EARL d’Enost à Sommant
L'EARL d’Enost a tout de suite dit oui aux contrats Jeunes bovins proposés par son groupement!

Marc Labille
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Adhérents Feder et naisseurs-engraisseurs de longue date, Pascale, Mathieu et Gilbert Desmorieux contractualisent leurs jeunes bovins depuis l’automne 2022. 

L'EARL d’Enost a tout de suite dit oui aux contrats Jeunes bovins proposés par son groupement!
Mathieu et Gilbert Desmorieux entourant Isabelle Goujon et Jean-Jacques Bourdais leurs techniciens à Feder.

À Sommant, l’EARL d’Enost est l’exploitation de Pascale, Mathieu et Gilbert Desmorieux. À la retraite aujourd’hui, Gilbert s’est installé en 1979 sur une ferme qui a toujours engraissé la totalité de sa production. Aujourd’hui, l’élevage compte 110-115 vêlages et produit des jeunes bovins commercialisés de mai à septembre à l’âge de 18-20 mois pour un poids moyen de 490 kg de carcasse. Les vaches de réforme sortent majoritairement en automne au terme d’un engraissement en bâtiment à partir de juillet-août pour un poids moyen de carcasse de 500 kg. Commercialisées vers trois ans, les génisses sont finies, elles aussi, en bâtiment pour un poids moyen de carcasse proche de celui des vaches.

En finir avec les chutes des cours

Adhérent Feder de longue date (auparavant Socaviac), la famille Desmorieux était habituée à commercialiser ses animaux « au cours du jour. Je venais voir les animaux quand ils étaient prêts à partir et on discutait », résume Jean-Jacques Bourdais, l’acheteur de Feder. Avec ce mode de mise en marché, Gilbert a vu le prix des babys chuter de 20 à 11 francs le kilo pendant la crise de la vache folle. Au moment de s’installer en 2015-2016, Mathieu a même hésité à poursuivre l’engraissement des mâles. Les cours étaient en effet descendus à 3,60 € le kilo et au regard « de ce que ça coûte en aliments, stock, bâtiments », le jeune éleveur avait du mal à se projeter à cinq ans avec de telles fluctuations de cours.

Deux périodes d’engagement

L’EARL s’est vu proposer son premier contrat en automne 2022 pour des jeunes bovins nés durant l’hiver 2021-2022. « Le contrat Feder comporte deux périodes d’engagement (15 octobre-15 novembre et 15 avril-15 mai) et les animaux sont engagés individuellement », présente Isabelle Goujon de Feder. « La première année, nous n’avons pas tout mis. On hésitait ; si jamais la cotation avait augmenté après la signature du contrat… », confie Mathieu. Mais l’automne dernier, les craintes des associés se sont vite dissipées : « le contrat évite la baisse et s’il y a une hausse, on en profite quand même ».

Un prix garanti dès le début

Mathieu et ses parents ont engagé 36 de leurs cinquante mâles en octobre-novembre : « les plus lourds et les meilleurs GMQ », explique Mathieu. Le reste - les plus jeunes - sera engagé en avril-mai. « Le contrat nous donne un prix garanti dès le début de la période d’engraissement », fait valoir l’éleveur qui fait état d’un écart de 5 à 10 centimes d’euros le kilo par rapport à des animaux hors contrat. Ces jeunes bovins sortiront en mai, juin, juillet et août suivant un planning de sortie établi avec Feder. Le contrat prévoit une plus-value pour les sorties aux périodes creuses. Mais l’EARL d’Enost aura du mal à en profiter pour l’instant, car elle ne vend pas ses mâles à la période la plus propice. Il lui faudrait avancer ses dates de vêlages qui se déroulent aujourd’hui entre le 15 novembre et le 10 février. Avec leurs babys plutôt lourds, la famille Desmorieux devra aussi s’adapter à la condition de poids fixée à 430 – 480 kg par le contrat.

Poursuite de l’engraissement

« La mise en place de ces contrats est historique ! », s’enthousiasme Jean-Jacques Bourdais qui reconnaît que « beaucoup d’éleveurs les lui demandaient ». Le commercial souligne aussi que le contrat permet à l’abatteur de sécuriser ses apports et au groupement l’engagement des animaux qui ne partiront pas à la concurrence. "Plus, il y aura de contrats, plus on pourra lisser nos sorties » complète Jean-Jacques Bourdais.

Grâce aux contrats, la famille Desmorieux peut poursuivre l’engraissement comme elle le fait depuis trois générations. La finition des animaux est une véritable passion dont les associés auraient eu bien du mal à se défaire. Et comme le fait remarquer Gilbert, « on ne change pas son fusil d’épaule comme cela. On a un chiffre d’affaires à assurer quand on est en système naisseur-engraisseur ». Aujourd’hui, Mathieu se dit intéressé pour contractualiser aussi ses productions de femelles, pour définitivement ne plus subir les yoyos de prix, conclut-il.

 

La mécanique d’un contrat de production

Depuis l’automne 2022, la coopérative Feder propose à ses adhérents des « contrats de production » pour les jeunes bovins et les génisses. « Conformes à la loi EGAlim, ces contrats sont destinés à sécuriser le revenu des éleveurs et leur donner une visibilité. Ils offrent aussi une sécurité à la filière avec une visibilité sur les volumes à venir pour les abatteurs. Les contrats servent aussi à orienter la production, notamment en veillant à la régularité de l’approvisionnement du marché », présente Christophe Fouilland de Feder. « La contractualisation reste volontaire et les adhérents peuvent engager tout ou partie de leur production », précise le responsable technique. Sur le principe, l’éleveur ou l’engraisseur engage ses animaux un par un et planifie, avec son technicien, une période de sortie. Il a à respecter un cahier des charges comprenant une fourchette de poids, l’âge, la conformation… La rémunération repose sur un mécanisme de sécurisation qui intègre le coût de production. Ce dernier s’appuie sur la valeur de l’indice officiel Ipampa (Indice des Prix d’Achat des Moyens de Production Agricole), intégrant une rémunération du travail de deux Smic, détaille Christophe Fouilland. Le prix payé à l’éleveur intègre aussi une part de prix de marché. « Si le marché augmente, on couvre à 80 % de la hausse et à l’inverse, on répercute 50 % de la baisse. Cela avec un seuil et un plafond », explique le responsable. Autrement dit, le contrat garantit « un prix pivot sous la forme d’un tunnel avec filet de sécurité », complète-t-il. Ces contrats ont du succès auprès des adhérents de Feder. « Cela nous a fait franchir un grand cap par rapport à ce qui se faisait avant. Ces contrats ont été acceptés par notre aval qui a consenti à payer plus cher nos adhérents. Cela s’inscrit dans notre volonté de favoriser l’engraissement », conclut Christophe Fouilland.