Les brèves du 5 juin 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 5 juin 2023

Les brèves du 5 juin 2023

Plan loup : la simplification des tirs en passe d’être « acquise », selon la FNO

Dans le cadre du prochain Plan loup, la simplification des tirs de défense est en passe d’être « acquise », indique Claude Font, élu référent sur le dossier pour la FNO (éleveurs d’ovins, FNSEA) à Agra Presse le 2 juin. Cette annonce a été faite par Jean-Paul Celet, préfet référent sur la politique du loup, lors des Assises de la prédation du Caf loup. Tous les arbitrages du Plan loup « ne sont pas faits », prévient toutefois le préfet, cité par l’AFP, alors qu’un nouvel arrêté est attendu dans les prochains mois. Le Caf loup souhaite fusionner les actuels tirs de défense simple et de défense renforcée, donnant accès pour les éleveurs ayant mis en place des mesures de protection à des tirs pratiqués par cinq tireurs (avec lunette de visée nocturne), dès la première prédation et avec une validité de cinq ans. Si le principe semble acquis, « le diable se cache dans les détails », prévient Claude Font, car « le nombre de tireurs n’est pas garanti ». Organisées les 1er et 2 juin à Chorges (Hautes-Alpes), les Assises de la prédation ont rassemblé des éleveurs de 53 départements. Invitée pour conclure les travaux, la secrétaire d’État à l’Écologie Bérangère Couillard n’a pas fait le déplacement. Une absence « mal perçue », déplore Claude Font.

 

Influenza : le virus est devenu plus infectieux depuis mi-2021 (chercheurs)

Si le risque du virus H5N1 pour l’humain reste faible, le nombre croissant de cas parmi les mammifères est jugé préoccupant, selon des spécialistes interrogés par l’AFP. « Quelque chose s’est passé » mi-2021 qui l’a rendu beaucoup plus infectieux, selon Richard Webby, spécialiste des pathologies aviaires de l’OMS. Dans une étude publiée cette semaine dans la revue Nature Communications, il a notamment infecté un furet avec l’une des nouvelles souches de grippe aviaire, y trouvant une quantité « énorme » et inattendue de virus dans son cerveau, traduction d’une maladie plus grave qu’avec les souches précédentes, a-t-il dit à l’AFP. La détection de la maladie chez un nombre croissant de mammifères, dont des espèces nouvelles, est « un signe vraiment préoccupant », selon Richard Webby. La semaine dernière, le Chili a annoncé que près de 9.000 lions de mer, manchots, loutres, marsouins et dauphins sont morts de la grippe aviaire sur sa côte nord depuis début 2023. La plupart auraient contracté le virus en mangeant des oiseaux infectés. « Les récentes transmissions à des mammifères doivent être surveillées de près », a prévenu en février le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

 

Pesticides : lancement d’une commission d’enquête par les députés socialistes

Les députés du groupe Socialistes et apparentés ont annoncé le 2 juin la création d’une commission d’enquête parlementaire pour rechercher « les causes de l’incapacité de la France à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des [effets] des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale », rapporte un communiqué de presse. Emmenés par Dominique Potier (Meurthe-et-Moselle), les parlementaires socialistes disent observer « depuis bientôt une décennie, une incapacité de la France à incarner […] un programme efficient, en témoigne l’absence d’anticipation et d’accompagnement de la filière betterave sucrière, à la suite de l’interdiction de l’usage des néonicotinoïdes » en 2018. Il s’agira également d’évaluer « les conditions de l’indépendance des autorités publiques chargées de la sécurité sanitaire », précise la proposition de résolution déposée à l’Assemblée nationale. « Adoptée le 16 mai au Sénat, [la PPL Ferme France] autorise le ministre de l’Agriculture à passer outre les décisions de l’Anses. Il s’agirait d’un recul sans précédent pour notre sécurité sanitaire et l’indépendance de l’expertise scientifique », précisent les députés.

 

Agressions sexuelles : une viticultrice féministe condamnée pour avoir diffamé un confrère

Une viticultrice, fondatrice de l’association féministe Paye ton pinard, a été déclarée coupable de diffamation, le 2 juin par le tribunal judiciaire de Bourges, après la plainte d’un vigneron l’accusant d’avoir relayé des propos l’accusant d’agressions sexuelles. Isabelle Perraud, dont l’association ambitionne de « dénoncer le harcèlement et le sexisme dans le monde du vin », a en outre été condamnée à verser près de 30.000 euros de dommages et intérêts à son confrère. Dans son jugement, initialement prévu pour le 8 juin, le tribunal a estimé qu'« il s’agit donc d’allégations publiques portant sur la commission d’une infraction pénale, donc, susceptibles de porter atteinte à l’honneur et à la considération de la personne de M. Riffault ». Le tribunal a toutefois reconnu qu'« aucun élément du dossier ne permet de penser que Mme Perraud a agi dans un but autre que celui de son combat féministe ». La plainte, qui visait deux publications sur Instagram avait été déposée durant l’été 2022 par une figure du vin naturel, Sébastien Riffault. Les publications en question reprenaient des posts faisant état de violences sexistes et sexuelles reprochées au viticulteur par des femmes travaillant dans la filière. Des accusations que le viticulteur basé dans le Sancerrois conteste.

 

Nutrition/Santé : le Haut conseil de la santé publique rend son avis sur la Snanc

Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a rendu public, le 2 juin, son avis dans le cadre de l’élaboration de la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc). Il recommande d’abord « le renforcement des politiques portant sur l’amélioration de l’environnement nutritionnel ». Le choix « le plus simple », en termes d’accessibilité et de prix, doit aussi être « le plus favorable à la santé », plaident les contributeurs. La deuxième priorité identifiée est celle de « la sécurité alimentaire » et de la réduction des inégalités sociales, en soutenant des initiatives locales tels que les chèques alimentaires notamment. En troisième lieu, le HCSP plaide pour « la convergence ou du moins une articulation plus forte » entre toutes les dimensions liées à l’alimentation (agriculture, environnement, santé…) dans les politiques publiques, via la SNANC. La contribution du HCSP s’intéresse enfin à la gouvernance de cette stratégie nationale, pointant l’articulation « illisible » entre les « multiples plans et stratégies » déployés ces dernières années. Elle recommande un pilotage interministériel appuyé par « une expertise scientifique collective » exempte de tout conflit d’intérêt. En conclusion, le HCSP regrette que ces objectifs ne soient pas inscrits dans une loi. « L’outil utilisé semble peu à la hauteur de l’importance des enjeux soulevés », tranche-t-il.

 

Maïs OGM : Washington franchit une nouvelle étape dans son litige avec le Mexique

Washington est passé le 2 juin à l’étape supérieure dans son contentieux commercial avec le Mexique sur les produits agricoles transgéniques, notamment le maïs dont Mexico veut interdire l’importation pour l’alimentation humaine, le grain étant présent dans les tortillas. Les États-Unis « ont déposé un recours à des consultations pour règlement des différends dans le cadre de l’accord de libre-échange Etats-Unis-Canada-Mexique (AEUMC) », a indiqué la représentante américaine au Commerce (USTR) Katherine Tai dans un communiqué. Washington s’élève contre les mesures mexicaines visant la restriction en 2024 des importations de maïs transgénique (OGM). Le Mexique est le deuxième acheteur mondial de grain jaune et importe beaucoup des États-Unis où le maïs est essentiellement génétiquement modifié. Les États-Unis contestent ces mesures, jugeant qu’elles « n’ont pas de bases scientifiques » et qu’elles « menacent de perturber les exportations américaines vers le Mexique », a déclaré Mme Tai dans le communiqué de l’USTR. Le Mexique avait voté début 2021 l’interdiction progressive du maïs transgénique et du très contesté herbicide glyphosate, qui doit être effective l’année prochaine. Devant la levée de boucliers des producteurs américains, il a limité l’impact de cette décision en maintenant l’usage du maïs transgénique dans l’alimentation animale.

 

Engrais « bas carbone » : « une fausse solution » pour les Amis de la Terre

Dans un communiqué de presse du 2 juin, l’association environnementale des Amis de la Terre dit vouloir « alerter le gouvernement sur le fait que le recours aux engrais de synthèse "bas carbone" est une fausse solution, désastreuse pour le climat et la santé ». La veille, le directeur adjoint du cabinet de la ministre de la Transition énergétique, Pierre Jérémie, avait évoqué une « piste exploratoire » pour diminuer l’empreinte carbone des engrais azotés. L’idée serait notamment d’inciter à la vente d’engrais azotés fabriqués avec de l’hydrogène vert (issu des énergies renouvelables), moins émetteurs de gaz à effet de serre. « Les engrais décarbonés ne sont qu’un vaste mirage censé permettre à cette industrie polluante de perpétuer ses activités, et qui nous éloigne encore un peu plus d’une véritable transition agroécologique », estime Sarah Champagne, chargée de campagne aux Amis de la Terre. L’association environnementale demande que soit maintenu le projet de taxe sur les engrais azotés à horizon 2024, prévu par le gouvernement dans son projet initial de loi Climat en 2021. « L’épandage d’engrais de synthèse, si décarbonée que soit leur production, continuerait à être fortement émetteur de protoxyde d’azote, un gaz près de 300 fois plus réchauffant que le CO2. Par conséquent, loin d’être la solution miracle promue par l’industrie, les engrais décarbonés continueront à polluer nos sols et notre atmosphère », estiment Les Amis de la Terre.

 

Sécheresse : au Portugal, l’exécutif veut réduire l’utilisation des nappes de l’Algarve

Le gouvernement portugais a décidé de rationner l’eau dans l’est de la région de l’Algarve en proie à la sécheresse, avec l’objectif de réduire à terme l’utilisation des nappes phréatiques de 15 %, rapporte l’AFP. « Dans les barrages d’Odeleite et Beliche, l’usage de l’eau à destination de l’agriculture et des terrains de golf va être réduit de 20 % », a indiqué le ministre portugais de l’Environnement, Duarte Cordeiro, à l’issue d’une réunion de la commission de gestion de la sécheresse le 1er juin. L’exécutif portugais a également annoncé la création d’une commission dédiée aux ressources hydriques de l’Algarve, composé de membres de l’Agence portugaise de l’environnement et de la direction générale de l’Agriculture. Elle devra identifier les autorisations de prélèvement d’eau pouvant être révoquées afin de réduire de 15 % l’utilisation de l’eau provenant des nappes phréatiques de l’Algarve, a souligné Duarte Cordeiro. Selon le gouvernement, 36 % du territoire portugais se trouve actuellement en situation de sécheresse sévère ou extrême, en particulier les régions de l’Alentejo et l’Algarve, dans le sud du pays. D’après l’observatoire européen Copernicus, 91,9 % du Portugal est affecté par la sécheresse, dont 25,8 % en état d’alerte.

 

Porc/volailles : un nouveau laboratoire franco-canadien sur la nutrition animale

L’Inrae et AgroParisTech s’associent à l’université de Laval (Canada) pour créer un nouveau laboratoire de recherche sur l’alimentation des animaux monogastriques (porcs, volailles…), annonce un communiqué de l’Inrae du 2 juin. Ce Laboratoire international associé (LIA) baptisé « Nutrition des animaux d’élevage et modélisation pour des systèmes alimentaires durables » (LIA Nutri-Mod) aura pour objectif de « renforcer la dynamique de production de connaissances sur les systèmes d’alimentation des animaux monogastriques ». Et ce « dans le but d’améliorer la durabilité des élevages tant en Europe qu’au Canada ». Les chercheurs travailleront sur l’identification de « matières premières valorisables pour l’alimentation animale », explique Marie-Pierre Létourneau-Montminy, professeure à l’Université de Laval et codirectrice du LIA Nutri-Mod. Avec deux critères : ces matières premières ne devront pas entrer en concurrence avec l’alimentation humaine et leur utilisation, « depuis la production jusqu’à la valorisation des effluents » devra être durable.

 

Viandes rouges : Jean-François Guihard réélu président d’Interbev pour trois ans

Lors d’un comité directeur le 31 mai, Jean-François Guihard a été réélu président d’Interbev, a annoncé l’interprofession bétail et viandes dans un communiqué le 2 juin. Artisan-boucher à Malestroit (Morbihan), M. Guihard est aussi président de la CFBCT (boucheries, charcuteries, traiteurs). Il avait succédé à Dominique Langlois à la tête d’Interbev en décembre 2021. Pour ce nouveau mandat de trois ans, le bureau d’Interbev comprend trois vice-présidents : Patrick Bénézit (FNB, éleveurs), Dominique Truffaut (FFCB, négociants) et Bruno Colin (la Coopération agricole). Quant à Jean-Paul Bigard (Culture Viande, abatteurs), il a été réélu comme trésorier. Les présidents des commissions d’Interbev ont aussi été désignés le 31 mai : Guillaume Gauthier (FNB) aux Enjeux sociétaux, Patrick Soury (FNO, éleveurs d’ovins) à la Communication collective, Maxence Bigard (Culture Viande) au Commerce extérieur, Philippe Sellier (FNB) à la Bio et Raphaël Elnaggar (CNTF) aux Produits tripiers. Du côté des présidents de section, Gérard Chabauty, éleveur dans les Deux-Sèvres et représentant de la Coopération agricole, prend la tête de la section caprine, succédant à Franck Moreau. Les autres présidents de section ont tous été réélus.

 

Cabinet de Marc Fesneau : changement de directeur adjoint

Dans des arrêtés parus le 3 juin, le ministre de l’Agriculture a mis fin aux fonctions de sa directrice de cabinet, Urwana Querrec. Cette vétérinaire de formation avait rejoint le cabinet de Julien Denormandie en juillet 2020 comme conseillère filières animales, avant de passer directrice adjointe en septembre 2022. Elle sera remplacée par Sylvain Maestracci, conseiller en charge depuis quelques mois de la Planification écologique et de la forêt. Sylvain Maestracci avait aussi passé deux ans au cabinet de Julien Denormandie, de septembre 2020 à août 2022.