Les brèves du 5 septembre 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Les brèves du 5 septembre 2023

Les brèves du 5 septembre 2023

Loups : Bruxelles ouverte à une révision du statut de protection

La Commission européenne a annoncé le 4 septembre qu’elle était prête à présenter « une proposition visant à modifier le statut de protection du loup au sein de l’UE et à mettre à jour le cadre juridique, afin d’introduire, lorsque c’est nécessaire, davantage de flexibilité, à la lumière de l’évolution de cette espèce ». Une initiative lancée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, elle-même : « La concentration de meutes de loups dans certaines régions d’Europe est devenue un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l’homme », estime-t-elle. Les communautés locales, les scientifiques et toutes les parties intéressées sont donc invitées à soumettre, d’ici au 22 septembre 2023, des données actualisées sur les populations de loups et leurs impacts. Cette initiative a immédiatement été saluée par Marc Fesneau en marge de la réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE à Cordoue dans le sud de l’Espagne, même si celui-ci a regretté que cette décision arrive si tard. En juin, une douzaine de ministres de l’Agriculture de l’UE avaient une nouvelle fois demandé à Bruxelles de revoir les règles encadrant la gestion des populations de grands carnivores (loups et ours en premier lieu) dont le nombre a fortement augmenté au cours des dernières années. La Roumanie, à l’origine de l’initiative (soutenue notamment par la France, l’Italie, la Finlande et l’Autriche), souhaite que le statut du loup, notamment dans la directive Habitat, soit reclassé de l’annexe IV (statut de protection stricte) à l’annexe V (statut de protection simple).

 

Biodiversité : le coût des espèces envahissantes « largement sous-estimé », selon l’IPBES

Les espèces exotiques envahissantes peuvent provoquer des effets « dramatiques » voire « irréversibles » sur la biodiversité et les écosystèmes, selon un rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) présenté le 4 septembre. Elles jouent un rôle majeur dans 60 % des extinctions de plantes et d’animaux et sont la seule et unique cause de 16 % d’entre elles, indique le résumé aux décideurs approuvé par les 143 États membres de l’IPBES. Le coût économique mondial de ces espèces s’élevait à plus de 423 milliards de dollars en 2019, un chiffre « largement sous-estimé » a souligné la co-présidente Helen Roy en conférence de presse. Ce coût a par ailleurs « quadruplé à chaque décennie depuis 1970 » selon le document. Parmi les coûts identifiés, 92 % sont liés aux effets négatifs sur la qualité de la vie (santé, moyens de subsistance, sécurité de l’eau et alimentaire) sachant que la baisse de l’approvisionnement alimentaire est « de loin l’impact le plus fréquemment signalé ». Ce rapport élaboré par 86 experts fournit données et pistes d’actions (prévention, régulation et législation notamment) pour réduire l’impact des espèces invasives, conformément à l’objectif n°6 de l’accord mondial de Kunming-Montréal conclu en décembre.

 

Biodiversité : Sarah El Haïry veut renforcer la SNB sur les espèces envahissantes

La Secrétaire d’État à la biodiversité Sarah El Haïry a salué le « cadre précis et opérationnel » du rapport de l’IPBES sur les espèces envahissantes (voir plus haut), dans un communiqué le 4 septembre. « La France, dans tous ses territoires de métropole et d’outre-mer, porte une politique ambitieuse basée sur deux piliers : la prévention pour éviter l’installation de ces espèces et la remise en état des écosystèmes impactés », a-t-elle déclaré. La Secrétaire d’État souhaite néanmoins « renforcer » la Stratégie nationale biodiversité (SNB) à ce sujet, « en particulier en matière de surveillance et contrôles, et les actions au niveau local ». Pour cela, elle prévoit de rencontrer les experts « dans les prochains jours » et « l’ensemble des parties prenantes » dans « les prochaines semaines ». Lancée le 20 juillet, la concertation sur la SNB auprès du Comité national de la biodiversité doit s’achever le 20 septembre. Le 12 juillet, 264 millions d’euros (M€) supplémentaires avaient été annoncés pour la biodiversité dès 2024. La répartition suivante avait alors été proposée : « renforcer l’effectivité des aires protégées (+114 M€), d’écosystèmes (+80 M€), la protection des espèces (+18 M€), la biodiversité des milieux forestiers (+15 M€), des milieux marins (+6 M€), ou encore l’accompagnement de la restauration des sols (+6 M€) ».

 

Inflation alimentaire : le gouvernement débloque 15 M€ pour aider les Restos du cœur

La ministre des Solidarités Aurore Bergé a annoncé, le 3 septembre sur TF1, une enveloppe de 15 millions d’euros (M€) pour venir en aide aux Restos du cœur, en difficulté face à l’afflux de demandeurs et la hausse des prix de l’alimentation. Plus tôt dans la journée sur la même chaîne, le président des « Restos » Patrice Douret avait alerté sur la situation de l’association d’aide alimentaire qui passe de 140 millions de repas servis en 2022 à 170 millions cette année. « Nous allons devoir prendre des mesures très difficiles et réduire fortement le nombre de personnes que l’on va accueillir dès la prochaine campagne […] et les personnes que l’on va accueillir, nous allons devoir leur donner moins de produits », a-t-il expliqué. Sur les 15 M€ annoncés, 10 M€ étaient déjà « dans les tuyaux », a réagi sur France Info le porte-parole de l’association Yves Mérillon, le 4 septembre. Il ajoute que 35 M€ seraient nécessaires « rien que pour 2023 » et appelle le gouvernement à prendre des mesures pour « enrayer toute cette pauvreté qui augmente dans le pays ». Le cabinet d’Aurore Bergé précise à Agra Presse que 10 M€ seront attribués aux « Restos » dans le cadre du programme Mieux manger pour tous, ce qui avait été « évoqué dans les discussions avec eux, mais pas acté ». Les 5 M€ restants seront alloués via « une aide complémentaire ».

 

Aide alimentaire : LVMH fait un don de 10M€ aux « Restos », LFI promet un « plan d’urgence »

De nombreux acteurs du monde politique et économique ont répondu à l’appel à l’aide, lancé le 4 septembre à la télévision, par le président des Restos du cœur Patrice Douret. La famille Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, a annoncé, dans un communiqué du 4 septembre, faire un don de 10 millions d’euros à l’association. Du côté de la grande distribution, Carrefour et Intermarché se mobilisent. Le groupement des Mousquetaires (Intermarché/Netto) s’est d’abord engagé à ouvrir ses portes pour des jours de collecte additionnels et à donner « un million d’euros » de produits supplémentaires. Quant à Carrefour, son p.-d.g. Alexandre Bompard a déclaré sur BFMTV que l’enseigne aiderait financièrement l’association et s’attacherait à « mieux » organiser les dons et collectes. Dans la sphère politique, l’appel de Patrice Douret a été relayé par les oppositions de gauche et de droite. La présidente du groupe LFI-Nupes à l’Assemblée nationale Mathilde Panot a annoncé, le 3 septembre, sur X (ex-Twitter) qu’un « plan d’urgence alimentaire » — pour reprendre les propos du président des « Restos » — serait proposé par les députés insoumis « dans les tous prochains jours ». La députée du Val-de-Marne a adressé dans la journée du 4 septembre un courrier, qu’Agra Presse a pu consulter, à Patrice Drouet pour l’inviter à « échanger autour de [ses] propositions ».

 

Dénominations animales : le nouveau projet de décret notifié à Bruxelles (ministère)

Plus d’un an après la suspension de son précédent texte, le gouvernement a notifié à la Commission européenne un nouveau projet de décret interdisant d’utiliser des dénominations « évoquant des denrées alimentaires d’origine animale » pour nommer des produits végétaux. Dans un communiqué du 4 septembre, le ministère de l’Agriculture précise avoir transmis son texte le 23 août ; il pourra être « signé et publié trois mois » après cette date « sous réserve des éventuelles réactions » de l’exécutif européen. Le nouveau décret comprend une liste de 21 dénominations animales interdites (comme steak, filet ou jambon) qui n’était pas présente dans le précédent texte. Par ailleurs, le gouvernement prévoit « un délai d’entrée en vigueur de trois mois après sa publication pour laisser aux opérateurs le temps d’adapter leur étiquetage », ainsi que la possibilité d’écouler les stocks. Ces nouvelles dispositions répondent à la demande du Conseil d’État, qui avait annulé le précédent décret en référé en juillet 2022, critiquant son imprécision et l’insécurité juridique dans laquelle il plaçait les opérateurs. Dans une seconde décision du 12 juillet, rendue sur le fond, le Conseil d’État renvoie le dossier devant la Cour de Justice de l’UE et lui demande si un État membre peut interdire d’utiliser des dénominations animales pour désigner des produits végétaux.

 

Céréales russes : Poutine promet les livraisons gratuites pour l’Afrique « dans les prochaines semaines »

La Russie va livrer prochainement des céréales gratuites à six pays africains comme promis fin juillet lors d’un sommet Russie-Afrique, a confirmé le 4 septembre le président russe en recevant à Sotchi, dans le sud du pays, son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. « Nous sommes sur le point de conclure des accords avec six États africains auxquels nous avons l’intention de fournir gratuitement » des céréales « dans les prochaines semaines », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse. Le président russe a affirmé que la Russie était aussi prête à « assurer la logistique gratuite pour livrer ces cargaisons ». « Les négociations sont presque terminées. Les livraisons commenceront dans les prochaines semaines », a-t-il encore dit à la presse, sans préciser quels sont les pays concernés. Fin juillet, quelques jours après l’expiration de l’accord céréalier auquel Moscou avait claqué la porte, mécontente de voir les sanctions internationales perturber ses exportations d’engrais et de céréales, Vladimir Poutine avait annoncé faire un geste, sur fond d’inquiétude naissante de plusieurs pays africains.

 

Importations ukrainiennes : des ministres s’étonnent des propositions du commissaire Wojciechowski

Plusieurs ministres de l’Agriculture de l’UE, réunis du 3 au 5 septembre à Cordoue dans le sud de l’Espagne se sont étonnés des récentes propositions du commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski visant à apporter un soutien de 30/t de céréales pour aider les exportations ukrainiennes à trouver des marchés en dehors de l’UE. Une proposition mise sur la table par le commissaire sans l’appui à ce stade de l’ensemble de la Commission européenne. Les délégations s’interrogent sur la base légale sur laquelle Bruxelles pourrait s’appuyer pour faire une telle proposition. L’examen de la prolongation, au-delà du 15 septembre, des restrictions imposées aux importations de céréales ukrainiennes dans les cinq pays de l’UE limitrophes de l’Ukraine (Pologne, Roumanie, Slovaquie, Hongrie et Bulgarie) doit commencer lors de la réunion des ambassadeurs de l’Union européenne le 6 septembre. Les ministres belges et luxembourgeois ont déjà exprimé leurs réserves quant à une nouvelle prolongation de ces restrictions. Le ministre français de l’Agriculture Marc Fesneau considère que l’UE doit rester solidaire de l’Ukraine mais aussi venir en aide aux agriculteurs de l’UE touchés par l’ouverture des frontières aux produits ukrainiens. Il devrait donc présenter une proposition en faveur du secteur de la volaille lors de la réunion des ministres des Vingt-sept prévue le 18 septembre à Bruxelles.

 

Pac/jachères : Marc Fesneau pousse pour la prolongation des dérogations en 2024

Le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, a demandé le 4 septembre, en marge de la réunion informelle des ministres européens à Cordoue, en Espagne, une prorogation en 2024 des dérogations accordées à certaines règles environnementales de la Pac. Ces exemptions s’agissant des règles relatives à la rotation des cultures et à l’utilisation des terres en jachère avaient été accordées pour 2023 afin de maximiser la capacité de production de céréales, dans le contexte des craintes d’une pénurie de céréales après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Devant les eurodéputés de la commission de l’agriculture, le 31 août, le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski avait estimé que ces dérogations ne devaient pas être reconduites, car l’état du marché a changé. Pour le commissaire, l’UE « ne devrait peut-être pas augmenter la production » alors qu’il y a un excédent de céréales. Selon Marc Fesneau, soutenu par une dizaine de ses homologues, les conditions ne sont pas différentes de celles qui avaient prévalu en 2022 et 2023, sachant que la production a même diminué dans un certain nombre de pays européens. Certains pays vont avoir besoin d’importations extérieures à l’UE, a-t-il indiqué. Le sujet sera évoqué lors du prochain Conseil Agriculture, les 18 et 19 septembre à Bruxelles. « Nous allons prendre des initiatives », a promis Marc Fesneau.

 

PPA : en Italie, trois cas dans des élevages en Lombardie, premier bassin porcin

Trois foyers de peste porcine africaine (PPA) ont été détectés fin août en Lombardie (nord), les premiers dans des élevages pour cette importante région italienne de production de porcs. D’après le site Pig Progress, 130 animaux (sur un total de 166) ont été contaminés le 17 août dans un élevage près de Montebello della Bataglia. Un premier cas suivi, les 24 et 27 août, par deux autres près de Zinasco, à 16 km de là. Ces deux nouveaux foyers concernent plus d’une cinquantaine de porcs. « Aucune mesure de confinement ne peut être efficace si – comme cela s’est passé samedi [26 août] à Zinasco – une conduite irresponsable et un manque de communication empêchent une intervention dans les temps, mettant en danger le secteur porcin régional tout entier », a déclaré le conseiller régional Alessandro Beduschi à Milano Today. Depuis le début de l’année, l’Italie a dénombré sept foyers dans des élevages (sans compter les deux derniers de Zinasco). Mais c’est surtout parmi les sangliers que la maladie se répand, avec 765 cas en faune sauvage, selon la plateforme française ESA (Épidémiosurveillance en santé animale). Le plus proche de l’Hexagone a été trouvé à une cinquantaine de kilomètres de la frontière.

 

Stockage de carbone : Microsoft soutient l’altération forcée de roche sur sols agricoles

Dans une note parue en juin, le groupe américain Microsoft annonce qu’il a ajouté, à la liste des projets de stockage de carbone qu’il finance à travers le monde, deux projets d’altération forcée de roche (ERW) sur des sols agricoles (voir notre enquête sur cette technique). Le principal projet est porté par les Écossais d’Undo, pour le stockage de 4,7 Gt CO2 et pour une durée de 10 000 ans ; en mai dernier, cette start-up a levé 12 millions d’euros, tout juste un an après avoir signé son premier contrat. Plus modeste, le second projet est celui la start-up américaine Lithos pour 0,5 Gt CO2. Dans sa note, Microsoft souligne que les modèles de séquestration de carbone associés à cette technique ont encore besoin de « calibrage et de validation ». Les Américains d’Undo assurent de leur côté que des réflexions sont lancées autour d’une norme ISO encadrant cette technique. Selon une étude parue le 14 août dans la revue scientifique Earth’s Future, l’altération forcée de roche permettrait de séquestrer environ 215 Gt CO2 entre 2006 et 2080, à raison de 10 tonnes de basalte par hectare et par an sur l’ensemble des terres agricoles mondiales. Microsoft investit par ailleurs dans l’agroforesterie ou la production de biochar (voir notre enquête sur le bio-hydrogène et le biochar).

 

Enseignement agricole : stabilité du nombre d’élèves, baisse des effectifs d’apprentis

La rentrée 2023 dans l’enseignement agricole voit des effectifs stables avec 154 000 élèves (de la 4e au BTSA), mais en baisse de 8,6 % concernant le total entre 43 000 apprentis (du certificat d’aptitude professionnelle au BTSA), et 16 400 étudiants & apprentis (pour les métiers d’ingénieur agronome, vétérinaire ou paysagiste-concepteur), d’après les chiffres du ministère de l’Agriculture. Parmi les nouveautés, le parcours est simplifié pour les étudiants ou apprentis en BTSA souhaitant devenir ingénieur ou vétérinaire, avec la suppression de la classe préparatoire ATS-bio. Avant de rejoindre les écoles d’agronomie ou vétérinaires, les lauréats du concours BTSA/BTS suivront une année passerelle, dispensée dans une classe à effectif réduit au sein d’un lycée agricole. Les élèves de l’enseignement agricole toucheront une gratification lors de leurs stages, allant de 50 à 100 €/semaine. Cette rentrée sonne aussi la mise en œuvre du Pacte enseignant, annoncé par Emmanuel Macron. Les professeurs et conseillers principaux d’éducation (CPE) seront mieux payés, via notamment une rémunération supérieure à 2 000 € nets/mois pour tous les professeurs titulaires en début de carrière, une revalorisation pour les contractuels.

 

Environnement : Gilles Bloch est nommé président du musée national d’histoire naturelle

Par un décret du 1er septembre, Gilles Bloch a été nommé président du muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Il prend la suite de Bruno David pour un mandat de quatre ans, précise le MNHN dans un communiqué le 4 septembre. Polytechnicien, médecin et chercheur, Gilles Bloch était président de l’Inserm depuis 2019 jusqu’à début 2023. Il était auparavant président de l’Université Paris-Saclay, après avoir réalisé une partie de sa carrière au Commissariat à l’énergie atomique, puis dans l’administration de la recherche.

 

Produits laitiers : Anne-Sophie Carrier est la nouvelle directrice générale de Bel France

Le groupe Bel annonce, dans un communiqué du 4 septembre, l’arrivée au 1er septembre d’Anne-Sophie Carrier à la direction générale France après le départ de Béatrice de Noray, nommée au comité exécutif du groupe en tant que directrice générale adjointe en charge de la croissance. Anne-Sophie Carrier a plus de vingt ans d’expérience dans l’industrie agroalimentaire. Elle a notamment travaillé pour Mars et PepsiCo France. Elle exerçait plus récemment la fonction de directrice générale adjointe aux côtés du p.-d.g. de Daco France (fruits secs).