Lycées agricoles
Une reprise loin d’être simple

Régis Gaillard
-

Après l’arrêt brutal des cours du fait de la survenue du Covid-19, Agro-Bio Campus Davayé et l’Eplefpa de Fontaines rouvrent leurs portes avec un maximum de sécurité. Et ce, malgré la complexité évidente d’un fonctionnement complètement inédit qui pourrait avoir valeur de test grandeur nature avant la reprise de septembre prochain.

Une reprise loin d’être simple

Ils étaient 265 lors de la dernière rentrée scolaire de septembre à Davayé. Leur nombre a atteint une quarantaine le 8 juin dernier. Entre temps est survenu un véritable tsunami pour la société française dans son ensemble et l’enseignement agricole en particulier. Lorsque les cours cessent à la mi-mars, le flou le plus complet règne quant à la fin du confinement et le retour dans les établissements scolaires. Au fil du temps, les conditions de reprise se sont précisées, étape par étape.

Premier retour le 11 mai

Le 11 mai dernier, Agro-Bio Campus Davayé a accueilli ses premiers apprenants. C’est du côté du CFPPA que cela s’est déroulé en présence d’adultes. « C’était un enjeu très important pour ces personnes, précise Jean-Philippe Lachaize, directeur d’Agro-Bio Campus Davayé. Cela s’est déroulé dans des conditions très précises, dans de très grandes salles, avec un maximum de douze personnes. C’était un impératif pour ces personnes de valider leur formation ».

Il aura fallu attendre un mois supplémentaire pour voir les élèves du lycée Lucie Aubrac réintégrer les locaux à Davayé. Avec, là aussi, des conditions d’accès et de sécurité très strictes. Ainsi, dès la semaine précédente, il y a eu une grande opération de nettoyage et de désinfection des locaux. Et ce, afin d’accueillir dans les conditions optimales une quarantaine d’élèves. Une minorité d’apprenants car la moitié des effectifs totaux de l’établissement est en stage. Par ailleurs, les élèves de classes de terminale n’avaient pas obligation de revenir étant donné que l’attribution du bac s'est fait sur la base du contrôle continu. Dès lors, seules les classes de troisième, de seconde et de première générales étaient directement concernées par un retour à Davayé. Sans oublier les élèves de moins de seize ans qui ne peuvent aller en stage et ceux qui n’ont pas trouvé de stage. Soit un total d’environ 80 élèves potentiellement concernés. Alors qu’une quarantaine était de retour lundi, le reste des élèves a pu profiter des cours envoyés via Internet par les enseignants.

Principe de la marche en avant

Pour celles et ceux qui sont de retour à Davayé, les classes n’accueillent pas plus de douze élèves simultanément dans des locaux destinés habituellement à trente. L’idée est avant tout de proposer un accompagnement et d’effectuer un vrai soutien à des apprenants qui en ont besoin. Avec, toutefois, un maximum de 6h de cours par jour. Par ailleurs, un sens de circulation a été mis en place au sein de l’établissement. Côté internat, un maximum de trente élèves est attendu avec une personne par chambre. Pour ce qui est du self, il ne pourra accueillir que 40 personnes simultanément avec des plateaux préparés à l’avance. « Dans tous les cas, nous avons appliqué le principe de la marche en avant. Il y a également le port du masque et l’utilisation du gel hydro-alcoolique ». Pour ce qui est du personnel, un soin tout particulier a été apporté aux échanges et aux réunions pédagogiques. Des enseignants qui ne pourront s’appuyer sur l’exploitation du lycée qui ne sert pas, pour l’instant, de support pédagogique.

Quant à l’avenir et une possible résurgence du Covid-19 à l’automne prochain, Jean-Philippe Lachaize demeure très prudent dans ses propos. Il s’appuie sur la communication officielle qui préconiserait, alors, de devoir vivre avec, nécessitant encore plus de précautions sanitaires.

Répétition générale

Directeur de l’Eplefpa de Fontaines, Pierre Botheron est confronté aux même difficultés. « La première semaine de juin a été consacrée à la préparation de la rentrée ». Avec l’accueil des élèves des classes de première, le lundi 8 juin. Puis de nouveau des élèves de classes de première la semaine suivante et de seconde générale la troisième semaine. Quant aux élèves de seconde pro, ils sont actuellement en stage. « Notre capacité d’accueil est d’une centaine d’élèves contre environ 500 habituellement ». Avec de nombreuses contraintes liées à la distanciation. Ainsi, il n’y a qu’un élève par chambre en internat contre quatre ou six précédemment. Ce qui n’est pas sans poser problème. « Il faut savoir que nous avons environ 90 % de nos élèves qui sont internes ». Côté restauration, des îlots de 15 élèves maximum ont été créés avec des plateaux préparés à l’avance. À noter toutefois que les élèves présents pourront avoir, dans des conditions extrêmement précises, accès à l’exploitation du lycée.

Lorsque l’on évoque la prochaine rentrée de septembre et la possible résurgence du Covid-19, Pierre Botheron estime que la période actuelle est un bon moyen de tester les procédures sanitaires et leur efficacité. Des procédures qui pourront être modifiées et/ou complétées si elles ne donnent pas satisfaction. « Nous réfléchissons également à mettre en place de l’alternance ».

Des formations très recherchées à Davayé

Dans l’optique de former des apprenants répondant au mieux au marché du travail, Agro-Bio Campus Davayé poursuit dans la voie tracée depuis plusieurs années. À l’image, par exemple, de son bac pro CGEA option vigne et vin. « La viticulture a besoin de beaucoup de main d’œuvre qu’elle ne trouve pas forcément, rappelle Jean-Philippe Lachaize. C’est pour cela qu’il faut notamment séduire des jeunes dont les parents ne sont pas issus du milieu viticole. Et leur dire que l’on trouve très facilement du travail lorsque l’on est formé. En outre, nos élèves pourront profiter d’une option tractoriste ». Au-delà de leur bac, ils pourront ainsi valider leur CS de conduite de tracteur viticole.

Pour ce qui est de la toute nouvelle plateforme Viticonduite, elle est désormais prête à accueillir ses premiers apprenants. Une quinzaine de places sont disponibles pour une formation qui va s’étaler de novembre 2020 à mai 2021. L’une des forces est de s’appuyer sur un partenariat noué avec des concessionnaires constructeurs et distributeurs régionaux pour la fourniture de matériel à destination des élèves. Cette formation de 560 h (dont 400 h de pratique) permettra de maîtriser aussi bien la conduite et l’entretien d’engins viticoles, d’enjambeurs, de chariots élévateur et de chenillettes que l’entretien des sols et la pulvérisation. Tendant à répondre à un réel manque de main d’œuvre qualifiée, elle est aussi bien destinée aux exploitants qui souhaiteraient se perfectionner qu’à des salariés, actuels ou futurs, des étudiants ou encore des personnes en reconversion professionnelle.

Naissance d’un BP responsable d’entreprise viticole à Fontaines

Faisant suite à la volonté du Conseil régional de mettre en place une telle formation, un BP responsable d’entreprise viticole va voir le jour d’ici quelques semaines à Fontaines au sein du CFPPA afin de répondre à un vrai besoin dans le bassin chalonnais. Une formation qui s’adresse aux demandeurs d’emplois souhaitant notamment se reconvertir dans l’univers viticole. Initialement programmée début septembre, la rentrée devrait être avancée au mois d’août afin que les apprenants puissent participer aux vendanges. Une formation qui va s’étaler sur 10 mois et se terminer en juin 2021. Les apprenants pourront alors profiter de 30 semaines de cours et de 10 semaines de stage en entreprise. Alors que le nombre de places sera de douze lors de cette première année, l’une des particularités de ce BP est de voir collaborer les formateurs issus de deux établissements. Alors que les matières générales seront enseignées par les formateurs de Fontaines, les matières liées à la technique viticole seront dispensées par les formateurs de Davayé.