerons engagés, « le projet a été initié début 2019, relate Charles Lamboley, après la visite chez l’un de nos imprimeurs par nos salariés, comme nous faisons chaque année ». Ces mêmes salariés sont interloqués par les déchets générés notamment par la dorure à chaud apposée sur les étiquettes des bouteilles de vins qui vient en contradiction avec les initiatives prises par ailleurs. « Il y a alors une prise de conscience du véritable impact que nos choix imposent à nos fournisseurs », poursuit le directeur communication et marketing.

L’idée est alors lancée de créer une cuvée « avec le moins d’impact environnemental possible » tout au long du processus.

Cinq éléments, cinq groupes

Vingt-cinq salariés issus de tous les services des deux caves associées, Vignerons des Terres Secrètes et Nuiton-Beaunoy, sont alors répartis en cinq groupes pour travailler chacun de leur côté sur les cinq éléments composant une bouteille de vin. Éléments rebaptisés pour l’occasion le contenant, l’obturateur, l’habillage, la capsule, l’emballage « pour ne fermer la porte à aucune possibilité et ne surtout pas fermer la réflexion ». Tous les fournisseurs sont challengés, des nouveaux sont sollicités.

Si le confinement vient jeter un peu de trouble dans la poursuite du projet, les groupes réussissent malgré tout à poursuivre leur travail.

Un travail qui débouche aujourd’hui sur cette gamme composée de cinq appellations (voir encadré). Si le contenu est la production de vin bio des deux caves , c’est tout le contenant qui est spécifique.

Des choix assumés

Déjà au premier coup d’œil, la bouteille interpelle par sa couleur cannelle et par son absence de capsule de surbouchage.

« La teinte vient du fait que le taux de calcin présent dans le verre est plus important, explique le directeur marketing, un taux qui augmente au fur et à mesure des recyclages du verre ». Cet aspect a permis de faire baisser le bilan carbone de la fabrication des bouteilles. Pour la partie obturateur, la cave a opté « pour un bouchon en liège naturel pleine fleur, produit dans les Pyrénées-Orientales ». Chaque bouchon arbore un message pédagogique, vantant notamment les vertus du chêne-liège français. Il y a en tout quatre messages différents. Sur le dessus du bouchon, c’est le logo Vignerons engagés qui apparaît « puisque la démarche va au-delà du bio », souligne Charles Lamboley.

Pour l’habillage, pas de contre-étiquette : on se retrouve avec une étiquette en continu « pour optimiser le papier chez l’imprimeur et réduire là encore les déchets ». Le papier est biosourcé (issu de déchets de canne à sucre et de fibres de lin et de chanvre), adhésif, « puisqu’une filière de recyclage des glassines existe », avec une colle à base aqueuse. L’encre est constituée de pigments naturels. Et donc aucun élément doré sur cette étiquette…

Pour l’emballage, les bouteilles se retrouvent dans un carton kraft recyclé et compostable, avec des poignées préformées intégrées - « pour faciliter le transport et inciter à réutiliser le carton ».

L’absence de capsule de surbouchage s’explique très simplement : « tout ce qui existe actuellement sur le marché est énergivore et non recyclable, cela reste un déchet important. Nous avons donc choisi de ne pas en mettre », argumente Charles Lamboley. Une décision qui n’a cependant pas été si simple que cela à prendre car « en interne, 80 % des interrogés estimaient qu’elle était indispensable ». Le même sondage informel réalisé auprès des clients a révélé l’exact contraire, « 80 % de nos clients n’ont pas jugé son absence problématique ».

Il reste à préciser que cette gamme est réservée à la vente directe au caveau, au secteur traditionnel français et à l’export, donc « au réseau de distribution assistée », là où le client bénéficie d’un accompagnement, de conseils et d’explications de la part de vendeur. Car il y a vraiment toute une histoire à raconter au-delà du cépage et des terroirs.

Quantifiés

La cave a poussé la réflexion jusqu’à faire analyser le processus de fabrication pour connaître l’impact environnemental réel des différents matériaux. « Il en ressort par exemple une baisse de près d’un tiers de production de gaz à effet de serre comparé à une bouteille traditionnelle, une baisse de la consommation d’énergie estimée à -22 %, d’acidification de l’air à -26 % », détaillent les caves.

Des éléments pour certains déjà utilisés sur d’autres gammes, d’autres sans doute adoptés par la suite.

Quant au coût de production, malgré un poids de bouteille moindre et une absence de capsule et de contre-étiquette, cela ne se traduit pas au final par des économies, le bouchon en liège notamment venant grever ce bilan-là.

La gamme en détail
Le nom Cerço « reprend l’idée du cerceau, pour évoquer l’économie solidaire, le recyclage, la coopération, explique Charles Lamboley, le logo stylisé, reprend cette idée de cercle, évoque la terre, le côté rassurant ». Un logo validé, lui aussi, aussi bien par les salariés que par les vignerons.

La gamme en détail

Cerço, ce sont cinq appellations proposées par l’Union des vignerons associés des Monts de Bourgogne. Les Terres Secrètes produisent un mâcon-villages et un saint-véran ; Nuiton-Beaunoy propose de son côté un bourgogne aligoté et des bourgogne haute-côte de Beaune, un blanc et un rouge .

Douze vignerons sont actuellement engagés en Bio, ce qui représente une quarantaine d’hectares sur les deux caves. « Nous étions à 0 hectare il y a quatre ans, rappelle Charles Lamboley. Nous restons dans une optique de ne surtout pas opposer les pratiques, mais bien d’accompagner ceux qui veulent se lancer dans le Bio. Puisque c’est plus coûteux, cette gamme nous permet de valoriser spécifiquement ce travail ».

Au niveau du tarif public, la gamme de prix va de 9,50 € pour le bourgogne aligoté à 12,95 € pour le saint-véran.

Le premier millésime vendu sera le 2020, 80.000 bouteilles vont donc être mises sur le marché. La cuvée 2021 sera moitié moins importante, mais les caves se sont fixées comme objectif 250.000 bouteilles d’ici trois ans.