ALTERNATIVE
Le retour de la traction animale

Technique d’autrefois, la traction animale est remise au goût du jour, tant sur les exploitations agricoles de la région que dans les villes. L’utilisation de l’attelage de chevaux ou d’ânes dans les travaux du quotidien apporte une solution nouvelle aux enjeux environnementaux.

Le retour de la traction animale
À Saint-Gervais-sur-Roubion, Denis Arnaud prépare ici, avec sa jument de race comtoise, une petite surface destinée à accueillir une plantation de géranium rosat.

Créé en 2013, le réseau professionnel Auvergne-Rhône-Alpes de traction animale a vu le jour à la suite d’une demande de l’ancienne Région Rhône-Alpes de dresser un état des lieux des professionnels exerçant en traction animale. « L’association a pour mission de promouvoir la traction animale auprès des collectivités et des particuliers, de mettre en commun les savoir-faire de chacun pour améliorer les pratiques en partageant autour des techniques et outils disponibles, et d’œuvrer auprès des différentes institutions et administrations afin de faire reconnaître le réseau. C’est un vaste chantier qui n’en est qu’à ses balbutiements », explique Denis Beaumelle, co-président du réseau. Le réseau professionnel régional souhaite avant tout se défaire de l’image folklorique que représente la traction animale dans la tête des gens. « Il y a encore trois ou quatre ans, nous entendions certaines personnes dire que nous n’allions tout de même pas revenir au Moyen Âge. Aujourd’hui, nous ressentons moins ce regard passéiste, goguenard », se satisfait Denis Beaumelle. Le réseau s’attache donc à coller à la modernité et propose l’utilisation du cheval de trait comme une énergie renouvelable dans le cadre du réchauffement climatique. « C’est une solution et une proposition économiquement viable. D’autant plus que sans la traction animale, certaines des neuf races de chevaux de trait en France auraient aujourd’hui disparu », poursuit le co-président.

Une nouvelle solution pour l’agriculture

De nos jours, la traction animale a fait ses preuves dans différentes activités économiques liées à l’agriculture, comme le maraîchage ou encore le débardage. « L’utilisation du cheval de trait pour le travail dans les vignes est la plus en vogue. La traction animale a toute sa place dans le milieu agricole, même s’il est certain que nous ne reverrons pas revenir le cheval à la place du tracteur pour les
labours 
».  À Saint-Gervais-sur-Roubion, dans la Drôme, Denis Arnaud utilise la traction animale sur son exploitation spécialisée en maraîchage et en plantes aromatiques et médicinales depuis près de vingt ans. Auparavant à la tête d’un centre équestre, c’est tout naturellement qu’il s’est tourné vers l’utilisation des chevaux de trait pour le travail de ses parcelles, en se dotant de vieux outils récupérés dans les fermes du secteur. « Il faut être honnête : la traction animale est pertinente pour certains travaux comme l’entretien du sol mais pas du tout pour d’autres comme la préparation du sol notamment ». L’agriculteur encourage toutefois ceux qui souhaitent franchir le pas de la traction animale à accorder une attention toute particulière à la formation. « Il y a beaucoup d’échecs dus au manque de connaissances, et notamment dans le choix du cheval. Par exemple, des races ne s’adaptent pas au climat de certaines régions », explique-t-il. Titulaire du galop 7 et du diplôme de meneur en tourisme équestre, Denis Arnaud s’est ensuite formé aux côtés d’anciens paysans. Et par la suite, il a lui-même accueilli des sessions de formations de l’association pour le développement de l’emploi agricole et rural (Adear) au sein même de son exploitation, pour transmettre son savoir.

Le cheval au coeur des villes

Par ailleurs, depuis quelques années, les collectivités locales s’intéressent également aux chevaux de trait. « La traction animale est en train de percer dans les villes. Nous ressentons une réelle envie sociétale de revoir du vivant au cœur des centres urbains », indique Denis Beaumelle. Ainsi, certaines communes pratiquent la traction pour des tâches bien précises : arrosage, collecte des déchets, ramassage scolaire, etc. « C’est une utilisation de plus en plus demandée, qui est possible grâce au développement d’inventions et de nouveaux matériels modernes et ergonomiques, adaptés aux chevaux et faciles d’utilisation », conclut Denis Beaumelle. La traction animale, bien que souvent rattachée aux pratiques d’antan, semble bien renaître de ses cendres et apporter une nouvelle réponse aux attentes sociétales.

Amandine Priolet