Gaec du Petit Chêne à Charmoy
Le Gaec du Petit Chêne produit des « broutards d’excellence »

Marc Labille
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Sandrine et Franck Vernay du Gaec du Petit Chêne sont parmi les tout premiers éleveurs à fournir des animaux pour la filière Broutards d’Excellence ELVEA B2E. Pour le couple, le cahier des charges n’est pas une contrainte dans la mesure où il participe de la prévention sanitaire du troupeau.

Le Gaec du Petit Chêne produit des « broutards d’excellence »
Pour Franck Vernay, le cahier des charges B2E n’est pas une contrainte dans la mesure où il permet d’assainir le cheptel, de préserver la croissance des animaux, de diminuer les frais vétérinaires et de gagner du temps en soins sur les animaux.

Sandrine et Franck Vernay sont à la tête d’une exploitation de 125 vêlages charolais à Charmoy. La production est vendue maigre à des commerçants privés et le Gaec adhère à l’association Éleveurs et Acheteurs associés Elvéa 71-58. Cet élevage est resté fidèle au commerce privé et il a l’habitude d’écouler ses catégories d’animaux auprès de plusieurs négociants selon les débouchés de chacun. Ces commerçants sont eux-mêmes adhérents à Elvéa. L’association fournit chaque jeudi aux éleveurs les cours et marchés. Sandrine et Franck se servent de ces données pour défendre le prix de leurs animaux et ils pèsent toutes leurs bêtes. Les deux exploitants parlent d’une relation de confiance avec leurs acheteurs attitrés. « On ne perd plus de temps à négocier pour 10 € comme on le faisait autrefois », confie l’éleveur.

Vaccination de tous les jeunes animaux

Il y a 5 ou 6 ans, le couple s’est mis à vacciner tous ses jeunes animaux d’un an contre les maladies respiratoires. « On traînait des problèmes sanitaires respiratoires. Nous n’avons pas de bâtiment spécifique pour les jeunes, or si jamais la grippe s’installe sous le bâtiment, c’est la catastrophe sanitaire ! », confie Franck. Mâles et femelles sont donc tous vaccinés à l’approche du sevrage et de l’entrée en étable. Il s’agit d’une vaccination contre les maladies respiratoires par piqûre sous cutanée. Les associés en profitent aussi pour déparasiter leurs animaux. Les jeunes bovins sont également tondus.

Ce protocole correspondait tout à fait au cahier des charges de la filière B2E (Broutards d’Excellence Elvéa). Or l’un des acheteurs réguliers de la ferme était intéressé par ce type d’animal. Le Gaec s’est donc mis à lui fournir des jeunes mâles pour ce créneau spécifique mis en place par Elvéa.

Une plus value de 45 € par broutard

Le coût de la vaccination et du déparasitage revient à une quinzaine d’euros par broutard. Comme les animaux restent en France, ils n’ont pas besoin d’être vaccinés contre la FCO, fait valoir Franck. La filière B2E prévoit une rétribution à l’éleveur de 45 € par broutard, s’ajoutant au paiement au cours du marché. « Cela représente une plus-value de + 10 centimes d’euro par kilo vif », confie l’intéressé.

Pour le Gaec du Petit Chêne, « le protocole sanitaire de la filière B2E n’est pas une contrainte ». Bien sûr, la vaccination et le déparasitage, qui avec les sevrages s’étalent de septembre à décembre, ont des conséquences en termes de travail. Le respect du protocole vaccinal demande une bonne organisation avec des lots de vaches sur un parcellaire dispersé. Sandrine et Franck sont équipés d’un parc de contention.

Cheptel assaini, gains de croissance et de temps

Pour le Gaec, les bénéfices de la démarche compensent très largement les efforts qu’elles demandent. Sur le plan sanitaire, l’impact de la vaccination et du déparasitage est sans appel. « Durant l’hiver, on véhicule beaucoup moins de maladies vers les jeunes veaux. Le protocole assainit tout le cheptel. Et c’est plus agréable quand on n’a plus à intervenir pour des problèmes respiratoires. Et chaque maladie pulmonaire laisse des traces : performances, mortalité… La perte de croissance signifie des semaines de plus pour finir un animal », fait valoir Franck. Depuis qu’il vaccine, le Gaec est parvenu à faire chuter ses frais vétérinaires et il estime avoir économisé de nombreuses heures de surveillance… Pour parfaire la prévention, les associés administrent aussi une protection intranasale à leurs petits veaux.

Le premier lot de broutards B2E a quitté l’exploitation à l’automne 2022. Pour la saison 2023-2024, le Gaec a déjà commercialisé trois lots. Pour ce débouché français, Sandrine et Franck réservent leurs plus jolis animaux, les plus conformés. Leur poids vif doit être inférieur à 430 kg payables. Ce sont des animaux plutôt « crus » qui réaliseront de bonnes performances à l’engraissement dans un atelier français, complète David Lebeau, technicien à Elvéa 71-58.

 

 

Broutards préparés : une prestation rétribuée

« La filière Broutards d’Excellence Elvéa (B2E) répond à une demande d’engraisseurs du nord de la France », présente David Lebeau, technicien à Elvéa 71-58. « Le nord de la France est un bassin de consommation important. Dans cette région au climat humide, les engraisseurs constatent que les broutards déjà vaccinés contre les maladies respiratoires et déparasités réalisent de meilleures performances dans leurs ateliers. La présence d’animaux vaccinés a même tendance à assainir l’ensemble d’un lot ». La filière B2E a été mise en place au niveau national par Elvéa OP. Un cahier des charges a été élaboré avec les demandeurs. Les animaux doivent être préparés pour l’engraissement. Autrement dit, « ils doivent être valablement vaccinés contre les maladies pulmonaires (RSV, PI3, Pasteurella) et déparasités contre les parasites internes et externes », informe David Lebeau. Pour être conformes au cahier des charges, les broutards livrés à l’engraisseur doivent justifier d’un rappel vaccinal datant d’au moins 15 jours. « L’immunité complète n’étant atteinte qu’à partir de dix jours », précise le technicien. « On recommande de réaliser la primo-vaccination au moins dix jours avant le sevrage et la rentrée en étable. Le vaccin procure six mois d’immunité », indique David Lebeau qui ajoute que le protocole s’inscrit aussi dans la lutte contre l’antibiorésistance puisqu’en prévenant les maladies, il limite le recours aux antibiotiques. L’association Elvéa contrôle le respect du cahier des charges B2E et elle délivre une attestation pour chaque lot de broutards B2E mis en marché. Elle veille également à la bonne mise en place des animaux pour une meilleure planification des sorties pour coller aux débouchés. Le cahier des charges fixe une rétribution de 45 € par broutard « payée en pied de facture », indique le technicien. Cette rémunération, l’association y tient. « La préparation sanitaire des animaux est une vraie prestation avec des contraintes, des risques pour le naisseur. Ce travail doit être rémunéré ». À la livraison, les engraisseurs paient cette prestation 50 € par animal. 5 € reviennent à Elvéa pour assurer l’encadrement de la filière. « Nous avons des retours très positifs de la part des engraisseurs qui continuent d’être très demandeurs. La filière B2E devrait encore se développer », conclut David Lebeau.