Vincent Lecarme
Le sacerdoce de la médecine rurale

Régis Gaillard
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Quels que soient les territoires ruraux, l’une des problématiques pour leurs habitants est un sentiment d’abandon. Avec la perte de bon nombre de services publics. Et, de plus en plus, la raréfaction des médecins. Des docteurs qui soignent non seulement les corps mais aussi les âmes à l’image de Vincent Lecarme qui a consacré sa vie à ses patients.

Le sacerdoce de la médecine rurale
Ce livre est publié aux éditions Glénat au prix de 19,95€.

La récente crise liée au Covid-19 a prouvé, si besoin était, combien il fait bon vivre à la campagne. Pourtant, depuis des décennies, le monde rural se trouve sinon méprisé du moins lentement abandonné. Ici avec la fermeture de la Poste et/ou de l’agence bancaire, là avec la disparition du café ou du dernier petit commerce. Les médecins ne font pas exception à la règle. Une profession de plus en plus féminisée, plus encline à vivre dans le confort de la ville avec toutes ses commodités qu’en pleine nature, sans guère de services.

Lanslevillard terre d’accueil

Pourtant, il est des hommes qui vont à contre-courant. À l’image de Vincent Lecarme. Pourtant natif de Grenoble, il choisit non seulement d’aller exercer sa profession de médecin dans le milieu rural mais, en plus, à la montagne, en Haute-Maurienne. Avec toutes les difficultés et l’isolement que cela suppose. À l’image de certains hommes d’Église, il vit un véritable sacerdoce, y laissant sans aucun doute une partie de sa santé. Un parcours parsemé d’anecdotes qu’il retrace dans son livre Sentiers de vie, avec une multitude de petites histoires. Certaines très drôles comme ce « moniteur qui pue des pieds de façon inimaginable » ou cette femme qui, lors de chaque consultation, ne cesse de dire « J’suis foutue ». D’autres plus poignantes, comme ces naissances dont certaines sont aussi soudaines qu’inattendues, y compris pour la mère. Des petits morceaux de vie qui sont des instantanés du monde qui l’entoure, notamment agricole. Il y a aussi des drames avec, bien évidemment, des morts. Par accident. Voire du fait de meurtres ! Mobilisable nuit et jour, Vincent Lecarme se donne corps et âme à ses patients. Pas toujours attachants à l’image de cette touriste parisienne, particulièrement méprisante. Il y a aussi ces hommes et femmes souffrant parfois de graves pathologies entre alcoolisme, violence et maladies mentales. Un don de soi qui vaudra à Vincent Lecarme plusieurs graves soucis de santé qui ne l’empêcheront pas de mener à bien sa mission, lui qui était disponible pour les petits riens comme pour le pire.