Fabrice Sommier
L’école de la vie et du vin

Régis Gaillard
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Après avoir remporté bon nombre de distinctions et être pleinement reconnu professionnellement, Fabrice Sommier aspire désormais à croquer à pleines dents sa passion pour les vins et spiritueux. Dans un rôle nouveau de passeur de savoirs.

L’école de la vie et du vin
À cinquante ans, Fabrice Sommier entend vivre encore plus intensément sa passion.

Rarement sous les feux des projecteurs, le Berry est pourtant une terre qui cultive les talents. Car, en dehors de l’ancien présentateur télé à succès et président du PSG Michel Denisot et de l’un des monstres du cinéma français Gérard Depardieu, la ville de Châteauroux a accouché d'un autre enfant aux talents unanimement reconnus : Fabrice Sommier. À l’origine, rien ne prédestinait ce fils d’un ouvrier en fonderie et d’une mère au foyer à devenir l’un des porte-étendards de la sommellerie hexagonale. Sauf peut-être un grand-père paysan, disposant d’une exploitation en polyculture élevage, qui l’initie aux produits du terroir. « Il faisait un vin pour sa consommation personnelle. J’ai goûté avec lui mon premier vin à tout juste vingt-trois mois ».

Le plus beau métier du monde

Passionné et curieux de tout, Fabrice Sommier a une réelle appétence pour le domaine de la restauration. Un attrait pour les bonnes choses qu’il développe en compagnie de son grand-oncle avec qui il va régulièrement manger au restaurant. « Ce n’étaient pas forcément de grandes tables mais des lieux où l’on mangeait bien. Et nos repas étaient toujours arrosés d’une bonne bouteille de vin ». Attiré par cet univers, le jeune Fabrice n’hésite pas à aller trainer dans les cuisines d’un restaurant proche de chez lui. Au fil du temps, les liens se créent. Et Fabrice de faire ici du service, là de passer derrière le bar. Le virus est attrapé par celui qui aspire à devenir cuisinier. Place alors, à 16 ans, à un apprentissage dans une maison de qualité : Le bœuf couronné. Puis direction Le Moulin Noyé à Glenic dans la Creuse.

Alors qu’il poursuit ses études en CFA pour passer son CAP, un enseignant lui offre un livre dédié au vin. C’est une véritable révélation. Il enchaîne avec d’autres ouvrages. C’est dans le cadre de son établissement scolaire qu’il fera la connaissance de Jean Bardet, célèbre chef étoilé, avec qui il discute et noue un lien d’amitié. Afin d’étancher sa soif de savoir, Fabrice Sommier passe une mention complémentaire en sommellerie. Mais pour apprendre, il estime non seulement qu’il faut voyager mais aussi échanger avec les meilleurs. C’est ainsi qu’il part en Alsace à la rencontre de Serge Dubs, meilleur sommelier du monde.

Rive droite rive gauche

À son retour de service militaire, Fabrice Sommier devient chef sommelier au Relais de Bracieux. « Ce furent trois années très agréables ». Puis direction la capitale dès 1995 pour cinq années extrêmement riches. En travaillant notamment pour l’ex-speakerine Denise Fabre. Mais aussi au Petit Riche, spécialisé en vins de la Loire. Après Paris, Fabrice Sommier travaille quelques mois chez Bernard Loiseau. Un passage écourté par la proposition de Georges Blanc qui souhaite lui confier le poste de chef sommelier. C’est une véritable tranche de vie qu’il passera du côté de Vonnas puisqu’il y restera jusqu’au mois de janvier 2021. Une maison qu’il choisit de quitter alors qu’il occupe le poste de directeur du groupe Georges Blanc. Entre temps, il remporte le titre de MOF en sommellerie en 2007, de master of Port en 2010 et de meilleur accord cigare-vin en 2013 et 2014. « Je me suis éclaté dans tout ce que j’ai fait. Mais, à cinquante ans, je me suis interrogé sur ce que je souhaitais faire. J’avais envie de revenir à des choses qui me faisaient réellement vibrer, de retrouver une flamme intérieure ».

L’an 01

Le premier confinement sera l’occasion d’une véritable introspection : « j'avais cette envie de transmettre ». Et de se souvenir qu’il avait remporté en 2017 le trophée Gosset Celebris récompensant la meilleure initiative gastronomique de l’année. Il avait en effet créé pour l’occasion des ateliers à destination des enfants en mettant en exergue l’accord mets-jus de fruits. « Ce confinement m’a permis d’affiner mon projet tout en poursuivant, en parallèle, mon activité de conseil. J’habitais Mâcon depuis deux ans ». Pleinement soutenu par le Crédit Agricole, Fabrice Sommier franchit non pas le Rubicon mais la Saône pour créer sa Wine school. Avec un début d’aventure le 15 mars dernier et un tout premier atelier la semaine suivante.

La Wine school mode d’emploi
Cette belle demeure est le point de départ d’une belle aventure pour Fabrice Sommier.

La Wine school mode d’emploi

C’est dans une maison de maître du 19e siècle que Fabrice Sommier accueille, à Mâcon, le public à l’occasion de la trentaine d’ateliers qu’il a imaginé. L’idéal, au troisième étage de cette bâtisse dominant la ville et d’où l’on aperçoit les Roches de Solutré et Vergisson ainsi que la chaine des Alpes, pour apprendre à connaître les vins et spiritueux. Et ce, en mettant en avant non seulement les quatorze régions viticoles hexagonales mais aussi les productions des cinq continents. Sans oublier les sept familles de spiritueux. Pendant deux à trois heures, les stagiaires, grands et petits, profitent des explications de Fabrice Sommier tout en dégustant différentes productions (et des jus de fruits pour les plus jeunes). Un lieu qui sera prochainement ouvert aux entreprises, aux professionnels et aux réceptions lors de soirées thématiques. Quant au taxi anglais stationné devant la maison, il permettra de proposer des visites dans le proche vignoble.