Production européenne de lait
Lait : une production européenne stabilisée à 153 Mt

La hausse des coûts de production, la baisse du prix du lait dans les pays du nord de l’Europe et une nouvelle diminution des effectifs de vaches laitières obèrent toute perspective de croissance de la production de lait dans le vieux continent. En France, le décrochage se poursuit.

Lait : une production européenne stabilisée à 153 Mt

C’est avec un cheptel de 19,6 millions de vaches laitières que l’Union européenne a entamé l’année 2023, selon l’Institut de l’élevage (Idele). Cet effectif est inférieur de 200.000 têtes à celui de l’année passée et de 900.000 têtes à celui de 2020. Grâce à de nouveaux gains de productivité, la production de lait se maintiendrait autour de 153 millions de tonnes (Mt) et la collecte croîtrait légèrement à 144,9 Mt (+ 0,3 % sur un an). Malgré l’accueil de près de 5 millions de réfugiés ukrainiens, la consommation européenne de produits laitiers (environ 130 Mt) sera stable. Seule la production de poudre de lait (2,134 Mt) augmentera (+3 %). Mais la consommation moyenne par Européen, en baisse l’an dernier, diminuera de nouveau en raison des prix élevés à la consommation des produits laitiers.

Aussi, l’évolution du prix du lait payé aux éleveurs européens est d’ores et déjà conditionnée par la demande mondiale d’ingrédients laitiers et par leurs débouchés à l’export. Or, pour ne pas avoir à faire face à une augmentation de ses stocks, l’Union européenne devrait exporter l’équivalent de 26,5 Mt de lait en 2023 sous forme de poudres, de beurre et de fromages vers les pays tiers, soit 1,5 Mt de plus que l’an passé. Mais au cours du second semestre de l’année passée, l’Europe était déjà fortement concurrencée par la Nouvelle-Zélande sur les marchés sud-asiatiques et chinois. Aux États-Unis, les stocks d’ingrédients ont sensiblement augmenté beurre 120.000 t, +20 % ; poudre maigre 126.000 t, + 5 %. En conséquence, les prix du lait payé dans les pays européens, où le mix-produit est très axé sur la poudre et le beurre, diminuent depuis le début de l’année.

Baisse du prix ?

La nouvelle conjoncture de prix pourrait freiner les ardeurs des éleveurs nord européens, allemands et néerlandais notamment. Toutefois, la restructuration de l’élevage laitier néerlandais, qu’impose le prochain plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre, n’est pas encore engagée. Les producteurs vont profiter, autant que possible, des prix élevés du lait. La production de lait restera dynamique, souligne l’Idele. La tendance sera identique en Allemagne. Depuis sept ans, la production allemande de lait (31 Mt) évolue peu. Mais les dix années précédentes, le pays a pleinement profité de l’ouverture des quotas laitiers engagée à partir de 2006. Près de 4 Mt supplémentaires avaient alors été produites. En Irlande, les coûts de production du lait structurellement très faibles laissent, cette année encore, beaucoup de marges aux éleveurs. Aussi, la production de lait devrait progresser à nouveau cette année de 4 % à 6 %. La hausse serait aussi sensible en Pologne (+2 %).

En Europe du sud, la production de lait se replierait légèrement. Mais en France, il est déjà acquis que la production de lait pourrait de nouveau diminuer de 1 % sur un an. Or l’an passé, seules 24 Mt de lait ont été produites, soit 0,7 % de moins qu’en 2021 et surtout 5,5 % de moins qu’en 2015. L’arrêt d’activité de nombreux éleveurs sans remplaçants expliquerait l’essentiel du repli de la collecte de lait attendu en 2023. Le cheptel pourrait baisser de 2 % environ. Mais les producteurs devraient être moins touchés par la baisse du prix du lait (déjà plus de 60 €/tonne aux Pays Bas) et le prix de la viande contribue à maintenir leurs marges à des niveaux élevés. Quel que soit le pays, ces prévisions sont susceptibles d’être revues en cours d’année en fonction de l’évolution des prix des ingrédients laitiers et des conditions climatiques.